Les Femmes poètes de la Belgique/Introduction

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Perrin et Cie, libraires-éditeurs (p. 13-26).

INTRODUCTION


L’idée initiale de ce livre date d’une époque déjà lointaine.

Lors de mon premier séjour en Belgique, en 1908, j’avais recueilli des notes concernant les principales femmes de lettres de ce pays et fait la connaissance de quelques-unes d’entre elles.

Ce début de relations stimula mon désir de révéler ou de faire mieux connaître la personnalité et l’effort de ces écrivains au public français.

Un article d’ensemble sur les poétesses belges de notre temps fut ainsi publié, dès janvier 1910, dans la revue Les Pages modernes, aujourd’hui disparue. Le jugement que je portais sur les auteurs en cause se trouva confirmé par une étude similaire que M. Léon Bocquet donna dans Le Mois littéraire et pittoresque, à la fin de la même année[1].

Quelques critiques littéraires qui, à cette époque, voulurent bien réserver à mon ouvrage Les Femmes poètes de l’Allemagne[2] un excellent accueil, m’engagèrent à étendre ces études ayant pour objet la littérature féminine aux Pays-Bas, puisque j’étais, d’autre part, en train de me documenter sur les poètes féminins de la Hollande.

Mes projets, ainsi encouragés, furent mis à exécution.

Les résultats de l’enquête menée simultanément en Belgique et en Hollande devaient paraître en un seul volume.

J’ai déjà expliqué, dans Les Femmes poètes de la Hollande[3], comment cette publication avait été retardée, d’abord à cause de son importance même et des difficultés provoquées par l’éloignement des sources de documentation, puis par la faute des multiples complications nées de la guerre… et de l’après-guerre.

J’ajouterai ici pourquoi l’ouvrage en cours dut, finalement, être présenté au public en deux tomes distincts.

L’abondance des matières en est le principal motif. J’ai vu, journellement, au cours de ma double tâche, s’étendre, s’amplifier le champ d’étude, en particulier pour la partie qui concerne les temps modernes, la plus intéressante pour nous.

De plus, malgré l’apparente similitude qui semble lier deux contrées si voisines, rapprochées encore par leur histoire, leur atmosphère, leurs coutumes, leur langage — en ce qui concerne, du moins, la partie flamande du pays belge — il existe, entre la Belgique et la Hollande, des différences essentielles, des oppositions aussi profondes que subtiles dont l’importance s’af- firme davantage à mesure qu’on les observe de plus près.

Ce que disait Eugène Fromentin, à propos de l’histoire de la peinture dans les deux pays, est également vrai pour la littérature : « La Hollande serait ici avec toutes choses et toutes gens qu’elle n’a pas connues, qu’elle a reniées, contre lesquelles elle a combattu cent ans et dont son génie, ses instincts, ses besoins, par conséquent sa destinée, devaient nettement et violemment la séparer. De Moerdrick à Dordrecht, il n’y a que la Meuse à passer : il y a tout un monde entre les deux frontières[4]. »

Toutefois, le spectateur étranger est parfois dérouté par le sentiment de fierté qui fait, en certains cas, revendiquer par les deux pays le même homme de génie… ou de talent.

Les grands peintres de l’école flamande sont traités par les Hollandais en compatriotes, de même que les historiens de la littérature néerlandaise comptent à l’actif de la Hollande, sous la classification : Zuid-Nederlandsche Letterkunde (littérature de la Hollande méridionale), le groupe flamand qui, de Willems à Frank Lateur, en passant par Hendrik Conscience, Van Duyse, Ledeganck, Van Beers, Guido Gezelle, Pol de Mont et le cercle plus jeune de Van nu en Straks, travailla, avant tout, pour la gloire du pays belge, en cherchant à créer, à garder à sa littérature un caractère national.

Il y a là une usurpation inconsciente. Pour cette raison, j’ai tenu à laisser à la Belgique ce qui, en réalité, lui appartient.

Je sais bien que le mouvement flamingant de Belgique vise, de plus en plus, à opérer une scission entre les provinces de langue française et les régions où est parlé le flamand. La Hollande, forcément, en bénéficie… Mais, elle n’est pas la seule à profiter de cette tendance. Tout ce que nous pouvons souhaiter, nous autres, Français, c’est que l’élan peut-être excessif de cette croisade ne pousse pas les esprits et les cours à franchir, plus loin que la frontière néerlandaise, la ligne de fils barbelés qui, durant la guerre, séparait la Hollande de sa rapace voisine, la Germanie, dont l’influence est souvent aussi sournoise que néfaste. Gardons notre confiance en nous rappelant, précisément, qu’en des circonstances non prévues par Fromentin, la lointaine parenté qui lie les deux peuples de Belgique et de Hollande s’est affirmée par un échange spontané d’amitié. La voix des femmes fut, plus d’une fois, l’interprète de ce sentiment.

En effet, lorsque pendant la grande guerre, les femmes belges des pays occupés lancèrent, par la voie du journal Le Temps, un Appel aux femmes des pays neutres en faveur des malheureux civils soumis au traitement des forçats, un groupe de femmes hollandaises « au nom des milliers et des milliers qui, dans leur patrie, pensaient et sentaient comme elles », proclamèrent, avec un noble élan de sincérité, « leur sympathie, leur compassion, leur révolte contre l’envahisseur qui, abusant d’une force brutale, n’a reculé devant aucun méfait pour réaliser ses rêves criminels de maîtriser le monde ».

Cette réponse disait encore : « Entre Belges et Hollandais qu’un sort cruel avait jetés ensemble, des liens d’amitié se sont noués qui dureront bien au delà de cette guerre. Quoi que s’efforcent à vous en faire croire vos ennemis, sachez que la grande, la meilleure partie des nôtres ne leur pardonnera jamais le crime commis envers vous ! ».

Ce réconfortant souvenir remis en mémoire, revenons vers la seule Belgique… C’est chez elle que nous nous trouvons ici.

À écrire ces simples mots, une émotion m’étreint le cœur…

Chez elle ! Quelle évocation ! Ah ! certes, si, comme Française, comme artiste, j’ai goûté, autrefois, un vif et inépuisable plaisir à visiter ce pays si voisin, si frère du nôtre et d’un si puissant intérêt pour les amateurs de cités archaïques, de musées merveilleux, de paysages séduisants par leur charme de mélancolie ou leur aspect de fécondité, si, devant les remparts d’Anvers, je me suis sentie fière d’être la petite-fille d’un des Français qui, jadis, aidèrent ce « brave petit peuple » à conquérir son indépendance, quel trouble profond ne dois-je pas éprouver aujourd'hui en prononçant son nom, en évoquant ses décors!...

Avoir senti palpiter le coeur médiéval du vieux Bruxelles, avoir visité la cathédrale et le Musée Plantin d'Anvers, contemplé les Memling de Bruges, erré dans les dédales patinés de Malines l'heureuse », rêvé sur les remparts de Namur au pied desquels la Sambre et la Meuse mêlent l'harmonie de leurs ondes, ou le long des dunes septentrionales — front houleux que sillonne la veine ardente de l'Yser— , s'être recueillie dans la bibliothèque de Louvain et agenouillée sur le tertre de l'Aigle, à Waterloo, tout cela n'explique-t-il pas la révolte et l'an- goisse souffertes devant la destruction possible et barbare de ces merveilles, de ces reliques et l'amertume d'avoir dû pleurer sur les ruines de la plupart d'entre elles? Nommer la Belgique, depuis 1914, n'est-ce pas aussi se souvenir qu'un jour, lorsque la France, déjà, sentait peser sur les ailes de ses drapeaux l'invasion ennemie, elle put se redresser soudain, elle se vit sauvée parce que l'élan des « masses profondes » était contenu, retardé, brisé, grâce au geste fraternel, loyal, héroïque du peuple ami qui, mettant en pratique sa généreuse devise, l'Union fait la force, sacrifiait son intérêt per- sonnel à la cause commune? VI — Et c'est pourquoi, en effet, en traçant ces lignes, je me sens étrangement troublée. Quand, la guerre finie, je quittai les tâches que le devoir patriotique m'avait fait entre- Digitized by Google ¡ prendre et revins vers les travaux littéraires délaissés durant quatre années, ce fut avec recueillement, avec piété, avec amour, que je repris celui-ci, conçu et commencé dans un temps où nul d’entre nous ne prévoyait les événements qui allaient suivre, heureuse de traduire, dans une œuvre de ma pensée, le sentiment de sympathique admiration et l’hommage personnel de ma fervente et durable gratitude pour la nation sœur qui nous a aidés à nous reprendre, à vaincre et, par conséquent, à vivre !

Obscurément, au fond de mon cœur, je dédie ce livre :

À l’Âme de la Belgique,

À ceux qui l’ont si vaillamment, si noblement incarnée :

À ses admirables souverains, d’abord, dont le peuple n’a eu qu’à suivre l’exemple pour réaliser le plus bel exploit de son histoire : Albert Ier, paladin de l’Honneur, Élisabeth de Belgique, l’intrépide et si douce infirmière, céleste apparition dans l’enfer des champs de batailles, des dunes ravagées et des citées écroulées, couple insigne planant très haut dans le domaine des entités glorieuses qu’auréole le prestige des légendes…

Aux grandes figures, dressées à leurs côtés, de son Éminence le Cardinal Mercier, du bourg- mestre Max, de Mme la Comtesse Henry Carton de Wiart… Aux combattants dont le courage crût avec les difficultés de leur tâche… Aux infirmières entre les mains de qui tant des nôtres rendirent le dernier soupir…

Aux victimes civiles des villes et des villages martyrs où tant d’agonies sublimes resteront à jamais ignorées, et, en particulier, à Celle qui, au milieu de cette sanglante théorie se dresse, dans toute l’attendrissante beauté de sa jeunesse, de sa pureté, de sa vaillance avec le titre d’héroïne nationale, Gabrielle Petit, l’humble employée de Tournai, exécutée à 22 ans, le 1er avril 1916, pour avoir rendu d’inoubliables services à sa patrie et tenu tête aux Allemands qui la proclamèrent « leur grande fusillée ». Plus tard, un autre hommage plus digne d’elle, celui de son pays, lui fut rendu, au cours duquel la reine elle-même épingla sur le cercueil de la martyre la croix de Chevalier de l’ordre.de Léopold, tandis que S. E. le Cardinal Mercier exaltait le nom de cet enfant en qui la Belgique salue sa miss Cavell, et, mieux encore, sa Jeanne d’Arc[5].

En réalité, ce petit pays fut grand parce qu’il contenait de grandes âmes.

Et l’Histoire nous apprend que celles-ci n’ont pas attendu notre époque pour se manifester.

La guerre de 1914 semble avoir été, néanmoins, pour la Belgique, la pierre de touche de sa valeur, le carrefour où l’attendait l’Ange des Destinées.

Ceux qui seraient tentés de dénier au génie le don de seconde vue feront bien de relire la lettre, datée du 21 janvier 1862, et dans laquelle Victor Hugo qui professait, à l’égard de la Bel- gique, la reconnaissance des exilés, adjurait ce peuple d’user de clémence envers la « bande noire de Charleroi » dans les termes suivants :. « Je supplie la nation belge d’être grande. Il serait beau que ce petit peuple fît la leçon aux grands et, par ce seul fait, fût plus grand qu’eux ; il serait beau, devant la croissance abominable des ténèbres, en présence de la barbarie recrudescente, que la Belgique, prenant le rôle de grande puissance en civilisation, donnât tout à coup au genre humain l’éblouissement de la vraie lumière. »

À soixante ans de distance et en des circonstances bien autrement puissantes, quel sens prophétique revêtent à nos yeux ces lignes du poète de la Légende des Siècles !

Si la vérité sort parfois des lèvres des grands hommes, elle s’exhale aussi, souvent, dit-on, de la bouche des enfants… Qu’on me permette d’en donner ici une preuve étroitement liée au sujet qui nous occupe.

Au mois d’août de l’année 1908, je venais de visiter la Belgique et je regagnais, par le Luxembourg, la Lorraine où m’attendaient les miens. À Arlon, montèrent, dans le compartiment du wagon que j’occupais, une femme entre deux âges et un petit garçon de 7 à 8 ans ; il me fut aisé de reconnaître bientôt, en eux, une gouvernante de bonne famille et son élève. L’enfant, qui avait une physionomie intelligente et fine, débordait de l’entrain de son âge ; il s’intéressait à toute chose, questionnait sans cesse l’institutrice ; celle-ci, raide, la mine renfrognée sous sa capote démodée qui emboîtait les multiples tours de nattes d’un faux chignon, ne se prêtait nullement à son rôle ; au lieu de répondre aux questions du gentil bonhomme, elle le morigénait avec un accent tudesque des plus caractéristiques. À la fin, voyant que l’enfant ne se décidait pas à rester immobile et muet pour lui permettre de lire le roman qu’elle tenait en main, elle se pencha vers lui, fort en colère :

— Foulez-fous m’opéir, oui ou non ?

— Non riposta tranquillement l’élève, non sans un malicieux sourire.

— Ah ! Et bourquoi ?

— Parce que… parce que vous n’êtes qu’une Allemande et que je ne vous aime pas…

La scène commença de m’intéresser vivement. Je me tournai vers la Fraulein qui, blême, le visage contracté, cria :

— Ah ! che ne suis qu’une Allemante !… Et pien, qu’est-ce que tu es, toi, donc, espèce de camin ?

— Moi, fit simplement l’enfant redressé, avec une ingénue et touchante fierté, je suis un Belge et…

— … Ah ! oui, parlons-en, un grand bays, un peau bays ta Pelgique… à côté de l’Allemagne…

Debout, l’enfant l’arrêta, trépignant :

— Oui, s’écria-t-il avec force, c’est un beau pays, un grand pays, la Belgique, plus grand, plus beau que le vôtre, je le sais bien, moi… et je ne veux pas, non je ne veux pas que vous en disiez du mal !…

L’Allemande, calmée, se contenta de ricaner en haussant les épaules. Pour mon compte, tout émue de la profession de foi patriotique du bambin, j’avais envie de lui dire : Bravo, petit ! et de l’embrasser…

La conversation s’arrêta, car le train arrivait à une station où mes compagnons de route descendirent.

J’avoue que, plus d’une fois, au cours des années d’épreuve, j’ai songé aux paroles convaincues du petit Belge. Peut-être celui qui les prononça, et qui est maintenant un homme, les a-t-il oubliées ? J’imagine, en tout cas, qu’il a dû, bien que si jeune, sentir profondément la guerre, puis se réjouir éperdûment que son grand petit pays ait su vaincre, de toute façon, celui de son ex-gouvernante, et, selon la forte expression de Victor Hugo, donner au monde « l’éblouissement de la vraie lumière ».

Lorsqu’on connaît bien la Belgique, on devine aisément le caractère dominant de sa littérature.

Le comte Henry Carton de Wiart l’a défini d’un mot : « Le vrai domaine de la littérature, c’est l’émotion[6]. »

La littérature belge, en effet, est née, s’est développée au rythme des battements du cœur du pays.

Est-il étonnant, après cela, de constater que cette littérature qui eut, pour premiers balbutiements, des épopées, et dont le véritable éveil s’opéra aux sons de la diane lancée par la voix d’Ulenspiegel, le héros national, d’une saveur si flamande, subit profondément l’influence de la grande guerre ?

De même, peut-il sembler surprenant que, de tout temps, le coup d’archet de l’émotion ait, au souffle de l’air natal, fait éclore, en Belgique, beaucoup de poètes ?

La poésie est comme la respiration même des peuples doués de sensibilité. La poésie belge reflète bien le caractère à la fois positif et ardent de cette race que ses atavismes divers vouent en même temps au sage équilibre des races des pays tempérés, au symbolisme mystique du septentrion, aux emballements fougueux du sang ibère, complexité à laquelle le phénomène du bilinguisme ajoute une étrangeté et une richesse de plus, en offrant au monde deux expressions différentes d’une même source d’harmonie.

Nous verrons, au cours des pages qui vont suivre, quels sont les caractères, les phases, les évolutions, les apports simultanés de ce double courant, à travers les âges.

L’auteur de ce livre n’a toutefois point la prétention de donner ici une étude complète de la littérature belge. Ce travail a été accompli par d’autres, à diverses reprises, et beaucoup mieux qu’elle ne le pourrait faire. C’est à dessein, et pour continuer la série commencée par l’étude des femmes poètes de l’Allemagne et de celles de la Hollande, qu’elle s’est spécialisée dans le domaine de la littérature féminine, un peu trop négligée, à l’étranger, dans les anthologies et les manuels généraux. En réalité, l’enquête est plus complète que son titre ne l’indique, car, dans ce livre, les prosatrices ne sont pas complètement négligées au profit des poètes.

Cette extension a été provoquée par l’intérêt même que présentent la personnalité et l’œuvre de certaines romancières, essayistes et sociologues belges, puis parce qu’il existe un contact étroit entre les diverses formes de la pensée et, qu’enfin, le tout concourt à la manifestation d’un intéressant mouvement féministe, aussi modéré qu’efficace dont l’action est d’autant plus rapide et utile que les théories y sont mises en pratique pour le meilleur des buts philanthropiques en faveur du sort de la femme.

Si, dans cette étude où les traits principaux de la littérature belge ont été esquissés et observés dans leurs grandes lignes, les écrivains masculins voient leurs noms et leurs œuvres laissés à l’arrière-plan, ils sauront, je l’espère, ne pas m’en tenir rigueur.

La part essentielle de leur contribution n’y est pas moins reconnue et appréciée. Partout et toujours ne sont-ils pas les traceurs de routes et les guides ? Mais ils savent aussi le geste de l’effacement courtois devant la femme… Ils se retrouveront donc, quand même, au cours de cet ouvrage où leur pensée constitue, en quelque sorte, le canevas sur lequel les doigts de l’ouvrière ont assorti, groupé et fixé les soies aux teintes diverses, afin d’y tracer son dessin et d’y composer sa broderie.

L. B.

  1. Décembre 1910.
  2. Librairie académique Perrin.
  3. Librairie académique Perrin.
  4. Les Maîtres d’autrefois (Plon, édit.).
  5. L’admirable épisode de la vie, de la captivité et de la mort de l’héroïne se trouve narré dans un opuscule de propagande : Gabrielle Petit, par Cyr. van Overbergh (Edit. de la Revue des Auteurs et des Livres), 70, Chaussée de Haecht, Bruxelles, 185e mille. Un important ouvrage a été aussi écrit en 1922 par M. Arthur Delage (Vve Larcien, édit. Bruxelles). M. Henri Puttemans, l’avocat et homme de lettres, le patriote bruxellois qui dirigea, avec M. Kebers, le journal clandestin L’Âme belge, émule de l’intrépide Libre Belgique, pendant l’occupation allemande, a, dans cette feuille, salué la noble figure de Gabrielle Petit. La vaillante jeune fille eut des sœurs en héroïsme : Elisa Grandprez, de Liège, fusillée en 1917, Louise Derache, qui, deux ans plus tôt, dans la même ville, avait subi le même sort, MMmes Maria de Smet, Pauline Rameloo, Emilie Schattemann, exécutées à Gand, en 1917, Elisa Poets et Rosalie Decoster-Cortvrint, électrocutées en favorisant le passage de soldats belges et français à la frontière, Mathilde Raes, martyrisée dans sa prison en 1918, et enfin la petite Yvonne Vieslet, âgée de dix ans, fusillée à bout portant à Monceau-sur-Sambre pour avoir donné le pain de son goûter à un prisonnier français. Ces martyres de la grande cause doivent avoir leur nom inscrit dans ce livre.
  6. Les Confins de la Littérature et de la Science.