Les Femmes arabes en Algérie/Les Arabes sans représentant au Parlement

La bibliothèque libre.
Société d’éditions littéraires (p. 14-17).

Les Arabes sans représentant au Parlement


Tout le monde sait que les indigènes ne sont pas représentés au Parlement. Cependant l’intérêt que les candidats ont à augmenter avec le nombre des électeurs, celui des sièges législatifs, a depuis longtemps fait proposer de leur conférer les droits civiques.

Ce sont des députés élus en France qui proposent d’accorder aux Arabes les droits de citoyens français ; d’aucuns, disent qu’au lieu de rapporter le décret Crémieux il faut appeler les indigènes à exercer leurs droits politiques et à l’aide de leur influence, contrebalancer l’excès d’influence juive.

Cette solution mettrait fin aux troubles de notre belle colonie ; car, en réalité qui est-ce qui cause les querelles entre naturalisés et Israélites ?

— C’est cette proie, l’arabe dont on se dispute l’exploitation. Si l’on faisait l’arabe égal de ses spoliateurs algériens et juifs, immédiatement ceux-ci cesseraient de se combattre.

Les naturalisés et les fonctionnaires, dont les juifs plaçaient l’argent à gros intérêt, s’étant assimilé leur méthode, n’ont maintenant plus besoin d’intermédiaires et voudraient seuls empocher les gains usuraires en Algérie.

Le plus grand péril pour la colonie, est le péril étranger. Les étrangers sont en Algérie plus maîtres que les Français. Ils accaparent le travail, les emplois et en raison de leur quantité, ils gouvernent le pays.

Puisqu’en vertu de leur supériorité numérique les naturalisés administrent la colonie, pourquoi les arabes qui représentent par leur nombre le dixième des habitants de la France n’auraient-ils pas leur place au Parlement ?

Les arabes ont en Algérie plus que personne des intérêts à sauvegarder ; ils devraient avoir au moins voix au chapitre, quand il s’agit de décider de ce qui a trait à leur pays. Or, ils n’ont pas de mandataires à la Chambre.

Leur exclusion politique en les rabaissant socialement, les écrase économiquement. Parce qu’ils ne votent pas, les arabes ne peuvent manger, leur travail étant, en raison de leur condition abjecte déprécié, non rétribué à sa valeur.

Pendant qu’ils ne voteront pas, personne ne remarquera ni la vive intelligence, ni la grandeur de caractère, qui feront des arabes francisés une élite en l’humanité.

Pour pouvoir exister individuellement et collectivement, pour être à même de défendre leur personne et leurs biens, il est indispensable que les indigènes d’Algérie soient armés du bulletin de vote.