Les Misérables (1908)/Tome 4/Le manuscrit des Misérables

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Texte établi par Gustave SimonImprimerie Nationale ; Ollendorff (p. 367-381).


LE MANUSCRIT
des
MISÉRABLES.




quatrième partie.
L’IDYLLE RUE PLUMET ET L’ÉPOPÉE RUE SAINT-DENIS.


Le second volume du manuscrit des Misérables contient les quatrième et cinquième parties. La quatrième compte 328 feuillets.

La pagination alphabétique, établie de 1846 à 1848, interrompue à la fin de la troisième partie à la lettre M5 bis, reprend, dans ce second volume à la lettre N5, termine la cinquième série et se poursuit jusqu’à la lettre V6 (sixième série). On ne trouve qu’au feuillet 54 la lettre N5 tout le commencement datant de l’exil, sauf le début du premier chapitre et le chapitre v dont nous parlerons tout à l’heure. Dans toute la partie écrite en 1848, les chapitres se suivent presque toujours sans sections indiquées.

Feuillet 3. — Table des livres de la quatrième partie. Le livre XV : La rue de l’homme-armé, n’est pas mentionné, parce que cette table lui est antérieure.

Au verso du feuillet suivant, cette note qui n’a aucun rapport avec le roman :

On peut être un chat noir sans être le chat de Mme de Gompach.

Feuillet 5. — Brouillon biffé d’un passage du livre Patron-Minette, passage publié au Reliquat (tome II de cette édition).

LIVRE PREMIER. — QUELQUES PAGES D’HISTOIRE.


Feuillets 6-7. — 1. Bien coupé.

Ces deux feuillets, les seuls, jusqu’au feuillet 54, écrits au recto et au verso, semblent, quoique ne portant pas de pagination alphabétique, dater de 1848 ; ils paraissent détachés d’une étude, faite en dehors du roman, sur les années 1831-1832. La suite de cette étude est publiée an Reliquat.

Le bas du feuillet 7, verso, est biffé après ces mots finissant actuellement le premier chapitre : Voilà le travail des sages, et le reste du livre premier est de 1860-1862. Nous avons retrouvé une page isolée faisant suite au texte rayé du feuillet 7 ; nous la donnons au Reliquat. (Voir p. 350.)

En regard de la rature du feuillet 7 verso, quelques notes au crayon, développées au chapitre suivant.

Feuillets 27-28. — IV. Lézardes sous la fondation.

Au courant de ce chapitre, écrit comme la majeure partie du livre à Guernesey, les deux feuillets 27 et 28 semblent dater, par l’écriture, de 1842 ou 1844 ; ils devaient être destinés à un discours ou à une étude sociale ; la forme personnelle v est quelquefois employée ; en voici un exemple :

Par bonne distribution je n’entends pas il faut entendre distribution égale, j’entends mais distribution équitable.

Les mots en variante ont été ajoutés au-dessus du texte primitif, biffé.

En marge cette phrase rayée :

Le Mis de Mirabeau, Quesnay, Gournay, Turgot, Adam Smith, Malthus, Say, Bentham, ont cherché surtout la solution du premier problème. Saint-Simon et Fourier ont cherché surtout la solution du second.

Le texte de ces deux feuillets prend fin à cet alinéa :

Efforts admirables ! tentatives sacrées !

Les deux feuillets suivants sont de 1860-1862.

Feuillets 31 à 41. — V. Faits d’où l’histoire sort et que l’histoire ignore.

Autre titre : Symptômes sombres.

Pour les deux premiers tiers du chapitre, depuis le commencement jusqu’à ces mots : Telle était la situation, nous sommes en présence d’une copie corrigée et augmentée par Victor Hugo. Nous avons retrouvé le manuscrit original formant un petit cahier séparé et daté en tête : 25 janvier 1848. Presque identique, sauf quelques interversions, au texte publié, il ne devait pas tout d’abord faire partie du roman, car il n’est pas paginé par lettres alphabétiques. Peut-être appartenait-il à l’étude, dont nous avons parlé plus haut, sur les années 1831-1832.

Le feuillet 41, continuant le chapitre, n’est que la copie, de la main de Victor Hugo, du manuscrit original de 1848.

Feuillets 42-43[1] — À partir de l’alinéa débutant par :

Sauvages. Expliquons-nous sur ce mot.

Le texte date de Guernesey, comme toute la fin du livre premier.

LIVRE II. — ÉPONINE.

Sauf quelques modifications, ce livre date de 1847-1848.

Feuillet 52. — Titre-table du livre II.

Comme nous l’avons expliqué au tome précédent, le texte de 1846-1848 remplissait les deux côtés de la page ; quand un livre commençait à un verso, Victor Hugo, en établissant les sections de son roman, plaçait forcément le titre du livre après la première page du premier chapitre.

Quelques variantes dans la table :

I. Le champ de l’Alouette.

Autre titre : Immersion lente d’un cerveau d’une âme.

II. Formation embryonnaire des crimes dans l’incubation des prisons.

Autre titre : En Irlande.

Feuillet 54, chiffré N5. — Il devait, nous l’avons dit, suivre immédiatement le feuillet M5 bis terminant la troisième partie, Le recto du feuillet 54, divisé en deux colonnes, est entièrement biffé ; une moitié contient la suite et la fin de la troisième partie terminée par la chanson de Gavroche ; l’autre moitié, en marge, portant le chiffre ii, donne le chapitre : En Irlande, définitivement appelé Formation embryonnaire des crimes dans l’incubation des prisons. Nous signalerons, en décrivant ce chapitre, les modifications apportées au texte primitif.

Le verso du feuillet 54, continuant en marge le chapitre : En Irlande, commence en pleine page : Le champ de l’Alouette.

Feuillet 55, verso. — I. Le champ de l’Alouette.

Après cette phrase : Si je pouvais la revoir avant de mourir ! un ajouté emplissant la marge et continuant jusqu’à : Est-ce que je ne la reverrai pas auparavant ? Puis le reste du texte, barré, se reliait primitivement au feuillet numéroté actuellement 70. L’intervalle occupé par ces 15 feuillets comprend : la fin du chapitre i, le chapitre ii, modifié en 1860-1862, le chapitre iii, écrit en 1846-1848, mais intercalé dans la première version, et le chapitre iv, dont les deux premières pages datent de 1860-1862.

Dans le texte de 1847, Marius, à sa première promenade au champ de l’Alouette, rencontrait, par hasard, Époninequi, ayant découvert l’adresse de Cosette par l’entremise de Brujon[2], y menait tout de suite Marius.

Feuillet 58. — II. Formation embryonnaire des crimes dans l’incubation des prisons.

Ce chapitre a été remanié en 1860-1862.

Voici, de la première version, un passage pouvant donner une idée de l’enchaînement primitif :

II

en irlande


Presque à la même époque où ceci se passait sur le boulevard de l’Hôpital, les surveillants de la Force avaient l’œil ouvert sur un nommé Brujon, l’un des détenue de la cour Charlemagne. Ce nom est un des souvenirs de la Force.

Le texte suit comme dans la version publiée, sauf les noms des trois complices de Brujon : Jauffrignon, Badin et Chamborgasse. De plus, ce n’était pas à Babet que Brujon envoyait son billet « En Irlande », mais à Claquesous, nommé d’abord Lebras, dit Ferréol.

Feuillet 67. — III. Apparition au père Mabeuf.

Avant de commencer ce chapitre, une note en marge :

À ajouter après : Je ne la reverrai pas auparavant.

Cette note, se rapportant à l’ajouté du feuillet 55 mentionné plus haut, indique que le chapitre m est postérieur à la première version.

Feuillet 70. — IV. Apparition à Marius.

Suite de la version de 1847. Ce feuillet est chiffré O ; dans le rond de l’O, Victor Hugo a dessiné une tête.

LIVRE III. — LA MAISON DE LA RUE PLUMET.


Le texte des sept premiers chapitres de ce livre se suivait sans interruption en 1847 ; les divisions ont été ajoutées plus tard entre les lignes. Le huitième chapitre a été écrit vers 1860.

Feuillet 71, verso. — I. La maison à secret.

En regard du début de ce chapitre, un petit plan très sommaire de la maison de la rue Plumet ; un ajouté collé en marge est numéroté 72 ; le feuillet 73 contenant la table du livre III vient couper le texte du premier chapitre.

Feuillet 75, verso, et 76. — II. Jean Valjean garde national.

Nous sommes forcé de décrire ces deux feuillets ensemble, les ajoutés, les interversions y sont en si grand nombre que Victor Hugo a dû avoir recours au numérotage pour faciliter la copie.

Il n’était pas question, dans la version de 1847, de Jean Valjean garde national ; or, dans la cinquième partie datant, nous l’avons dit, de 1860-1862, l’uniforme de Jean Valjean sert à sauver un des insurgés, il fallait bien préparer cet incident ; le verso du feuillet 75 terminant le chapitre ii étant complètement rempli, Victor Hugo dut, en révisant, écrire tout ce qui est relatif au service de Jean Valjean garde national en marge du feuillet 76. Il y ajouta même un bout de papier qui forme le feuillet 77.

Feuillet 76, verso. — III. Follis ac frondibus.

Toute la fin du chapitre, depuis : Rien n’est petit en effet, a été ajoutée en marge.

Sous la dernière ligne cette note au crayon :

Finir ici le chapitre.

Feuillet 80. — IV. Changement de grille.

Un fragment de papier collé sur le feuillet 79 contient les passages sur Fantine depuis :

C’est peut-être ma mère, cet homme-là.

Feuillet 82. — V. La rose s’aperçoit qu’elle est une machine de guerre.

Vers la fin du chapitre, quelques lignes rayées après cette réponse de Cosette :

Oh ! par exemple, non, je ne remettrai jamais ces horreurs !

Eh bien, reprit Jean Valjean, donne-les-moi.

Ah ! je le veux bien ! s’écria Cosette. Mais qu’est-ce que vous en ferez ?

C’est mon affaire'.

Je comprends, père. C’est pour un pauvre.

Oui, répondit-il, pour un pauvre.

Jean Valjean se retira ce soir-là de bonne heure. Il emporta « ces horreurs » les anciennes nippes de Cosette dans sa chambre, et quand il y fut seul, il prit la pauvre robe de mérinos et le pauvre chapeau de peluche, ces horreurs, les étala sur son grabat avec un douloureux et navrant sourire, et les baisa ; puis sa vénérable tête blanche tomba sur cette défroque, et s il y eût eu quelqu’un dans la chambre en ce moment-là, on eut entendu le bon vieux homme pleurer à sanglots.

Son cœur crevait. Il n’eût pu dire ce qu’il avait. Il éprouvait ce qu’on éprouve devant les vêtements de son enfant mort.

Il serra cette robe et ce chapeau dans une armoire qu’on n’ouvrait jamais, et quand il eut retiré la clef de cette armoire, il lui sembla que c’était une tombe qu’il venait de fermer, et qu’il avait mis là son bonheur.

Une note, dont les derniers mots sont illisibles, en regard de ces ratures :

Peut-être réserver ceci pour après sa …[3] de Cosette.

À la fin de la cinquième partie, en effet, Jean Valjean, avant de mourir, étale sur son lit les vêtements de Cosette enfant.

Feuillet 86. — VIII. La cadène.

En tête du chapitre cette note :

Ceci est l’appendice ab, bc, cd, ef, fg, qui doit faire suite au premier recto du feuillet K5 après : en souriant.

Cet appendice ferait la fin d’un livre.

Cette indication a été suivie. Le feuillet R5, chiffré 85, finit le chapitre vii ; le verso qui, avant l’intercalation de la cadène, enchaînait le chapitre vii au début du livre suivant, a été entièrement biffé et Va appendice » a fait la fin du livre III.

Feuillet 88. — En marge de ce feuillet commençant par : Donc, un matin d’octobre…, nous lisons cette petite note entre parenthèses :

14 octobre 1860. Matin, 11 heures.

J’écris ceci pendant qu’une toute petite araignée grosse comme une tête d’épingle erre sur mon papier, évitant le bec de ma plume.

Notons qu’en octobre 1860, Victor Hugo n’avait pas encore trouvé le nom définitif de Jean Valjean et écrivait encore : Vlajean.

LIVRE IV.

secours d’en bas peut être secours d’en haut.


Écrit moitié à Paris, moitié en exil.

Feuillets 104-105. — I. Blessure au dehors, guérison au dedans.

Victor Hugo a recopié sur ces deux pages, en 1860-1862, le verso biffé du feuillet 85, dont nous avons parlé plus haut. Il n’y a ajouté que les deux derniers alinéas terminant le chapitre i. Au bas du feuillet 105, cette note :

Ici le chapitre Gavroche. — Jean Valjean et Claqnesom. — Montparnasse.

Victor Hugo n’avait d’abord montré qu’un trio de bandits ; plus tard il créa Montparnasse ; mais au cours du chapitre ii, le nom de Claquesous se trouve toujours biffé sur le manuscrit et remplacé par celui de Montparnasse.

Le deuxième chapitre date tout entier de Guernesey.

LIVRE V.

dont la fin ne ressemble pas au commencement.


Tout ce livre est de la première période, moins quelques pensées ajoutées çà et là au cours du chapitre iv.

Pourtant, au début du livre, des remaniements et des interversions ont bouleversé l’ordre des deux premiers feuillets ; le premier chapitre : La solitude et la caserne combinées, suivait dans la version de 1847 le chapitre : Blessure au dehors, guérison au dedans ; l’agression de Montparnasse est venue s’intercaler entre ces deux chapitres.

À la table du livre V, les titres des chapitres ii et iii s’enchaînaient ainsi :

Peurs de Cosette enrichies des commentaires de Toussaint.

Feuillets 128 à 145. — IV. Un cœur sous une pierre.

Quinze des pensées d’ordre général qui composent ce chapitre sont antérieures au roman même, et semblent détachées du dossier Amour faisant partie d’un ouvrage encore inédit : Tas de pierres. On y distingue quatre écritures différentes, sans compter celle de 1860-1862.

Dans les intervalles ménagés entre les divers fragments de papier contenant ces pensées, Victor Hugo a introduit çà et là le texte se rapportant directement aux Misérables.

LIVRE VI — LE PETIT GAVROCHE.


Le livre vi, moins le premier chapitre, a été écrit en 1847.

Feuillet 147. — Une note au bas de ce feuillet, paginé autrefois U* et terminant le livre V :

(Finir ici le livre).

Commencer le livre suivant par l’intercalation U5 bis-U5 ter. Depuis 1823 jusqu’à : dans les rues.

Les mots soulignés commencent et finissent le premier chapitre : Méchante espièglerie du Vent, écrit en 1860-1862. Au verso du feuillet 147, on lit le début du chapitre ii, que viennent couper le titre du livre et le premier chapitre. Dans la version primitive, les enfants trouvés par Gavroche n’étaient pas ses frères, mais « deux petits déguenillés qui demandaient la charité ».

Feuillet 154. — II. Où le petit Gavroche tire parti de Napoléon-le-Grand.

Note sous le titre :

Le commencement de ce chapitre : Le printemps à Paris, etc., est au deuxième verso du feuillet U5.

Ce feuillet, venant immédiatement après le premier chapitre, débute en effet par :

Les deux enfants se remirent en marche en pleurant.

Beaucoup d’intercalations et de développements dans ce chapitre, notamment la rencontre de Montparnasse, le parallèle entre l’idée de Napoléon faisant de l’éléphant un symbole et Dieu en faisant un abri, l’énumération des « emprunts » successifs de Gavroche au Jardin des Plantes, et les plaisanteries rassurantes qu’il fait à ses « mômes ».

Au milieu du texte de 1847, un ajouté, datant de Guernesey, depuis ces mots : Un instant après, le perruquier lui revenant… jusqu’à : Attrapé ! (Voir pages 125-126.)

C’était d’abord Panchaud que Gavroche rencontrait, puis le nom de Claquesous a été écrit en surcharge, et en dernier lieu Montparnasse.

Feuillet 157, verso. — Note au crayon :

Ajouter quelque chose. Rappeler Babet.

Cette note a motivé l’intercalation d’une page entière à partir de : Sais-tu où je vas ? Feuillet 164, verso. — III. Les péripéties de l’évasion.

Nombreux ajoutés au courant de ce chapitre. Pas de division séparant les chapitres ii et iii. Quand on apprend à Thénardier que c’est son fils qui vient de le sauver, sa fibre paternelle se révèle par ce cri :

Bah ! crois-tu ? Je ne suis pas fâché de ne pas l’avoir reconnu.

La fin de cette phrase est rayée.

LIVRE VII. — L’ARGOT.


Ce livre a été augmenté du double à Guernesey et revu deux fois ; de nombreux ajoutés sont venus souvent couper le texte de la première version qui, à la fin de 1847, commençait ainsi :

Lorsqu’il y a vingt ans le narrateur de cette grave et sombre histoire introduisait au milieu d’un ouvrage…

Au-dessus du nombre rayé, Victor Hugo a écrit à l’encre rouge : trente-trois. Un an plus tard, nouvelle rature et le nombre définitif : trente-quatre.

L’ouvrage dont il parlait était Le dernier jour d’un condamné, publié en 1828.

Feuillet 171, verso. — I. Origine.

Outre sa marge entièrement remplie, tantôt à l’encre rouge, tantôt à l’encre noire, le verso du feuillet 171 contient quatre ajoutés collés les uns aux autres et qui portent les numéros 172, 173, 174, 175.

L’argot de l’huissier des îles normandes a été cité d’après un fragment de journal collé en marge du manuscrit, et mentionnant un Arrêt de la cour royale de Guernesey, séance du 2 mai 1857.

Feuillet 178. — II. Racines.

Avant l’alinéa commençant par : Veut-on de l’espagnol ? cette date en marge : 1er janvier 1848.

Un peu au-dessous, en regard des origines philologiques de l’argot, cette observation :

Vérifier et compléter.

Feuillets 179-180-182. — Contiennent une intercalation sur les lirlonfa, écrite vers 1862 et placée au milieu du texte de 1848.

Une page blanche est chiffrée 181.

Les quatre derniers alinéas de ce chapitre datent de Guernesey.

Feuillet 184, verso. — III. Argot qui pleure et argot qui rit.

Ce chapitre, depuis le commencement jusqu’à : L’examen de la haine ; chose terrible ! est de 1848. La première partie, contenant sous ses ratures les éléments du chapitre iv, a été modifiée et très développée à la révision.

LIVRE VIII.

les enchantements et les désolations.


Tout ce livre, moins deux feuillets du premier chapitre et le chapitre v entier, a été écrit en 1848. Quelques développements ont été ajoutés plus tard.

Feuillet 198. — II. L’étourdissement du bonheur complet.

Les nombreux ajoutés de ce feuillet sont numérotés de 1 à 11 ; la marge remplie ne suffisant pas, un fragment de papier est collé au bas de la page.

Feuillet 200. — IV. Cab roule en anglais et jappe en argot.

Les bandits dont il est question dans ce chapitre n’étaient que quatre dans la version primitive : Thénardier, Claquesous, Bigrenaille et Brujon.

Feuillet 207. — VII. Le vieux cœur et le jeune cœur en présence.

Autre titre : Don Juan Nestor.

Au verso du feuillet 207, sous les ratures, on lit le résumé du chapitre vi : Le remplaçant (troisième partie, livre V). En 1848, Victor Hugo avait brièvement exposé le plan, manqué d’ailleurs, de Mlle Gillenormand substituant Théodule, nommé d’abord Ernest, à Marius.

Plus tard il a développé en un chapitre l’entrevue du lancier et du grand-père, et a naturellement biffé l’ébauche de 1848.

Feuillet 211. — Il termine le livre VIII ; au verso commence le livre IX, comme l’indique une note en tête du titre du livre :

La première page de ce livre est au verso du livre précédent.

LIVRE X. — LE 5 JUIN 1832.


Le premier début du livre X est écrit au verso du feuillet 216 terminant le livre IX, mais ce début, complètement biffé, a été repris en partie à la fin du chapitre II : Le fond de la question. La suite du verso 216 se retrouve seize pages plus loin.

Le livre X semble dater, en grande partie, de 1860-1862, puisque, sur dix-sept feuillets, nous en lisons onze de la grosse écriture. En réalité, les opinions de r« école du bon sens » (chapitres i et ii), sont faciles à découvrir sous les ratures de 1848 ; il n’y a de différence entre les deux textes que celle qui sépare le républicain de 1848 du proscrit éprouvé et mûri par les événements. Du reste, toutes les modifications de 1860 sont indiquées dans ces notes au crayon, prises à Guernesey, en marge des feuillets écrits en 1848 :

Être peu partisan de l’émeute — si souvent feu de paille.

Émeute — Révolution. — Distinguer l’émeute de la Révolution. L’émeute a souvent tort. La révolution a toujours raison.

L’une s’appelle Colère. L’autre s’appelle Droit.

L’émeute crie : Hébert. La révolution crie : Danton.



L’émeute ne produit rien. La révolution au contraire.

Différence de Mazaniello à Danton.



Commencer ainsi :

Les premières années de L. P. ont reçu de cette Bouche de Tout-le-Monde qui n’est pas précisément la Voix du Peuple, mais qui lui ressemble, ce nom caractéristique : « le Temps des Émeutes. »

À ne les considérer que sous un point de vue restreint, les émeutes, etc.

Au bas d’un feuillet, cette dernière note, entièrement rayée, est précédée de ces mots :

Revoir — modifier.

Feuillet 231. — II. Le fond de la question.

Au milieu de considérations anciennes sur les émeutes, ce passage, écrit en 1848, non rayé et non publié :

Ces épopées se payaient trop cher, nous l’avons fait voir. Elles grandissaient Paris peut-être, mais elles diminuaient la France. À coup sûr du moins, elles l’affaiblissaient. À la bourgeoisie qui est surtout frappée des conséquences financières, il faut répéter que la moindre émeute coûtait cent vingt millions, de même qu’une année de famine en coûte douze cents, et il faut ajouter, puisque c’est la bourgeoisie qui gouverne, que, de même qu’une bonne administration de la terre peut empêcher la famine, une sage administration des esprits peut empêcher l’émeute. Ceci pour l’avenir.

LIVRE XI. — L’ATOME FRATERNISE AVEC L’OURAGAN.

Autre titre : L’Atome entre dans l’ouragan.)

Ce livre, sauf quelques ajoutés, est tout entier de 1848.

Feuillet 236. — Titre-table contenant quelques variantes :

II. Gavroche en marche.

Autres titres : Sorcières autrefois, portières aujourd’hui. — Dignes d’une insurrection où passerait le Thane de Glamis.

VI. Recrues.

Autre titre : Survenue d’un grand gris et d’un petit pâle.

Note au coin du feuillet 236 :

La dernière page du livre précédent est au 1er recto du 1er feuillet, et le 1er chapitre du livre suivant[4] termine le dernier feuillet 06[5]

Feuillet 237, verso. — I. Quelques éclaircissements sur les origines de la poésie de Gavroche.

Tout le texte compris entre la chanson de Gavroche et l’incident du perruquier effrayé n’existait pas dans le manuscrit primitif, et remplit pour le premier chapitre toute la marge du feuillet 237, et pour le chapitre ii une suite de six fragments de papier collés les uns sous les autres et numérotés 238, 238bis, 239, 239bis, 240, 240bis, 241.

Au bas du feuillet suivant, dans le chapitre iv, un ajouté numéroté 243.

Feuillet 244, verso. — V. Le vieillard.

La chanson terminant ce chapitre, écrite en 1860-1862 sur un fragment collé au bas du feuillet, n’avait d’abord qu’un couplet qui a été repris en partie et publié dans Toute la lyre. Le voici :

Un bon bourgeois est un veau
Qui s’enrhume du cerveau.
Et beugle, geint, bave et pleure
Sur les rois, fiacres à l’heure.
Sur sa caisse, et sur la fin
Du monde où l’on avait faim.

LIVRE XII. — CORINTHE.


Le livre XII, moins le chapitre ii et deux pages du chapitre iv, est de 1846-1848.

Feuillet 246, verso. — I. Histoire de Corinthe depuis sa fondation.

Cette variante dans le premier vers du quatrain sur Mme Hucheloup :

Elle empeste à dix pas, elle empoisonne à deux.

Tout le verso du feuillet 246 est rayé, et le texte, repris et développé en marge, est suivi de douze pages écrites en exil, constituant la presque totalité du chapitre ii. On se rendra compte de l’importance de cet ajouté en se reportant page 265 de ce volume, au vers :

Régale si tu peux et mange si tu l’oses.

Ce vers était suivi de ce passage, transformé depuis :

Joly et Grantaire entrés à Corinthe pour déjeuner n’en étaient plus sortis. Ils y étaient seuls depuis le matin, les autres étant allés « voir les événements » ; la table où ils s’accoudaient était couverte de bouteilles vides. Deux chandelles y brûlaient, l’une dans un bougeoir de cuivre parfaitement vert, l’autre dans le goulot d’une carafe fêlée. Nom devons à la vérité de dire que vers deux heures après-midi, Joly et Grantaire étaient prodigieusement gais. Ils trinquaient, et Grantaire à cheval sur un tabouret, sa cravate défaite, les deux bras étendus, le verre à la main, jetait à la grosse servante Laure[6] ces paroles solennelles : — Qu’on ouvre les portes du palais ! Que tout le monde soit de l’Académie française, et ait le droit d’embrasser madame Hucheloup ! Buvons !

Et Joly s’écriait :

Qui donc a décroché les étoiles sans ma permission ?

Le verso du feuillet 246 s’enchaînait au feuillet actuellement numéroté 261.

Feuillet 261. — III.

Quelques ratures sous lesquelles nous découvrons l’antipathie de Victor Hugo pour les parapluies :

Bossuet était descendu au-devant de Courfeyrac.

Tiens ! dit Laigle de Meaux, tu vas t’enrhumer. Pas de parapluie !

Courfeyrac haussa les épaules. L’école romantique, dont il était, a toujours haï et méprisé les parapluies.

Un parapluie ! fit-il, jamais ! plutôt la tombe !

Tu as tort, dit Bossuet, c’est élégant. Tu ne connais donc pas le grand chic anglais, un immense riflard ?

Le texte de 1848 se poursuit jusqu’à : Va dormir ailleurs ! cria Enjolras.

Après quoi nous trouvons une intercalation de trois feuillets, constituant en grande partie le chapitre iv. L’écriture de 1848 reprend au feuillet 264.

Feuillet 271. — VI. En attendant.

Les vers qui font de ce chapitre un des plus charmants du roman, n’étaient pas d’abord destinés aux Misérables. La double feuille qui les contient est datée au bas 12 9bre 1846, et porte en tête, outre le titre : Chanson, cette mention, d’une grosse écriture : Ajouter Prouvaire à l’énumération des insurgés. Il semble que ce dernier personnage ait été créé pour mêler un peu de poésie à cette sombre épopée. En marge de la chanson, et d’une encre plus noire, sans doute en 1848, Victor Hugo a ébauché les quelques lignes d’en-tête du chapitre vi ; puis, en 1860-1862, il a biffé le tout, placé avant l’ancienne version deux feuillets sur lesquels il a récrit le début, recopié les vers à l’encre rouge, et terminé son chapitre. Deux strophes offrent quelques variantes ; nous les donnons en petits caractères au-dessus du texte imprimé :

Nous vivions cachés, contents, porte close. toi, coquette, rose,
Dévorant l’amour, bon fruit défenduFolle, tendre, et moi, d’amour éperdu.

La première fois qu’en mon joyeux Oh ! le premier jour qu’en mon charmant bouge
Je pris un baiser à ta lèvre en feu,
Quand tu t’en allas, décoiffée et Tu revins chez toi, pensive et très rouge.
Je restai Moi, j’étais tout pâle et je crus en j’adorais Dieu…

Le chapitre vii a été écrit en 1847-1848 sur le reste du papier employé pour la « chanson ».

Feuillet 274. — VIII. Plusieurs points d’interrogation…

Au début, ratures résumant l’ajouté marginal des deux premiers paragraphes. Au bas du verso quelques lignes rayées sont reportées et développées plus loin.

LIVRE XIII. — MARIUS ENTRE DANS L’OMBRE.

Autre titre : Passage du blanc au noir.)

Livre écrit en 1847-1848, moins cinq feuillets ajoutés au chapitre iii.

Le livre XIII suit, sans division, la fin du dernier chapitre du livre XII, et le titre du premier chapitre est écrit entre les lignes. Le titre-table ne vient que deux pages plus loin.

Feuillet 280. — III. L’extrême bord.

Au bas du verso de ce feuillet, après l’exclamation : Marche donc, lâche ! on lit une note rayée et très significative :

(Note pour moi.)

Ici relever l’insurrection. La patrie se plaint, soit. Mais l’humanité vous dit : Va ! Il ne s’agit plus d’un territoire sacré, mais d’une idée sainte ! La France saigne, mais la liberté sourit.

Ces lignes indiquent clairement le genre de modifications que ce chapitre, écrit en 1848, a subies en 1861. À quoi bon en effet avoir ouvert les yeux à Marius, l’avoir introduit dans le groupe des jeunes révolutionnaires, s’il devait les désavouer au moment de l’action ? La note citée plus haut est suivie de cinq pages dans lesquelles réapparaît un Marius converti aux nouvelles idées de progrès.

LIVRE XIV. — LES GRANDEURS DU DÉSESPOIR.


Ce livre est le dernier que Victor Hugo ait écrit en 1848. Quelques ajoutés datent de la révision.

Au titre-table, deux variantes aux deux premiers chapitres :

Le drapeau rouge abattu.

Le drapeau rouge relevé.

Feuillet 289, verso. — IV. Le baril de poudre.

Au bas de ce feuillet et au haut du feuillet suivant, ratures contenant la fin du chapitre, recopiée plus loin et augmentée de l’intervention d’Éponine sauvant Marius.

Feuillet 291. — V. Fin des vers de Jean Prouvaire.

La note que nous avons citée page 378 montre que Jean Prouvaire avait été « ajouté » aux insurgés. Le titre du chapitre v n’existe donc pas sur le manuscrit de 1848, et un ajouté marginal nous donne le récit de sa mort.

Feuillet 292. — Ajouté en 1860-1862 et donnant des détails sur la blessure d’Éponine.

Le chapitre suivant continue sans indication.

Feuillet 294, verso. — VII. Gavroche profond calculateur des distances.

Une note commencée au bas du feuillet terminant ce chapitre et achevée en tête du feuillet 298 nous donne cette indication précieuse :

14 février (1848).
Ici le pair de France s’est interrompu,
et le proscrit a continué.

30 décembre 1860.
Guernesey.

Les feuillets numérotés 295, 296 et 297, donnant, le premier, le titre du livre XV, les deux autres un brouillon, viennent couper cette note.

LIVRE XV. — LA RUE DE L’HOMME-ARMÉ.


Ce livre est tout entier de l’exil, moins un petit brouillon du début du chapitre i, placé en tête et au haut duquel Victor Hugo a écrit :

Ceci a été écrit le 21 février 1848.

Au bas, une observation.

(Il y a, je crois, quelque part, la redingote de Marius. Marius n’a qu’un habit. Vérifier.)

Feuillet 299. — I. Buvard, bavard.

En marge de l’alinéa commençant par : Le logement de la rue de l’Homme-Armé… cette date : 1er janvier 1861.



Récapitulation des chapitres écrits en 1847-1848 et en 1860-1862 :
quatrième partie
1847-1848. 1860-1862.
Livre Ier : chapitres i, v.
Livre II : complet.
Livre III : chapitres i, ii, iii, iv, v, vi, vii.
Livre IV : chapitre i.
Livre V : complet.
Livre VI : chapitres ii, iii.
Livre VII : chapitres i, ii (en partie attribué à 1851), iii (en partie).
Livre VIII : chapitres i (en partie), ii, iii, iv, vi, vii.
Livre IX : complet.
Livre X : modifié en 1860-1862.
Livre XI : complet.
Livre XII : chapitres i, iii, iv (en partie), v, vi, vii, viii.
Livre XIII : complet.
Livre XIV : complet, et modifié en 1860-1862.
Livre Ier : chapitres ii, iii, iv, vi.

Livre III : chapitre viii.
Livre IV : chapitre ii.

Livre VI : chapitre i.
Livre VII : chapitre ii (en partie), iii (en partie), iv.
Livre VIII : chapitre i (en partie), v.

Livre XII : chapitres ii, iv (en partie).

Livre XV : complet.


  1. La Bibliothèque nationale a paginé deux fois le même feuillet.
  2. Nous venons de dire que le chapitre En Irlande précédait le Champ de l’Alouette.
  3. Mot illisible.
  4. Corinthe.
  5. Verso du feuillet actuellement paginé 245.
  6. Premier nom de l’unique servante de Corinthe, le personnalise Je Gibelotte ayant été ajouté plus tard.