Les Mémoires d’un veuf/Palinodie ou mon hameau

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PALINODIE OU MON HAMEAU


Rien n’est plus beau.

Il y a de l’eau courante, des arbres point trop clairsemés où chante le rossignol.

Des maisons toutes petites dans de grands jardins suffisamment fleuris et bornés par des haies pleines de nids.

Les femmes s’appellent volontiers Basilie, Azelma, Benjamine, même Lodoïska, et sont faciles.

Quant aux hommes, trop bons buveurs et très mauvais sujets, les trois quarts d’entre eux sont des Théodulphe, des Raphaëls et vont jusqu’à Pamphile.

Parmi les termes d’amitié et les caresses de langage se trouvent : « c’verrat-là, sale maquereau, punaise, poupée ».

On vole ferme et on bataille bien, mais on plaide peu. Cette peur des gendarmes et des a grandes manches noires » — ou rouges !

Le patois, très léger, vous a un air Directoire : « toujou, amou, n’est-pâs (pour n’est-ce-pas) mon frè, ma sœu, enco, » avec des férocités apaches ou canaques telles que « y a yauque ladelé » (il y a quelque chose là-dessous).

Seulement…

Et voilà pourquoi je rentre dans ce Paris maudit, ce Paris redouté du Belge de Baudelaire.