Les Femmes arabes en Algérie/La Polygamie et la Presse

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Société d’éditions littéraires (p. 71-72).


La Polygamie et la Presse


Cette pétition a été commentée par toute la Presse : « Maintenant, ont dit des journaux, c’est une Algérienne qui sert de renfort aux sénateurs. Elle est d’autant plus inexcusable de n’avoir rien vu qu’elle était — ayant habité Alger, Laghouat, le sud Oranais — en situation pour tout observer. »

« La polygamie est dans nos mœurs, ont affirmé certains chroniqueurs. »

Si la polygamie est dans nos mœurs, elle n’est pas dans la nature. Ainsi, la femme, qui moins sophistiquée que l’homme, touche de plus près à la nature, est absolument monogame et elle reste monogame même quand elle déchoit moralement ; la « noceuse » a toujours un ami de cœur et la prostituée de dernière catégorie pour avoir un homme à elle, prend le « souteneur. »

Loin de modérer les passions, la polygamie les excite ; l’homme polygame est encore bien plus volage que le monogame. Il a légalement l’habitude du changement.

Du reste, si la polygamie est chose si bonne, si les hommes arabes veulent continuer à avoir plusieurs femmes, la plus élémentaire égalité exige que les femmes arabes aient — comme avant Mahomet — plusieurs maris.

Les musulmans étant en Algérie beaucoup plus nombreux que les femmes c’est la polyandrie et non la polygamie qui devrait s’y pratiquer.

La polygamie pour tous et toutes, ou bien : À bas la polygamie !