Les Imposteurs démasqués et les Usurpateurs punis/Réflexions sur l’aveuglement des Juifs

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RÉFLEXIONS sur l’aveuglement des Juifs.


Il est étonnant qu’après dix-sept siecles d’une vaine attente, les Juifs se flattent encore de quelque espérance. Trompée si souvent, cette malheureuse nation devroit se reconnoître la victime de son aveuglement : son temple a été brûlé, sa ville capitale rasée, son culte aboli, ses enfans dispersés & errans dans tout l’univers, & devenus le mépris & l’opprobre des hommes. Mais plus leur état est triste & humiliant, plus ils desirent d’en sortir, & plus la venue d’un libérateur leur paroît nécessaire ; leurs docteurs les confirment dans leur opiniâtreté, & leurs livres ne servent pas à les en tirer. M. Basnage prétend avec raison que le talmud est un des principaux liens qui les attachent à leur religion.

Pour connoître combien il est facile de fasciner les yeux de ce peuple, il faut tracer en peu de mots le caractere de ce misérable livre ; les fables absurdes & les allégories puériles & ridicules, dont il est rempli, présentent un modele complet de folies ; on y lit que les lettres de l’alphabet hébraïque demanderent à Dieu d’être employées comme des instrumens de la création du monde ; que les lettres qui composent le nom de Satan, forment le nombre de 364, pour marquer le pouvoir de cet ennemi du genre humain pendant 360 jours de l’année, & qu’il n’a les mains liées que le seul jour de l’expiation : le nombre, le nom, les caracteres, operent des prodiges dans le talmud. On pense communément que ce livre a donné naissance à la cabale, science postérieure, & que les Juifs Orientaux ont reçue des Mahométans, lorsque ces conquérans, après avoir démembré l’empire Romain, cultiverent & corrompirent la philosophie appellée par leurs califes dans les académies du Caire & des autres villes de leur domination.

Les Juifs sont tellement infatués des sottises de cette cabale, qu’ils la préférent à l’écriture sainte. On peut cependant se servir avec avantage des livres sacrés pour les faire entrer dans le sein du christianisme ; mais en citant les oracles des prophetes, il faut se borner à un petit nombre, qui soient clairs. Selon un auteur qui avoit beaucoup conversé avec eux, il faut premiérement leur prouver que le messie est venu. En établissant cette preuve, on opere la moitié de leur conversion, & on les dissuaderoit aisément sur les autres pratiques de leur religion, auxquelles ils sont si obstinément attachés. Lisez toutes les conférences qu’on a soutenues, & les différens ouvrages qu’on a publiés contre eux, vous remarquerez sans peine qu’ils ne peuvent répondre aux oracles qui ont fixé la venue du messie, ni rendre raison d’un délai si long, & de cette affreuse misere dans laquelle ils sont plongés. En butte au mépris & à la méfiance, les cœurs humains ne doivent pas néanmoins insulter à leur malheur. « Le christianisme ne doit inspirer que de la pitié pour les misérables ; mais la ruine de leur temple, auquel Dieu avoit attaché leur religion, est une preuve que les cérémonies & les sacrifices ont dû cesser. La Divinité sage n’auroit point défendu de sacrifier par-tout ailleurs que dans le temple de Jérusalem, ou n’auroit point permis que son temple demeurât abattu pendant un si grand nombre de siecles, si elle avoit eu dessein que les sacrifices fussent toujours offerts, & que les cérémonies de la loi ne finissent jamais ». En second lieu, lorsqu’on a prouvé que le messie est venu, on doit examiner où est ce messie. Un des préjugés les plus violens des Juifs, est la prospérité temporelle qu’ils attachent à sa manifestation. « Ils ne reconnoîtront, dit Basnage, qu’avec peine ce libérateur en J. C. pendant qu’ils tourneront toutes leurs pensées du côté du regne temporel, & des conquêtes qu’il doit faire : c’est pourquoi il faut combattre ce préjugé que l’amour-propre fortifie, & faire voir deux choses, 1°. que les prophetes ont peint si vivement la bassesse du messie, que les docteurs ont été obligés d’en imaginer deux, l’un misérable, & l’autre glorieux. Ces deux caractères que les prophetes donnent à une seule personne, sont réunis en la personne de J. C. 2°. Cette union devient plus sensible, lorsqu’au lieu d’une gloire passagere, on donne au messie un regne spirituel ».

Quoiqu’on puisse développer ces preuves avec avantage, il ne faut pas se flatter qu’elles fassent l’impression qu’elles devroient faire sur les Juifs ; on en a vu quelques-uns abjurer leur religion, tantôt par avarice, tantôt par crainte ; mais rarement en trouve-t-on qui aient embrassé le christianisme par persuasion. Les Israélites modernes détestent plus les chrétiens que leurs peres n’avoient de l’horreur pour les Philistins. Ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que quelquefois ils ont séduit les chrétiens même : tel qu’Antoine, ministre de Geneve, brûlé en 1632, pour son attachement secret au judaïsme. Il est vrai que c’étoit un fou ; & comment auroit-il pu, sans folie, prendre du goût pour une nation qui, depuis son déïcide, est devenue l’opprobre & le jouet de l’univers ?


FIN.