Les Forces éternelles/Je croyais être…
Apparence
Arthème Fayard & Cie, éditeurs, 1920 (éd. revue et corrigée) (p. 216).
JE CROYAIS ÊTRE…
Je croyais être calme et triste,
Simplement, sans demander mieux
Que ce noble état sérieux
D’un cœur lassé. Le soir insiste :
Avec les glissements du vent,
Et la froide odeur des herbages,
Et cette paix des paysages
Sur qui le désir est rêvant,
Il défait mon repos sans joie,
Ce repos qui protégeait bien,
Il exige, hélas ! que je voie
Ces rusés jeux aériens
Où tout s’enveloppe et se pille,
Du sol tiède aux clartés des cieux…
— Pourquoi, soir mol et spongieux
D’où coule un parfum de vanille,
Blessez-vous, dans mon cœur serré
Qui soudain s’entr’ouvre et vacille,
Cette éternelle jeune fille
Qui ne peut cesser d’espérer ?