Les Flûtes alternées/Que ferez-vous, Belles, de vos printemps

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XVII


Que ferez-vous, Belles, de vos printemps,
Des fleurs d’amour qui fleurissent vos bouches,
Du marbre frais de vos seins palpitants,
Si vous restez lointaines et farouches ?

Il faut aimer, imiter les abeilles
Et voltiger de baiser en baiser,
Belles ! il faut, en vos saisons vermeilles,
Boire à longs traits la coupe et l’épuiser.

Allez au bois où viendront vous surprendre
Les beaux amants, Sylvains et chevriers,
Chanteurs légers, dont la flûte est plus tendre
Qu’un chant d’oiseau dans les genévriers.

 
Que votre image au ruisseau se reflète,
Au ruisseau bleu qui fuit dans le ravin,
Et que le flot la dérobe ; un poète
L’arrêtera dans son filet divin.

Belles, aimez ! Ô vous par les Dieux faites
Pour nous charmer, sachez que vos doux yeux
Sont les flambeaux illuminant nos fêtes,
Que votre rire est un concert joyeux,

Qu’autour de vous, dans la nature, ô femmes !
Comme un parfum, flotte un immense amour,
Que d’un regard vous faites dans les âmes
S’épaissir l’ombre ou rayonner le jour.