Les Forces éternelles/Héroïsme

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Comtesse de Noailles ()
Arthème Fayard & Cie, éditeurs (p. 84).

HEROÏSME



Mourir de maladie c’est mourir chez les morts,
C’est avoir vu s’enfuir la moitié de son âme,
C’est implorer en vain le Destin qui réclame,
Mais ceux qui pleins d’un net et bondissant ressort
Acceptent hardiment le rendez-vous suprême
Et tendent sans trembler leur main à l’autre bord.
Connaissent la fierté de mourir quand on aime,
Portés par le divin au-dessus de l’effort…
— Heureux ceux qui, frappés au moment qu’ils agissent,
Ont franchi d’un seul pas les regrets et la peur,
Et qui, loin de la morne et traînante torpeur,
Sont morts pour la Patrie et morts pour la Justice ;
— Pour la calme Justice au cœur plein de bonté,
Compagne de l’esprit et sa grande exigence !
La Justice au bras fort mais jamais irrité,
Et qui, laissant glisser nonchalamment la lance
Dont le lys déchirant ombrageait sa clarté,
Équilibre sa pure et prudente balance
Par le poids de l’amour et de l’intelligence !