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Les Mystères du confessionnal/Dissertation sur le sixième commandement

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Imprimerie E.-J. Carlier (p. 13-14).


DISSERTATION
SUR LE SIXIÈME COMMANDEMENT


Cette lubrique matière étant toujours dangereuse, à cause de notre fragilité, on ne doit l’étudier que par nécessité, avec prudence, pour une fin louable et après avoir invoqué l’assistance divine. Quiconque présumant trop de ses propres forces s’y livrerait en téméraire et sans discernement, s’exposerait à des chutes presqu’inévitables, d’après la sentence des livres saints (Eccl. 3.27) : Celui qui aime le danger y périra. Il faut invoquer fréquemment le secours de la très Sainte-Vierge, surtout au commencement des tentations qui peuvent surgir. Il faut recourir à une prière comme la suivante :

Ô Vierge très-pure, par votre très-sainte virginité et votre conception immaculée, purifiez mon cœur et ma chair.

Le sixième et le neuvième précepte du décalogue qui se trouvent renfermés au chapitre 20 de l’exode v. 14 et 17, ayant évidemment le même objectif, nous avons cru devoir les traiter dans un seul titre.


VIe PRÉCEPTE

Luxurieux point ne seras
De corps ni de consentement.


IXe PRÉCEPTE

L’œuvre de chair ne désireras
Qu’en mariage seulement.


De même qu’en prohibant le vol on défend toute usurpation du bien d’autrui, de même, en prohibant l’adultère on réprouve tout acte opposé à la chasteté.

La chasteté, qui tire son nom du mot chatier parce quelle réfrène les concupiscences, dit Saint-Thomas 22, 9, 151, art. 1, est une vertu morale qui met les plaisirs vénériens sous l’empire de la raison.

C’est une vertu spéciale, car elle a un but distinct ; elle a pour annexe la pudeur qui, parrespect pour les hommes, couvre d’un voile discret même les choses permises.

On peut considérer la chasteté à un triple point de vue la chasteté conjugale, celle des veufs et celle des vierges. La chasteté conjugale subordonne à la raison l’usage du mariage. Celle des veufs consiste dans l’abstention de tout plaisir vénérien après la dissolution du mariage. La chasteté virginale ajoute à cette parfaite abstinence l’intégrité de la chair. La virginité peut donc être considérée comme un état ou comme une vertu. Comme état, elle consiste dans l’intégrité de la chair, c’est-à-dire dans l’abstinence de tout acte vénérien consommé ; comme vertu, c’est la parfaite abstinence de toute action volontaire ou de tout plaisir opposé à la chasteté avec la résolution de rester toujours dans cette abstinence.

L’état de virginité est donc très-distinct de la vertu de ce nom.

Il peut être détruit par des actes involontaires comme le viol, et, une fois perdu, il ne peut se recouvrer, car on ne saurait rétablir l’intégrité de la chair. Aussi, ceux et celles qui ont été mariés ou les gens qui ont accompli l’œuvre de chair hors du mariage ne peuvent être appelés vierges, seraient-ils devenus saints par le repentir.

La vertu virginale, au contraire, lésée par le péché qui lui est opposé, mais qui n’a pas été consommé, ou par un projet de mariage, se rétablit par la remise du péché, ou par le retour à la résolution. de rester chaste à l’avenir. Et, comme la vertu ne consiste pas dans une disposition du corps, mais bien de l’âme, elle se conserve malgré des actes involontaires qui font disparaître l’état de vierge. D’où il suit que l’auréole de gloire préparée, dans le ciel, pour les vierges, ne sera jamais décernée à ceux ou à celles qui, bien que saints, auront été mariés ou qui auront accompli volontairement l’œuvre de chair hors du mariage ; mais elle sera le partage de ceux et de celles qui auront conservé cette vertu ou qui l’auront recouvrée. Ce n’est donc nullement par un fait involontaire et par suite de violences que les vierges ont repoussées de toutes leurs forces, qu’elles perdent leurs droits à cette auréole.

La luxure, qui aurait pu être consommée bien qu’elle ne l’ait pas été, qu’elle soit naturelle ou non, est, en général, contraire à la chasteté. C’est pourquoi nous traiterons :

1o De la luxure en général ;

2o Des différentes espèces de luxure consommée ;

3o Des différentes espèces de luxure consommée contre nature ;

4o Des péchés de luxure non consommée ;

5o Des causes et effets de la luxure, de ses remèdes.