Les Flûtes alternées/Ô printemps ! L’amour enivre

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VI


Ô printemps ! L’amour enivre
Les bois profonds et les nids.
Poète ! mets dans ton livre
Tous les frissons infinis.

Qu’on entende les murmures
Du vent d’été dans tes vers,
Ainsi que dans les ramures
Vibrantes des arbres verts.

Qu’un souffle d’aurore y règne
Comme un zéphyr sur les eaux ;
Que la voix du soir se plaigne
Et chante dans les roseaux.

 
Écoute ! des ailes glissent ;
L’amour vient ; l’amour s’enfuit.
Fais que tes strophes s’emplissent
D’un vague et multiple bruit.

Fais aux doux épithalames
Répondre l’hymne éploré.
Le bourdonnement des âmes
Sort du poème sacré.

Que dans l’ombre chante ou pleure,
Sœur des vents harmonieux,
Une lyre intérieure
En ton cœur mystérieux !