Aller au contenu

Les Guérêts en fleurs/24

La bibliothèque libre.
Éditions Édouard Garand (p. 107-108).

MÉLANCOLIE


D’un pas lent et rythmé, des champs, le laboureur,
Au clair d’un ciel atone
Et frissonnant d’automne,
Vers sa bonne maison revient triste et rêveur.

Les beaux jours sont passés. Mortes sont les pervenches
Comme des papillons
Dansant leurs cotillons,
Les feuilles sous le vent tremblent au bout des branches.

L’une d’elles, soudain, ainsi qu’un frêle oiseau,
S’envole d’une branche ;
Et c’est une avalanche
Qui bientôt couvrira la berge du ruisseau.

Le grillon solitaire, en des gammes pleureuses
Et tristes comme un glas,
Dit sa chanson tout-bas
Aux glaneurs attardant leurs timides glaneuses.


Là-bas, un merle, au bord de quelque étroit sentier,
À travers les broussailles
Chante les funérailles
De son nid pantelant aux bras d’un églantier.

Et l’Automne s’enfuit brusquant le paysage…
Tout n’est plus que torpeur,
Car pris soudain de peur,
On dirait que le Sol se voile le visage… !