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Les Juifs contre la France/7

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Librairie Antisémite (p. 87-92).


VII


L’AFFAIRE ET LES MOYENS
(SUITE ET FIN)


Cette question du Syndicat a le privilège de mettre Cornély de mauvaise humeur. Les autres reconnaissent d’assez bonne grâce que, s’il est vrai qu’on ne fasse pas d’omelette sans casser des œufs, il est encore plus vrai que, pour faire une omelette il faut avoir des œufs.

Il est bien clair qu’on ne remue pas tout un pays, qu’on ne détruit pas à moitié la puissance militaire d’une nation comme la France, qu’on n’organise pas de réunions, qu’on ne fonde pas de journaux, qu’on n’inonde pas le territoire de brochures et de caricatures, qu’on n’accumule pas les ruines morales et matérielles, qu’on ne désorganise pas un État-Major ; qu’on ne démolit pas 24 officiers et généraux, sans avoir le nerf de la guerre.

Pourquoi Cornély tient-il, à toute force à abuser de la candeur du dernier abonné non circoncis qui reste au Figaro, au point de lui faire croire que des Panamistes, des pornographes, des écumeurs du pavé parisien, des sceptiques, des riennistes, auraient été pris tout à coup d’une subite et violente passion pour un officier juif dont le crime, très banal en lui-même, n’était relevé d’aucun de ces détails dramatiques ou romanesques que l’on trouve dans certaines aventures ?

Ce qui est certain, c’est que Cornély joue dans l’affaire le rôle du Janot ou du Nicodème chargé, dans les théâtres de la Foire, de faire la parade devant la baraque. C’était un type classique à l’ancien boulevard du Temple, le type du paysan, benêt d’apparence et malin au fond, qui se livrait à des pitreries d’un goût assez douteux.

La spécialité de Cornély, qui fait la bête mais qui ne l’est pas, consiste à demander de temps en temps sur un ton narquois : « Voyons, qu’est-ce que nous avons dépensé ? Est-ce quarante, cinquante ou soixante millions ? »

Cornély spécule là assez habilement, je le reconnais, sur l’ignorance profonde où sont les malheureux Français de la valeur de l’argent, des grands maniements d’argent familiers à Israël. Les Français, en dehors de ceux qui sont mêlés au mouvement juif, en sont toujours à l’époque où le billet de mille francs signifiait quelque chose. La plupart d’entre eux n’ont jamais vu un million et n’en verront jamais. Quand Cornély leur parle de soixante millions, il semble qu’on leur parle de je ne sais quoi d’énorme et par conséquent d’invraisemblable.


Rien n’est plus curieux, d’ailleurs, comme témoignage de la modestie respectueuse qu’éprouvent les chéquards eux-mêmes devant les gros chiffres, que de regarder attentivement ce qui s’est passé pour le Panama.

Cornélius Herr et Reinach se sont disputé une vingtaine de millions.

Qu’a reçu Burdeau pour le rapport favorable que Maret a déposé ? Trente mille francs…

Veuillez considérer, cependant, ce qu’était Burdeau alors ? C’était un homme d’un incontestable mérite, un travailleur infatigable, jouissant d’une autorité considérable à la Chambre et dont le nom était prononcé déjà à demi-voix pour la Présidence de la République.

Quand le jour du triomphe sera arrivé pour notre cause et que nous procéderons à la répartition des milliards que nous aurons pu reprendre aux Juifs, soyez certains que ce sont les Chéquards qui se présenteront les premiers pour demander à être indemnisés comme victimes de l’abominable régime que la France subit depuis trente ans.

Ils vous expliqueront qu’ils ont été odieusement exploités et que la somme de travail qu’ils ont donnée est bien supérieure à ce qu’ils ont reçu en se couvrant de honte par-dessus le marché.


En l’acceptant pour exact, le chiffre de soixante millions dont Cornély parle en ricanant n’aurait rien que de très modéré.

Qu’est-ce que soixante millions ? Un de nos chéquards les plus distingués, Jules Roche, qui est un homme de valeur comme Burdeau, et qui a été, lui aussi, en un certain sens, une victime des Juifs qui lui ont enlevé son honneur en échange d’une somme tout à fait dérisoire, a écrit dans le Figaro une série d’articles où les chiffres sont éloquents et évocateurs d’idées comme des personnages de roman.

Ces chiffres sont pleins de cliquetis, de tumulte et d’épouvantes, ils ont des bruits d’armées formidables en marche, des roulements de convois interminables se succédant sur les chemins de fer et sur les routes. : il semble, à les regarder, voir la vieille Europe secouée sur sa base et se ruant à des luttes comme en ont vu les âges qu’on a appelés barbares parce qu’on n’avait pas encore perfectionné les engins de destruction.

Savez-vous à quel chiffre se monterait pour l’Allemagne, les frais d’une entrée en campagne ? Les dépenses s’élèveraient à vingt-cinq millions par jour.

Or, quel est le but d’une guerre, c’est de démoraliser l’armée ennemie. C’est Gouvion-Saint-Cyr, il me semble, qui a dit : « Celui qui a perdu la bataille est celui qui croit l’avoir perdue. »

Le moulin, la colline, la redoute que l’on se dispute à coups de canon en versant des flots de sang n’ont, la plupart du temps, aucune importance par eux-mêmes. Leur occupation signifie que la poussée en avant a été plus forte d’un côté que de l’autre. La Ferme de la Belle Alliance et la Haie sainte pour lesquelles on s’est battu furieusement le jour de Waterloo, sont tout à fait voisines.

C’est l’effet moral qui est tout. Or, il est incontestable que le moral de la France a été plus atteint par la campagne Dreyfus qu’il ne l’aurait été par une bataille perdue.

Après une défaite, en effet, le souvenir des actes héroïques accomplis pendant la lutte, le désir de venger les morts maintiennent un pays dans une sorte d’exaltation généreuse… Que reste-t-il après ces deux années où l’on a vu les meilleurs généraux traînés dans la boue, nos officiers traités de faussaires, des hommes comme Zurlinden, comme Négrier, comme Pellieux, chassés de l’armée ou frappés de disgrâces qui leur ôtent toute autorité ?

Il suffit, pour se rendre compte de la situation, de réfléchir une minute. Si Guillaume était entré en campagne depuis une semaine, à raison de vingt-cinq millions par jour, il aurait déjà dépensé pas mal d’argent. Il serait à la veille d’une bataille, et cette bataille serait soumise à tous les hasards des batailles, à tous les caprices de la Fortune. Elle aurait pu être gagnée par Négrier ou par un autre général dans lequel l’armée espère, et que je me garderai de nommer, car si l’Allemagne savait que la France a confiance en lui, elle le ferait immédiatement révoquer par Galliffet. Grâce au Syndicat, Guillaume, au contraire, a tous les bénéfices d’une victoire sans avoir couru les risques du combat.

Admettez que Guillaume ait versé quarante millions pour sa part à la cagnotte alimentée par les Anglais et les Juifs. Vous avouerez qu’il aurait fait là un placement de premier ordre, un placement de père de famille.

Si elle ne révèle pas une âme très magnanime et très haute, cette façon de comprendre la guerre moderne et de faire déshonorer les généraux de l’armée ennemie par des scribes et des mercenaires, au lieu de se mesurer avec eux sur un champ de bataille, révèle chez l’Empereur allemand un homme supérieurement intelligent…