Les Gaietés/Les Émigrés

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Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 111-112).


LES ÉMIGRÉS[1].

Air : Celui qui plie à soixante ans bagage.


Peuple français, ô toi dont la Victoire
En cent climats arbora les drapeaux !
Souffriras-tu que des hommes sans gloire
T’osent ravir le fruit de tes travaux ? (bis.)
Ah ! brise un sceptre apporté d’Angleterre,
Rappelle au camp tes bataillons sacrés : (bis.)
Ceux qui vingt ans ont fait trembler la terre,
Trembleront-ils devant les émigrés ? (bis.)

N’entends-tu pas leur cohorte servile
Porter atteinte à tes droits les plus saints ?
À la tribune, à la chaire, à la ville,
Ont retenti leurs coupables desseins. (bis.)

Foule à tes pieds cette race adultère ;
Qu’à ta grandeur ils servent de degrés : (bis.)
Ceux qui, etc.

Tu leur devais la mort et l’infamie
Qu’au parricide ont réservé les lois :
Dans ta bonté tu leur laissas la vie
Et les admis à partager tes droits ; (bis.)
Mais puisqu’enfin leur haine est ton salaire,
N’épargne plus les nobles abhorrés ! (bis.)
Ceux qui, etc.

Peuple français, le jour de la vengeance
Brille déjà sur l’horizon en feux ;
La Liberté te couvre de sa lance :
Tout est pour toi, la Justice et les Dieux ! (bis.)
Sous les débris du trône héréditaire,
Ensevelis tous ces brigands titrés ! (bis.)
Ceux qui vingt ans ont fait trembler la terre,
Ne tremblent pas devant les émigrés. (bis.)



  1. Chanson condamnée par arrêt de la Cour d’assises (31 mars 1822).