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Les Fous littéraires/L

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L.


* LABADIE (Jean de).

La profession de foi de Labadie est contenue dans Éclaircissement ou déclaration de la foy des sieurs J. de Labadie, Yvon et P. Du Lignon ». Herfordt, 1671. in 8., dont il y a une traduction allemande, ibid., 1671, une en flamand, Amsterdam, 1671, et une en latin qui a été fort augmentée, Herfordt, 1672. in 8. Cet ouvrage a été publié par Labadie, pendant sa retraite près de la princesse palatine Élisabeth, fille du prince palatin Frédéric V, roi élu de Bohême ; cette savante correspondante et élève de Descartes était abbesse d’Herfordt.

Le « Bulletin du bibliophile » (1874), 496-508, dans un article signé W. O. (masque de M. William Martin), donne une curieuse analyse d’un pamphlet dirigé contre Labadie, intitulé : « Galbanum jésuitique, ou quintessence de la sublime théologie de l’archi-coacre Jean de la Badie. II-e édit. rev., corr. et augm. » Cologne, chez Jean du Four, imprimeur ordinaire des Pères de la Société de Jésus, in 12. L’article de Grégoire, dans son « Histoire des sectes religieuses », se trouve au t. V, pp. 304-11 ; voyez encore le « Nouv. Dictionnaire hist. » de Chaufepié, t. III, lettre L., pp. 1-11. ; « La France protestante » par Haag, t. VI, 140-.7.


LA COSTE (Bertrand de), réfugié protestant, ingénieur au service de l’électeur de Brandebourg.

Il est auteur de plusieurs ouvrages sur la quadrature du cercle, dont l’un, Démonstration de la quadrature du cercle, qui est l’unique couronne et principal sujet de toutes les mathématiques. Hambourg, 1667, in 4, ou 1667, in 8, est dédié à Antoinette Bourignon. Faisant allusion aux lettres initiales d’Antoinette et de Bertrand, il déclare en langue algébrique qu’elle est l’A. en théologie, et lui le B. en mathématiques. Depuis, La Coste découvrant qu’A. Bourignon ne partageait pas ses opinions en mathématiques, tourna son admiration en haine, ameuta le peuple contre elle, la poursuivit jusqu’en Hollande, où elle avait été forcée de se réfugier, et écrivit contre elle. Voyez Grégoire, t. II, 214 ; « La France protestante » de Haag, VI, 180.


LA CROIX (Madame la marquise de).

Quoique cette dame n’ait rien écrit, elle mérite d’entrer dans cette liste de cerveaux plus ou moins troublés ; Gleichen et Matter me fourniront le peu que je dirai d’elle. « Madame de Jarente, fille du marquis de Sénas, épousa fort jeune le marquis de la Croix, officier général au service d’Espagne. Elle rejoignit son mari lorsqu’il fut nommé vice roi en Galice. Après la mort de son mari elle quitta l’Espagne, maltraitée et fort pauvre, vint à Lyon, y tomba dangereusement malade, eut des visions pendant sa maladie, et passa de l’incrédulité la mieux conditionnée à une crédulité sans bornes. Parmi les livres mystiques qu’elle lisait alors, celui « des Erreurs et de la Vérité » l’avait charmée davantage, et c’est à lui qu’elle attribuait principalement sa conversion. Aussi rechercha-t-elle l’auteur, le recueillit chez elle, et se composa, toujours disputant avec lui, un petit système théosophique particulier, qui n’avait pas le sens commun. Je n’en citerai qu’un exemple : elle appliquait le fameux quaternaire du livre de Saint-Martin à la divinité, en qui elle prétendait qu’il y avait quatre personnes engendrées successivement : le fils du père, le Saint-Esprit du fils et Melchisédec du Saint-Esprit. Mais madame de la Croix était bien plus forte pour la pratique que pour la théorie. Son affaire principale était de combattre le diable et de guérir les maladies. Elle croyait comme le P. Gassner, dont elle faisait grand cas, que le diable est cause de presque toutes les maladies, lesquelles avaient toujours leur source dans quelque péché, qui avait soumis la partie malade aux influences du démon. Elle opérait par des prières et par l’imposition de ses mains arrosées d’eau bénite et de saint chrême… » (Gleichen). — « La marquise de la Croix, dit Matter, avait des dispositions mystiques qui se développèrent jusqu’à la mettre assez habituellement dans un état qui tenait le milieu entre la vision et l’extase, ce qu’on appellerait aujourd’hui un état de communication très familière avec les esprits. Saint-Martin raconte lui-même qu’elle avait « des manifestations sensibles ». Cela veut dire qu’elle voyait des esprits ou qu’elle les entendait et leur parlait. Elle avait avec eux des rapports à ce point involontaires qu’on la voyait interrompre la conversation pour ces audiences hors ligne… ». C’est près de Madame de La Croix que Saint-Martin écrivit son « Tableau naturel ».

Cazotte dont les dernières années furent livrées à l’illuminisme, avait formé avec cette dame une alliance spirituelle, que le grand âge de ces deux personnes mettait à l’abri des mauvais propos qui auraient pu être tenus ; voyez à ce sujet les ouvrages concernant les dernières années de Cazotte, cités plus haut.

On trouve des renseignements sur Madame de La Croix, dans les « Souvenirs, » du baron de Gleichen, pp. 166-78 de la traduction française ; dans l’article d’après Gleichen, des « Personnages énigmatiques » de Bülau, t. I, pp. 393-401 de l’original allemand, ou t. I., pp. 388-96, de la traduction française ; voyez aussi le « Saint-Martin » de Matter.


* LASSAILLY (Charles).

L’article consacré à Lassailly, par Monselet, dans ses « Statues et statuettes » (1852), 77-100, a été reproduit avec des augmentations, dans ses « Portraits après décès (1866). 29-60.


LAVATER (Jean-Gaspard).

Citons, des très nombreux écrits de l’auteur des « Essais sur la physiognomie », son Ponce Pilate, ou l’homme sous toutes les formes ; ou la hauteur et la profondeur de l’humanité, ou la Bible en petit et l’homme en grand, ou l’Ecce Homo universel, ou tout en un. Zurich, 1782-85. 4 vol. in 4. ; le plus considérable, mais non pas le plus extravagant des ouvrages de Lavater, dit Mirabeau dans sa curieuse « Lettre à *** sur MM. de Cagliostro et Lavater ». Berlin 1786. in 8 de 48-XIII pp.

On a publié ces dernières années, Correspondance inédite de Lavater avec l’impératrice Marie de Russie sur l’avenir de l’âme, trad. de l’allem. sur le ms. original déposé à la bibliothèque imp. de Saint-Pétersbourg. Paris, 1868. in 8 de 31 pp. Chacune des trois dernières de ces six lettres est accompagnée d’une lettre d’outre-tombe, dont l’une est signée Makariosenagape ; Lavater ne nous apprend pas par quelle voie ces lettres lui sont parvenues ; est-ce par la pneumatographie ? s’est-il servi d’un médium ? Selon Éliphas Lévi : « Histoire de la magie » p. 456, Lavater se servait d’un médium, qu’il nomme Gablidone.


* LAW (William).

Voyez dans le « Saint-Martin » de Matter, chap. XI, les rapports amicaux de ce ministre anglican avec le théosophe français.


LEADE (Jeanne) (1623†1704).

Cette célèbre mystique anglaise de l’école de Böhme fonda la société des Philadelphes, d’après la « Sophia » de J. Pordage, d’abord son maître, ensuite son disciple. Elle a écrit une huitaine d’ouvrages dont on trouvera les titres dans les articles qui lui sont consacré. Grégoire a consacré un article à Jane Leade, dans son « Histoire des sectes religieuses » ; consultez aussi le chap. VIII du « Swedenborg » de Matter. Jane Leade a signé plusieurs de ses écrits du pseudonyme de Leona Constantia, voyez les nos 1864-65 du catalogue Ouvaroff.

Voyez la « Biographie universelle » et la « Nouv. Biographie générale ».


* LELOYER (Pierre)

L’abbé d’Artigny parle d’« Edom ou les colonies iduméanes » dans ses « Mémoires d’histoire » t. I, p. 91 et suiv. La notice de J.-F.-M. Albert parue la première fois dans le « Moniteur de la librairie » (1844), a été reproduite dans « le Bibliothécaire », en juillet 1844, pp. 11-17, et ensuite dans « le Quérard » (1856), pp. 51-56. Voyez aussi « Mélanges tirés d’une petite bibliothèque » par Ch. Nodier, pp. 323-26.


LE NORMAND (Marie-Anne-Adélaïde).

Ranger cette fameuse cartomancière dans la catégorie des fous est peut-être un non sens, ce serait plutôt la troupe de ses dupes qui devrait y figurer. Quelle que soit l’opinion du lecteur, disons que Melle Lenormand a beaucoup écrit ; citons : Les Souvenirs prophétiques d’une sibylle, 1814 ; les Oracles sibyllins, suite du précédent, 1817 ; la Sibylle au congrès d’Aix-la-Chapelle, 1819 ; Souvenirs de la Belgique, 1822 ; etc. etc. Melle Lenormand a des articles dans la « Biographie universelle » et la « Nouv. Biographie générale »  ; celui de la « Biographie des contemporains » par Rabbe et Boisjolin a sans doute été fourni par l’intéressée, car il est rempli de mensonges.


* LEROUX (Pierre).

Erdan lui a aussi consacré un chapitre dans sa « France mystique » t. II, pp. 110-17. ; voyez encore son article dans le « Dictionnaire de l’économie politique » de Guillaumin et Coquelin.


* LOGOTHETA (Isidorus Charisius), philyro-politanus.

Cet article de Philomneste junior est plein d’erreurs provenant toutes de son fait, car le rédacteur du catalogue Ouvaroff, s’il a ignoré, n’a du moins rien avancé de faux. Le no 102. Theologia christiana in numeris, c’est-à-dire… (en allemand) est le seul ouvrage de Isid. Chr. Logotheta, et cet écrivain n’est pas français ; le rédacteur du catalogue, M. Ladrague, ignorait le nom véritable, puis qu’il ne l’a pas donné ; ce nom est Jean-Christian Lange, alchimiste dont on possède un ouvrage sur l’existence d’un acide aérien, — Le no 103. Nouveaux Discours spirituels sur diverses matières de la vie intérieure, ou Témoignage d’un enfant de la vérité et droiture des voies de l’esprit… est de Charles-Hector de Saint-Georges de Marsay. Saint-Georges de Marsay, né à Paris en 1668, parvint à fuir avec sa mère, la persécution à la révocation de l’édit de Nantes et se réfugia en Hanovre. Il donna dans l’illuminisme et le mysticisme ; élève du comte de Metternich, qui l’était lui-même de madame Guyon, il traduisit en allemand plusieurs ouvrages de cette dame. Après une vie très agitée, Saint-Georges de Marsay est mort en 1755. — Quant aux no 104 à 107, le rédacteur sans doute à cause des titres qui commencent tous les quatre, par : Témoignage d’un enfant de la vérité et droiture des voies de l’esprit, et portent tous ensuite : traduit du français d’après le manuscrit original, le rédacteur y a vu quelqu’analogie avec les Nouveaux Discours spirituels, et il ne s’est pas trompé dans ses conjectures, car ils sont aussi de Saint-Georges de Marsay. Voyez « la France protestante » de Haag.


* LOPOUKHINE (Ivan).

Je profiterai de ce que Philomneste a inscrit le nom d’I. Lopoukhine pour donner quelques renseignements sur les ouvrages de cet écrivain mystique, renseignements ignorés du rédacteur du Catalogue Ouvaroff et même de beaucoup de personnes en Russie.

Au no 295 du catalogue Ouvaroff, on trouve : Catéchisme moral pour les vrais F.-M. (Par le sénateur Jean Lopoukhin), sans lieu (Paris), 5790 in 24 de 16 pp. Cette indication de Paris comme lieu d’impression est inexacte ; dans ses Mémoires, p. 23, Lopoukhine raconte pourquoi et comment il écrivit ce petit ouvrage. Il le composa en russe et le traduisit en français, puis il l’imprima lui-même dans l’imprimerie de la Société typographique. Il le donna ensuite à un libraire de sa connaissance pour qu’il le mit en vente comme un ouvrage venant de l’étranger. Ce fait, dit Lopoukhine, ne fut connu que de trois personnes en qui j’avais toute confiance. Le Catéchisme moral a été reproduit en russe, dans « le Chevalier spirituel dont nous parlerons plus bas, et dans « Quelques traits de l’Église intérieure.

Au nos 157-158, il est dit que « Quelques traits de l’Église intérieure a été traduit par Lopoukhine lui-même, ce qui est inexact, car cette traduction a été faite par Charles Aviat de Vatay, lecteur de langue française à l’Université de Moscou. Dans ses Mémoires, p. 30 et suiv., Lopoukhine nous apprend qu’outre la traduction allemande d’Ewald (no 159 du Cat. Ouv.), il y en a encore une autre de cet ouvrage, faite par J. Stilling (Joh. Henr. Jung) qui de plus en a donné une en latin.

Au no 295, il est dit que le Catéchisme moral a encore été réimprimé dans le Chevalier spirituel, ouvrage que le rédacteur avoue ne pas connaître, et ne pas même savoir s’il est en russe ou en français. Ce livre écrit en russe, dont il n’y a pas de traduction française, est de la plus grande rareté, m’a dit une personne qui a fait de grandes recherches sur les anciens livres russes et principalement sur ceux provenant des presses des Martinistes de Moscou, car elle n’a pu le voir qu’en manuscrit. Ce témoignage est confirmé par Sopikoff, dans son « Essai de bibliographie russe » (en russe. St.-Pétersbourg, 1813-21) qui en donne des extraits étendus dans le t. II, pp. 380-89. On me pardonnera de faire connaître avec détails ce livre rare et très peu connu. « Le Chevalier Spirituel, ou l’investigateur de la Sagesse (Par le sénateur Ivan Vladimirovitch Lopoukhine) ». Sans lieu ni adresse (mais Moscou, dans l’imprimerie de la société typographique, chez I. Novikoff), 5791 (1791) gr. in 8 carré de 60 pp. L’ouvrage est divisé en deux parties, dont la première remplissant les quarante-six premières pages, est intitulée : « Règles générales pour les Chevaliers spirituels, ou investigateurs de la sagesse » ; la seconde : Catéchisme moral pour les vrais F M., à l’usage de ceux qui cherchent la sagesse, qui pour acquérir les voies de la sagesse et de son étude mystérieuse peuvent s’occuper de la contemplation du Tableau connu qui représente l’image du Temple de la Nature et de la Grâce.

Il résulte du titre de cette seconde partie que la grande planche mytho-hermétique : le Tableau représentant le Temple de la Nature et de la Grâce (voyez le no 159 du Cat. Ouvaroff) devait déjà avoir été publié, au moins en russe.

Cet ouvrage a eu une seconde édition beaucoup plus moderne qui ne doit pas être moins rare que la première ; elle est intitulée : Ο Ζηλοςοφος. L’aspirant à la Sagesse, ou le Chevalier spirituel. Sans lieu ni adresse, 5791. in 8 de 116 pp. Cette édition tirée à très petit nombre a quelques augmentations à la fin du volume ; la date n’est que celle de la première édition. Quand a-t-elle été publiée ? Ce ne peut être que peu de temps avant la mort de Lopoukhine arrivée en 1816.

La littérature russe est riche en ouvrages, tant originaux que traduits, de la catégorie de ceux que Philomneste junior a classé dans son « Essai bibliographique ». Consultez entre autres « Novikoff et les Martinistes de Moscou » par M. Michel Nicolaevitch Longuinoff (en russe). Moscou, 1867. gr. in 8 de VI-384-76 pp.


LUCAS (J.-P.—A.)

Ce mathématicien qui s’intitule : auteur de la « Quadrature du cercle » est auteur de plusieurs ouvrages dans lesquels il a placé beaucoup de rêveries qu’on trouvera exposées dans « Les Excentriques » de Champfleury (1852), pp. 68–83. Inutile de dire que Lucas professe une grande animosité contre l’Institut (section des sciences exactes) qui n’a pas voulu s’occuper de sa découverte, et contre lequel il a écrit.