Les Forces éternelles/Matin d’été

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Comtesse de Noailles ()
Arthème Fayard & Cie, éditeurs (p. 113).

MATIN D’ÉTÉ



Le chaud velours de l’air offre à la rêverie
Un divan duveteux où mon esprit s’ébat,
La verte crudité de la jeune prairie
Est pour l’œil ébloui un exaltant repas.

L’ombrage et le soleil quadrillent la pelouse
Où le brûlant matin se repose, encagé ;
Il semble qu’en volant une guêpe recouse
Le merveilleux éther par ses jeux dérangé.
Mon immobile rêve a l’ampleur d’un voyage ;
J’entends le bruit mouvant et lointain de l’été :
Murmure énigmatique où tout est volupté.
Le ciel, aride et pur, est comme un bleu dallage,
Mon cœur calme bénit les dieux aériens,
Et je croise les mains, n’ayant besoin de rien
Que de penser à toi dans un clair paysage…