Les Forces éternelles/Dans le ciel écumant…

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Comtesse de Noailles ()
Arthème Fayard & Cie, éditeurs (p. 81).

DANS LE CIEL ÉCUMANT…



Dans le ciel écumant d’azur et de moiteur,
Où timides encor, pleines d’étonnement,
Les faibles voix d’oiseaux sont un bourgeonnement
Qui s’apparente avec les feuilles mi-ouvertes
Gonflant sur les rameaux comme des bulles vertes,
J’entends rêver la paix active du printemps.
Tout s’empresse, s’émeut, croit d’instant en instant.
Le parfum d’un rosier, comme une confidence,
Exhale par bouffée un charme qui soupire ;
Ce languissant parfum s’épuise et recommence :
La rose du rosier comme un être respire…
— Innocence, douceur, simplicité des choses,
Pacifique destin de l’ombrage et des roses,
Vous pour qui le soleil accourt sur les chemins,
Faut-il que la bataille, en son aveugle rage,
Entasse sans pitip, ensanglante et saccage,
Ainsi qu’une furie aux meurtrières mains.
Des moissons de regards et des bouquets humains ?