Les Fastes (Merrill)/Nocturne

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Les FastesChez Léon Vanier (p. 22-23).
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NOCTURNE

Les ramiers assoupis sur les balustres d’or
Le long de l’eau lunaire des lagunes
S’essorent au murmure ému du vent des dunes
Vers les lointains d’un fabuleux décor.


Aux balcons des palais enguirlandés de lustres
Un friselis frileux de falbalas,
Et voilà s’effeuiller par touffes les lilas
Sur les remous des profondeurs palustres.


Les gondoles d’amour, lourdes pour ce soir-là
De girandoles et de banderolles,
Traînent l’écho mourant des molles barcarolles
Sur un doux air démodé de gala.



Puis lent comme un remords, oh ! si lent, le silence
Sur l’eau lasse où s’éplorent les lilas,
Et l’indolent élan vers les bleus au-delàs
Des souvenirs mi-morts de somnolence.