Les Fleurs du mal/1857/Les Deux Bonnes Sœurs

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FLEURS DU MAL
Les Fleurs du mal (1857)Poulet-Malassis et de Broise (p. 198-199).

LXXXIII

LES DEUX BONNES SŒURS



La Débauche et la Mort sont deux aimables filles,
Prodigues de baisers, robustes de santé,
Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles
Sous l’éternel labeur n’a jamais enfanté.

Au poète sinistre, ennemi des familles,
Favori de l’enfer, courtisan mal renté,
Tombeaux et lupanars montrent sous leurs charmilles
Un lit que le remords n’a jamais fréquenté.


Et la bière et l’alcôve en blasphèmes fécondes
Nous offrent tour à tour, comme deux bonnes sœurs,
De terribles plaisirs et d’affreuses douceurs.

Quand veux-tu m’enterrer, Débauche aux bras immondes ?
Ô Mort, quand viendras-tu, sa rivale en attraits,
Sur ses myrtes infects enter tes noirs cyprès ?