Les Fastes (Merrill)/Villanelle

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Les FastesChez Léon Vanier (p. 24-25).

VILLANELLE

À l’heure où la rosée arrose les lilas
Et l’aurore, en le lac, rosit les eaux moroses,
Quel désir de mourir émeut ton cœur si las ?


Le bal a défloré tes légers falbalas.
Et te voici rêvant aux soirs des baisers roses
À l’heure où la rosée arrose les lilas.


Pâle, et tes cheveux d’or épars en leurs longs lacs,
Quand tu veilles ainsi sur le sommeil des choses,
Quel désir de mourir émeut ton cœur si las ?


La musique n’est plus des lumineux galas
Hélas ! et l’ombre afflue au seuil des salles closes
À l’heure où la rosée arrose les lilas.



Le vent dans les roseaux résonne en morne glas :
Iras-tu dire aux eaux moroses, si tu l’oses,
Quel désir de mourir émeut ton cœur si las ?


Mais le sais-tu toi-même, amante d’au-delàs
Dont l’âme a réveillé l’âme des vieilles roses
À l’heure où la rosée arrose les lilas,

Quel désir de mourir émeut ton cœur si las ?