Les Forces éternelles/Le sommeil

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Comtesse de Noailles ()
Arthème Fayard & Cie, éditeurs (p. 233).

LE SOMMEIL


Je ne puis sans souffrir voir un humain visage
Clore les yeux, dormir, et respirer si bas :
Un mystère m’étreint, j’ai peur, je ne sais pas
Pourquoi soudain cet être est devenu si sage,
Sans défense, lointain, hors de tous les débats…

— Ne ferme pas les yeux ! Se peut-il que je voie,
Ô mon unique enfant, ton clair et jeune corps
Tout plein de vive humeur, de bourrasque, de joie,
De colère, de feu, de raison et de torts,
Emprunter tout à coup, dans la paix qui te noie,
L’humble faiblesse, hélas ! et la bonté des morts !