Les Lundis d’un chercheur/Avant propos

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Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul ()
Calmann Lévy, éditeur (p. I-III).

AVANT-PROPOS


Le public, si nous ne l’amusons pas, il lui reste une ressource dont il use quelquefois, et qui est de ne pas nous lire. Mais il est bien rare qu’on n’amuse pas le public quand on s’intéresse soi-même aux objets dont on lui parle. L’intérêt des choses n’est pas dans leur valeur propre, mais dans la passion que l’on y porte.
F. Sarcey.
(Le Temps, 14 novembre 1892.)

Ces pages sont en quelque sorte les entr’actes de travaux beaucoup plus étendus. Entre nos Histoires des œuvres d’Honoré de Balzac, de Théophile Gautier et de George Sand, — celle-ci encore inachevée, mais ébauchée bien avant les deux autres, — une trouvaille heureuse, un filon rencontré par hasard, nous ont souvent retenu. Ce sont ces découvertes imprévues, ces bonnes fortunes du chercheur, dont nous réunissons aujourd’hui presque tout l’ensemble.

Quelques-unes touchent de près ou de loin à nos précédents sujets de recherches. Elles en reproduisent même deux ou trois passages très courts. Il eût été impossible de les effacer ici sans créer dans ces études particulières d’inexplicables lacunes.

Les Causeries du Lundi de Sainte-Beuve, le trouveur sagace, le pénétrant scrutateur d’âmes, le maître critique du dix-neuvième siècle, ont inspiré notre titre. Théophile Gautier, du reste, nous avait précédé dans cette voie, en prenant celui des Vacances du Lundi pour ses vacances de journaliste, quand il oubliait les feuilletons du lundi et son esclavage hebdomadaire au sommet de quelque montagne de Suisse, ou bien au fond de quelque vallée d’Espagne.

Mais nous sera-t-il pardonné d’abriter notre modeste gerbe à l’ombre de ces grands noms et de leur grand souvenir ?

Il nous faut rappeler aussi qu’un chercheur n’est pas un auteur, et qu’il ne prétend nullement se placer à ce rang. Son seul rôle consiste à sauver de l’oubli, ou même de la destruction, des pages et parfois des œuvres très supérieures à celles qu’il pourrait produire lui-même. Donc, si modeste que soit ce genre de labeur, il a du moins sa raison d’être, et cette excuse peut être invoquée à propos des incessantes citations dont tous les travaux analogues aux nôtres sont émaillés.

Nos publications antérieures nous ont valu des approbations et des suffrages dont nous avons été et demeurons on ne peut plus touché. Puisse ce nouveau volume être accueilli avec la même indulgence et la même bonne grâce

Villa Close, 24 septembre 1893.