Les Médailles d’argile/L’Infidèle

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 51).
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L’INFIDÈLE


Pour être nue aux bras d’un autre qui t’étreint
Qu’as-tu besoin encor de la robe pourprée
Qui, sous ses beaux reflets dont ta chair fut parée,
Faisait saillir ta hanche et dessinait ton sein ?

Que ce collier rompu s'égrène grain par grain !
Que mon talon l'écrase en poussière dorée
Et brise le miroir où tu t’étais mirée,
Riante de mentir au cristal incertain !

Écoute au sol grincer le tranchant de la bêche ;
Dans la terre brûlante encore, aride et sèche
J’ai caché les débris de notre long amour ;

Mais, au bas du cyprès où j’ai creusé sa tombe,
De la cime, j’entends depuis, j’entends toujours
Le sourd roucoulement de la même colombe.