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Les Enfantines du bon pays de France/Légendes, chansons de filasse et de filerie, Noëls, ballades

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Légendes, Chansons de Filasse
et de Filerie, Noëls, Ballades.


Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi deux,
Dis-moi pourquoi deux ?
— Il y a deux Testaments.
Il n’y a qu’un seul Dieu.
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi trois,
Dis-moi pourquoi trois ?
— Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.


Dis-moi pourquoi quatre,
Dis-moi pourquoi quatre ?
— Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi cinq,
Dis-moi pourquoi cinq ?
— Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre evangélistes,
Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi six,
Dis-moi pourquoi six ?
— Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,
Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre évangélistes,

Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi sept,
Dis-moi pourquoi sept ?
— Il y a sept sacrements,
Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,
Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi huit,
Dis-moi pourquoi huit ?
— Il y a huit béatitudes,
Il y a sept sacrements,
Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,

Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi neuf,
Dis-moi pourquoi neuf ?
— Il y a neuf chœurs des anges,
Il y a huit béatitudes,
Il y a sept sacrements,
Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,
Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi dix,
Dis-moi pourquoi dix ?

— Il y a dix commandements,
Il y a neuf chœurs des anges,
Il y a huit béatitudes,
Il y a sept sacrements,
Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,
Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois grands patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi onze,
Dis-moi pourquoi onze ?
— Il y a onze cent mill’ vierges,
Il y a dix commandements,
Il y a neuf chœurs des anges,
Il y a huit béatitudes,
Il y a sept sacrements,
Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,
Il y a cinq livres de Moïse,

Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.

Dis-moi pourquoi douze,
Dis-moi pourquoi douze ?
— Il y a douze apôtres,
Il y a onze cent mill’ vierges,
Il y a dix commandements,
Il y a neuf chœurs des anges,
Il y a huit béatitudes,
Il y a sept sacrements,
Six urn’s de vin remplies
A Cana, en Galilée,
Il y a cinq livres de Moïse,
Il y a quatre évangélistes,
Il y a trois patriarches,
Il y a deux Testaments,
Il n’y a qu’un seul Dieu,
Il n’y a qu’un seul Dieu.


NOËL.


D’où viens-tu bergère,
D’où viens-tu ?
— Je viens de l’étable,
De m’y promener :
J’ai vu un miracle
Le soir arrivé.

Qu’as-tu vu bergère,
Qu’as-tu vu ?
— J’ai vu dans la crèche,
Un petit enfant,
Sur la paille fraîche,
Mis bien tendrement.

Rien de plus bergère,
Rien de plus ?

— Saint’ Marie, sa mère,
Qui lui fait boir’ du lait,
Saint Joseph, son père,
Qui tremble de froid.

Rien de plus bergère
Rien de plus ?
— Y a le bœuf et l’âne
Qui sont par-devant,
Avec leur haleine,
Réchauffent l’enfant.

Rien de plus bergère,
Rien de plus ?
— Y a trois petits anges
Descendus du ciel,
Chantant les louanges
Du Père éternel.

E. Gagnon. (Chansons populaires du Canada.
Québec. Desbarats, édit., 1865.)


NOËL.




Entre le bœuf et l’âne gris,
Dors, dors, dors le petit fils :
Mille Anges divins,
Mille Séraphins,
Volent à l’entour
De ce grand Dieu d’amour.

Entre les deux bras de Marie,
Dors, dors, dors le fruit de vie :
Mille Anges divins,
Mille Séraphins,
Volent à l’entour
De ce grand Dieu d’amour.

Entre les roses et les lys,
Dors, dors, dors le petit fils :
Mille Anges divins,
Mille Séraphins,
Volent à l’entour
De ce grand Dieu d’amour.

 
Entre les pastoureaux jolis,
Dors, dors, dors le petit fils :
Mille Anges divins,
Mille Séraphins,
Volent à l’entour
De ce grand Dieu d’amour.

En ce beau jour si solennel,
Dors, dors, dors l’Emmanuel :
Mille Anges divins,
Mille Séraphins,
Volent à l’entour
 De ce grand Dieu d’amour.

Entre les larmes sur la Croix,
Dors, dors, dors le Roi des Rois :
Mille Juifs mutins,
Cruels assassins,
Crachent à l’entour
De ce grand Dieu d’amour.

(Vieux Noëls. Nantes. Libaros, 1876.)


Ce Noël a des qualités bien tranchées. On ne peut l’oublier, l’ayant une fois entendu. Le lecteur n’en sera que plus frappé de l’injustice des sentiments qui se sont perpétués trop longtemps contre une race cruellement persécutée par les chrétiens. On reste quelque peu saisi en rencontrant, sous le couvert de l’amour séraphique, l’explosion, à la fois violente et habilement ménagée, de ce cri de haine.


LE NOËL DES BERGERS.


Michaut veillait,
Le soir dans sa chaumière,
Près du hameau,
Il gardait son troupeau.
Le ciel brillait
D’une vive lumière,
Il se mit à chanter :
Je vois, je vois l’étoile du berger,
Je vois, je vois l’étoile du berger.

Au bruit qu’il fit,
Le pasteur de Judée,
Tout en sursaut,
S’en va trouver Michaut :
Ah ! qu’il lui dit,
La Vierge est accouchée
A l’heure de minuit.

Voilà, voilà ce que l’Ange a prédit,
Voilà, voilà ce que l’Ange a prédit.

La Vierge était
Assise auprès la crèche,
L’âne mangeait,
Et le bœuf la chauffait ;
Joseph priait
Sans chandelle ni mèche ;
Dans son simple appareil,
Jésus, Jésus brillait comme un soleil,
Jésus, Jésus brillait comme un soleil.


LA LÉGENDE DE SAINT NICOLAS.


Il était trois petits enfants,
Qui s’en allaient glaner aux champs.
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   ?
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   ?

S’en vont un soir chez un boucher :
— Boucher, voudrais-tu nous loger ?
— Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.

Ils n’étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en p’tits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.


Saint Nicolas, au bout de sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s’en alla chez le boucher :
— Boucher, voudrais-tu me loger ?

— Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d’ la place, il n’en manque pas.
Il n’était pas sitôt entré,
Qu’il a demandé à souper.

— Voulez-vous un morceau d’jambon ?
— Je n’en veux pas, il n’est pas bon !
— Voulez-vous un morceau de veau ?
— Je n’en veux pas, il n’est pas beau !

Du p’tit salé je veux avoir,
Qu’il y a sept ans qu’est dans l’ saloir !
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s’enfuya.


— Boucher, boucher, ne t’enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn’ra.
Saint Nicolas posa trois doigts
Dessus le bord de ce saloir.

Le premier dit : J’ai bien dormi !
Le second dit : — Et moi aussi !
Et le troisième répondit :
— Je croyais être en paradis.

(Vermandois, Beauvaisis,
Saint-Nicolas-du-Port, en Lorraine.)


CHANSONS DE FILASSE.


Quand la bergère s’en va-t-aux champs,
La quenouillett’ s’en va en filant.
Elle tourne,
Elle mouille,
Elle file,
Elle coud,
Elle va,
Elle vient,
Elle appelle son chien,
Tiens, Taupin, tiens,
Tiens, tiens, tiens, Taupin !
Tiens !
Du pain.

(Poitou.)


LES AGNEAUX VONT AUX PLAINES !


Ého ! ého ! ého !
Les agneaux vont aux plaines,
Ého ! ého ! ého !
Et les loups sont aux bos.

Tant qu’aux bords des fontaines,
Ou dans les frais ruisseaux,
Les moutons baign’nt leurs laines,
Y dansent au préau.

Ého ! ého ! ého !
Les agneaux vont aux plaines,
Ého ! ého ! ého !
Et les loups sont aux bos.

Mais queuq’fois par vingtaines
Y s’éloign’nt des troupeaux,
Pour aller sous les chênes,
Qu’ri des herbag’s nouveaux.


Ého ! ého ! ého !
Les agneaux vont aux plaines,
Ého ! ého ! ého !
Et les loups sont aux bos.

Et en ombr’s lointaines,
Leurs y cach’nt leurs bourreaux ;
Malgré leurs plaintes vaines,
Les loups croq’nt les agneaux.

Ého ! ého ! ého !
Les agneaux vont aux plaines,
Ého ! ého ! ého !
Et les loups sont aux bos.

T’es mon agneau, ma reine :
Les grand’s vill’s c’est les bos ;
Par ainsi donc, Mad’leine,
N’ t’en va pas du hameau.

Ého ! ého ! ého !
Les agneaux vont aux plaines,
Ého ! ého ! ého !
Et les loups sont aux bos.


AUBÉPINE.


Aubépine, mon bien,
Je te cueille et te prends :
Si je meurs en chemin,
Sers-moi de sacrement.

(Populaire.)

Ardennes. — L’aubépine, la fleur blanche, la fleur du printemps, était vénérée dans nos campagnes. On en faisait un emblème de pureté, et on lui prêtait des vertus merveilleuses ; on en portait aussi une branche contre le tonnerre.

(Note de M. Tarbé.)


LES CHEMINS DEVRAIENT FLEURIR !


Les chemins devraient fleurir,
Tant belle épousé(e) va sortir ;
Devraient fleurir, devraient germer,
Tant belle épousé(e) va passer.

Les chemins devraient gémir,
Tant belle morte va sortir ;
Devraient gémir, devraient pleurer,
Tant belle morte va passer.

(Traduit de l’Aveugle de Cantel-Cuillé.) Jasmin, 1835.


MON DOUX JÉSUS J’Ai RENCONTRÉ.
(Ballade.)


L’autre jour en me promenant,
Mon doux Jésus j’ai rencontré.

Mon cœur volé ! vole ! vole !
Mon cœur vole vers les cieux !

M’a dit : Ma fille, qu’est-ce que vous cherchez ?
— Mon doux Jésus, j’allais vous chercher.

M’a dit : Ma fille, qu’est-ce que vous voulez ?
— Mon doux Jésus, l’humilité.

L’humilité, la charité,
Aussi la sainte chasteté :

Ce sont les dons d’amour parfait.
— M’a dit : Ma fille, vous les aurez.

Mon cœur vole ! vole ! vole !
Mon cœur vole vers les cieux !