Les Fastes (Merrill)/Rédemption

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Les FastesChez Léon Vanier (p. 65-66).
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RÉDEMPTION

Vaguant par ces enfers dont le dôme s’exalte
En orbes d’ombre et d’or vers des cieux souterrains,
Tu frôlas de tes pas les dalles de basalte.


Au grêle cliquetis des rubis à tes reins
Tu mimas, très lente, la danse des Sibylles,
Et sous tes doigts tonna l’âme des tambourins.


Des limbes de la nuit rampèrent les reptiles
Que le seigneur Satan dompta, leurs yeux ardents
Dardant vers toi le feu des volontés hostiles.


Ta bouche rouge a bu la bave de leurs dents.
Tes mains ont caressé l’acier de leurs écailles,
Et tes seins ont saigné sous leurs crocs corrodants.



Mais las ! les torches d’or grésillent aux murailles,
Mille essors de velours palpitent par le noir,
Et les squames crispés craquent sur les rocailles.


Voici l’âcre ténèbre où n’erre nul espoir
Et le mortel remords de faillir à la rune.
— Mais tu trouvas l’issue où bleuissait le soir,

Et tu mourus de rire aux rayons de la Lune !