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Les Pères de l’Église/Tome 8/Fragment du Traité contre l’hérésie de Noétius (saint Hippolyte)

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Texte établi par M. de GenoudeAdrien Le Clère, Sapia (Tome huitièmep. 61-80).

FRAGMENT DU TRAITÉ DE SAINT HIPPOLYTE CONTRE L’HÉRÉSIE DE NOÉTIUS.[1]


I. Quelques-uns ont mis en avant une autre doctrine, se faisant les disciples et l’écho d’un certain Noétius, mort depuis peu, et qui était originaire de Smyrne. Ce Noétius, tout gonflé d’orgueil, se disait inspiré par un génie particulier. Il soutenait que le Christ était la même personne que le Père, et que le Père, comme le Fils, s’était fait homme et avait souffert. Et voyez où l’ont conduit l’engoûment de son orgueil et l’inspiration de cet étrange génie. Ses actions nous ont assez fait voir qu’il ne parlait pas avec un cœur pur ; car celui qui blasphème contre le Saint-Esprit s’est déshérité lui-même du ciel. Il disait qu’il était Moïse, et que son frère était Aaron. Quelques saints prêtres l’ayant entendu professer de pareilles erreurs, l’amenèrent devant les chefs de notre Église, et firent un examen de sa doctrine. Alors, s’enveloppant de détours, il soutint que dans le fond ce n’était point là ce qu’il avait voulu dire. Quelque temps après, il revint à sa première erreur, et ayant rassemblé autour de lui quelques sectaires qui partageaient son erreur, il voulait soutenir publiquement son hérésie. Les prêtres le citèrent de nouveau au tribunal de l’Église, où il fut réprimandé. Cependant il résistait, en disant : Quel mal puis-je faire si je continue de vénérer le Christ ? Mais les prêtres, chargés de le juger, lui répondaient : Nous savons qu’il n’y a qu’un seul Dieu ; nous savons que le Christ, son Fils, a souffert comme il a souffert ; qu’il est mort ainsi qu’il est mort ; et qu’il est ressuscité le troisième jour, qu’il est assis à la droite du Père, et qu’il viendra juger les vivants et les morts. Nous disons cela, parce que l’Église nous l’a appris. L’ayant ainsi convaincu d’hérésie, ils le retranchèrent de la communauté des fidèles, auxquels il voulait, dans l’égarement de son orgueil, communiquer ses erreurs.

II. Ces sectateurs de Noétius font donc tous leurs efforts pour établir leur hérésie ; et ils cherchent à s’appuyer de ce qui est dit dans la loi[2] : « Je suis le Dieu de vos pères : vous n’aurez pas d’autres dieux que moi. » Et encore dans un autre endroit : « Je suis le premier et le dernier ; et après moi, il n’y en a aucun autre[3]. » Ils allèguent que ces passages prouvent qu’il n’y a qu’un seul Dieu ; et ils ajoutent : « Si nous confessons que le Christ est Dieu, il faudra bien en conclure qu’il est le Père, puisqu’il est Dieu. Le Christ-Dieu a souffert dans sa passion ; donc le Père aussi a souffert ; car il était le Père lui-même. » Mais c’est-là une erreur, et les Écritures ne parlent point dans ce sens. Ils présentent encore d’autres sophismes : ainsi, disent-ils, il est encore écrit[4] : « C’est lui qui est notre Dieu, et nul autre ne subsistera devant lui, si on le compare à lui. C’est lui qui a trouvé toutes les voies de la vraie science, et qui l’a donnée à Jacob, son serviteur, et à Israël, son bien-aimé. Après cela, il a été vu sur la terre, et il a conversé avec les hommes. » Vous voyez bien, disent-ils, que c’est-là le Dieu qui est seul et unique, le même qui, plus tard, a été vu sur la terre, et qui a conversé avec les hommes. Et dans un autre endroit, il est dit encore[5] : « L’Égypte, avec tous ses travaux, l’Éthiopie, avec son trafic, et Saba, avec ses hommes d’une haute taille, tous ces peuples passeront vers vous, ô Israël ! ils seront à vous ; ils marcheront après vous ; ils viendront les fers aux mains ; ils se prosterneront devant vous, et ils vous prieront avec soumission ; ils diront : Il n’y a de Dieu que chez vous, et il n’y a point d’autre Dieu que le vôtre. » Ainsi, vous le voyez, nous disent-ils encore, comme les Écritures annoncent toujours un seul Dieu ! Ainsi, voilà leurs aveux bien connus ; après avoir posé la question d’après les dires de nos adversaires, nous allons la soumettre à un sérieux examen. Ils disent donc que le Christ était Dieu, et que, quoiqu’il fût Dieu, il a souffert pour nous, afin de nous sauver. Et ils confessent qu’ils ne peuvent dire autrement, puisque l’Apôtre lui-même confesse un seul et unique Dieu, lorsqu’il dit[6] : « De qui les Patriarches sont les pères, et desquels est sorti selon la chair Jésus-Christ même, qui est Dieu, au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles. »

III. Telles sont les autorités qu’ils nous opposent en altérant tous les textes, comme fit Théodotus, qui voulait prouver que le Christ n’était qu’un homme. Mais ni les uns ni les autres n’ont entendu le sens des saintes Écritures ; et leur ignorance même étant démontrée, elle devient une preuve de plus en faveur de la vérité. Voyez, en effet, mes frères, quel sophisme téméraire et dangereux ils ont avoué, quand ils ont dit avec impudence : Le Christ est le Père ; il est le Fils ; c’est lui qui a souffert, et qui est ressuscité d’entre les morts. Mais ce n’est pas là le véritable sens : les Écritures parlent juste ; mais Noétius les explique à sa guise, et leur fait dire tout autre chose. Mais faut-il rejeter les Écritures, parce que Noétius ne les entend pas ? Quel Chrétien, en effet, ne confesse pas un seul Dieu ; mais de là s’ensuit-il qu’il nie le véritable sens de l’Incarnation ? Rétablissons donc d’abord le vrai sens des textes ; exposons d’abord comment il faut entendre que Dieu le Père est un seul Dieu[7] « qui est le Père de tout ce qui est, de qui toutes choses tirent leur être, et qui nous a faits pour lui[8]. »

IV. Mais auparavant, commençons, comme je l’ai annoncé, par réfuter l’erreur ; nous exposerons ensuite la vérité. Il est donc dit : « L’Égypte, avec tous ses travaux, l’Éthiopie avec son trafic, et Saba…, » et ce qui suit jusqu’à cet endroit où il est dit : « Tu es le Dieu sauveur d’Israël. » Nos adversaires citent ce passage sans avoir l’intelligence de ce qui précède ; car, agissant avec ruse et malice, ils tronquent les saintes Écritures. Ils n’ont qu’à reprendre le texte dans son entier, et ils trouveront le vrai sens de la fin du passage. Le chapitre commence un peu plus haut, et c’est là où il faut se reporter pour voir à qui le prophète parle et de quoi il parle. Ainsi, on lit plus haut et au verset 11[9] : « Interrogez-moi sur mes fils et mes filles, et sur les ouvrages sortis de mes mains. C’est moi qui ai fait la terre, et qui ai créé l’homme pour l’habiter ; mes mains ont fondé les cieux ; c’est moi qui commande aux astres ; c’est moi qui le susciterai pour faire régner la justice, et qui aplanirai devant lui tous les chemins. Il rebâtira la ville qui m’est consacrée, et il renverra libres mes captifs sans rançon ni présent, ainsi dit le Dieu des armées. Voici ce que dit le Seigneur : L’Égypte avec tous ses travaux, l’Éthiopie avec son trafic, » et tout le reste du passage que nous avons déjà rapporté. De quel Dieu donc veut ici parler le prophète, si ce n’est de Jésus le Christ, Verbe du Père, et de sa venue future sur la terre ? Et plus loin, il prédit son incarnation dans ces termes : « Je l’ai suscité dans ma justice, et toutes ses voies seront équitables. » Qu’est-ce à dire ? de qui parle ici Dieu le Père ? ne parle-t-il pas du Fils, quand il dit : « Je l’ai suscité dans ma justice ? » Nous trouvons, d’ailleurs, dans les paroles de l’apôtre saint Paul la preuve qu’il faut ainsi entendre ces paroles : Je l’ai suscité dans ma justice, lorsqu’il dit[10] : « Si donc l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son esprit qui habite en vous. » Or, ici saint Paul ne fait que confirmer ce qui a été dit par le prophète : Je l’ai suscité dans ma justice. Et en disant : Dieu est en toi, il a désigné par là le mystère de l’Incarnation ; parce que, dans l’incarnation du Verbe et dans son humanité, le Père était dans le Fils et le Fils dans le Père. Ceci, mes frères, voulait dire que, véritablement, dans le mystère de l’Incarnation, accompli par l’Esprit saint et la Vierge sainte, était présent le Verbe, qui a été fait le Fils unique de Dieu. Ce n’est pas moi qui dis cela, mais bien celui qui est descendu des cieux, quand il dit : « Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, c’est-à-dire le Fils de l’Homme qui est dans le ciel[11]. » Que va donc chercher Noétius plus qu’il n’a été dit ? va-t-il nous dire que la chair était dans le ciel ? C’est donc la chair qui a été offerte en holocauste par le Verbe du Père, la chair, dis-je, provenue de la Vierge par la puissance de l’Esprit saint, c’est-à-dire le Fils de Dieu dans sa perfection. Il est donc manifeste que le Fils s’est offert au Père. Mais auparavant, il n’était pas chair dans le ciel. Quel est donc celui qui a été envoyé du ciel, si ce n’est le Verbe sans la chair, afin qu’il prouvât dans sa mission que celui qui était sur la terre était en même temps dans le ciel ? car il était en même temps Verbe, esprit et force. Aussi a-t-il été nommé dès le principe le Fils de l’Homme, même avant qu’il fût homme, parce qu’il devait le devenir, comme Daniel l’annonce quand il dit : « J’ai vu le Fils de l’Homme qui s’avançait sur les nuées[12]. » Le prophète a donc eu raison de le nommer dès-lors le Fils de l’Homme, quoiqu’il ne fût encore que le Verbe dans le ciel.

V. Noétius insiste et m’oppose un autre passage de l’Écriture, où il est dit : « C’est là le vrai Dieu, et aucun autre ne sauroit lui être comparé[13]. » Le prophète dit vrai. En effet, qui pourrait être comparé à Dieu le Père ? C’est lui qui est notre Dieu, et personne ne sauroit être égal à lui : « C’est lui qui a trouvé toutes les voies de la vraie science, et qui l’a donnée à Jacob son serviteur, et à Israël son bien-aimé[14]. » Le prophète a encore raison ici ; qui, en effet, est l’enfant de Jacob, et le bien-aimé d’Israël, si ce n’est celui que Dieu a annoncé au monde, quand il a dit : « Celui-là est mon Fils bien-aimé, dans lequel j’ai placé mon affection ; écoutez-le[15]. » C’est lui à qui le Père a communiqué toute science, lui qui est le parfait Israël et le vrai Jacob. Plus tard, il a été vu sur la terre, et il a conversé avec les hommes. Que faut-il entendre par Israël, si ce n’est l’humanité élevée jusqu’à Dieu ? Or, celui qui voit Dieu, ce ne peut être que son Fils, parfait dans son humanité, et qui seul connaît et peut révéler les profonds desseins du Père. Car si Jean dit[16] : « Nul n’a jamais vu Dieu, si ce n’est le Fils unique qui est dans le sein du Père, et qui nous l’a révélé ; » et plus loin[17] : « Lui qui est descendu du ciel, et qui a raconté ce qu’il y a vu ; » c’est donc lui à qui le Père a communiqué toute science ; qui a été vu sur la terre, et qui a conversé avec les hommes.

VI. Or, quand l’Apôtre Paul dit[18] : « De qui les Patriarches sont les pères selon la chair, lui Jésus-Christ qui est Dieu au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles : » que fait autre chose ici l’Apôtre, que raconter et expliquer en termes magnifiques ce grand mystère ! Celui qui est au-dessus de tout, c’est Dieu. (Saint Mathieu va jusqu’à dire : « C’est le Père qui m’a enseigné toutes choses[19] ; » lui, le Dieu saint, qui est au-dessus de tout ce qui est.) Le Christ a été engendré, et il s’est fait homme, et il est Dieu dans les siècles des siècles. C’est dans ce sens que saint Jean dit : « Celui qui est, qui était, et qui doit venir, le Dieu tout-puissant[20]. » C’est avec raison qu’il appelle le Christ Dieu tout-puissant. Il a parlé ainsi, dans la prévision du témoignage que rendra le Christ. « Car, dit-il, c’est moi qui dois rendre témoignage sur toutes choses qui m’ont été enseignées par mon Père[21]. » Le Christ règne sur toutes choses, et c’est par le Père qu’il a été établi dans la souveraine puissance. Il y a plus ; et saint Paul, qui enseigne que toute puissance lui a été donnée, s’exprime en ces termes[22] : « Chacun en son rang ; Jésus-Christ le premier, comme les prémices de tous ; puis ceux qui sont à lui, qui ont cru en son avénement. Ensuite viendra la consommation de toutes choses, lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père, et qu’il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance. Car Jésus-Christ doit régner jusqu’à ce que son Père lui ait mis tous ses ennemis sous les pieds. Or, la mort sera le dernier ennemi qui sera détruit. Car tout lui a été assujéti. Lors donc que tout aura été assujéti au Fils, alors le Fils sera assujéti lui-même à celui qui lui aura assujéti toutes choses ; afin que Dieu soit tout en tous. » Si donc toutes choses lui sont soumises, excepté celui qui lui a transmis la toute-puissance, il est évident qu’il a la domination universelle ; mais il est lui-même soumis à la puissance du Père, afin que l’unité de Dieu apparaisse en tout ; car c’est lui à qui tout est subordonné, jusqu’au Christ lui-même, qui règne sur toutes choses excepté sur le Père. Le Christ a parlé dans ce sens, lorsque dans l’Évangile il rend hommage à Dieu le Père, en disant[23] : « Je vais vers celui qui est mon Père et le vôtre, celui qui est mon Dieu et votre Dieu. » Si donc Noétius prétend dire que le Christ lui-même est le Père ; quel sera donc ce Père vers lequel il retourne, comme il le dit dans l’Évangile ? Que s’il veut, après cela, que nous ajoutions plus de foi à ses rêveries qu’à l’Évangile, nous lui répondrons que c’est de sa part une prétention vaine, « parce qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes[24]. »

VII. Peut-être nous objectera-t-il qu’il est dit dans l’Évangile : « Mon Père et moi nous ne faisons qu’un[25]. » Mais je lui réponds que ces mots : nous ne faisons qu’un, ne peuvent s’entendre d’un seul ; mais que Jésus-Christ a parlé ainsi pour marquer deux personnes dans une seule et unique puissance. Il a expliqué cela lui-même, lorsque, parlant à son Père au sujet de ses disciples, il dit[26] : « Et je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un. Je suis en eux, et vous en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, et que tout le monde connaisse que vous m’avez envoyé. » Que peuvent répondre à cela les partisans de Noétius ? Cela signifie-t-il que le Christ et ses disciples ne sont qu’un même corps relativement à la substance ? Non ; mais cela veut dire qu’ils ne font qu’un par leur union dans les mêmes doctrines, et par leur accord pour atteindre au même but ! C’est dans le même sens que le Christ, au sujet de ceux qui l’ont méconnu pendant son séjour sur la terre[27], a protesté qu’il était un avec le Père par la puissance et par l’amour : car le Père et le Fils n’ont qu’un même esprit. Pour nous, qui sommes remplis de l’esprit du Père, nous le croyons ainsi : ceux qui ne le sont pas n’ont pas voulu croire en Jésus-Christ. Que s’ils prétendent renouveler l’incrédulité de Philippe qui, questionnant le Christ, disait : « Montrez-nous le Père, et cela nous suffira pour croire. » Mais le Seigneur lui répondit[28] : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ! Philippe, qui me voit, voit mon Père. Comment donc pouvez-vous dire : Montrez-nous votre Père. » Voudront-ils chercher dans ces paroles l’approbation de leur hérésie, et dire que le Christ a confessé ici qu’il était le Père : mais je leur déclare qu’ils ne feront accueillir nulle part une pareille interprétation, qui est condamnée par l’Écriture. En effet, le Christ, dans toutes les circonstances, s’était proclamé Fils de Dieu en prouvant qu’il l’était ; cependant un grand nombre le méconnurent, et fermèrent les yeux à l’éclat de sa vertu divine. C’est ce que Philippe ne voulait pas comprendre, quoique la vérité en fût devant ses yeux, et il demandait à voir le Père ; c’est alors que le Seigneur lui dit : « Quoi, Philippe, depuis le temps que je suis avec vous, vous ne me connaissez pas encore ! Celui qui me voit, voit mon Père. » Ce qui veut dire : En me voyant, vous pouvez connaître mon Père. Le Père peut être connu dans l’image du Fils, qui lui ressemble. Mais si vous n’avez pas voulu connaître le Fils, qui est l’image du Père, comment connaîtrez-vous le Père ? Cela étant, tout ce que l’Évangile dit à ce sujet, soit qu’il y ait dans les mots un sens sous-entendu ou qu’il faille développer, aboutit à cette proposition, savoir : « Que le Fils a été envoyé par le Père, et qu’il devait retourner vers le Père[29]. »

VIII. Plusieurs autres passages que nous pourrions citer, que dis-je ? l’Évangile tout entier, confirme cette vérité. Il faut donc que Noétius confesse bon gré mal gré, que le Père Tout-Puissant, que Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui a été fait homme, à qui le Père a tout soumis, excepté lui-même, et enfin que l’Esprit saint, composent réellement trois personnes. Que s’il veut savoir comment l’unité de Dieu se démontre, nous lui répondrons que l’unité divine consiste dans sa puissance unique et dans sa vertu unique. Pour ce qui regarde le mystère de l’Incarnation, il y a encore une autre démonstration, que nous indiquerons bientôt, lorsque nous ferons connaître toute la vérité sur ce point. Ces choses, mes frères, nous ont été ainsi enseignées, et nous sommes tous également convaincus de leur vérité. Car il n’y a qu’un Dieu en qui il faut croire, un Dieu incréé, impassible, immortel, qui fait tout ce qu’il veut, comme il le veut, et quand il le veut. Que peut opposer à cela Noétius dans son ignorance ? Nous avons repoussé les objections de Noétius : maintenant nous allons démontrer la vérité sur le point en discussion, vérité contre laquelle tant d’hérésies se sont vainement élevées.

IX. Dieu est unique, et il n’y a que les saintes Écritures qui nous l’enseignent. De même que celui qui voudrait s’instruire dans la science mondaine, commencerait par étudier les livres des philosophes ; ainsi, nous qui voulons nous instruire dans la science de la religion, devons-nous en puiser la connaissance dans les divines Écritures. Sachons donc tout ce que disent les Écritures, et apprenons à connaître tout ce qu’elles enseignent ; croyons au Père, comme il veut que nous croyions en lui, et glorifions le Fils, comme il veut être glorifié ; recevons l’Esprit saint comme il se donne à nous, et en cela ne suivons pas notre volonté ni notre sentiment particulier, mais tâchons de comprendre les saintes Écritures comme l’Esprit saint nous les enseigne, sans chercher à donner un sens forcé aux commandements qu’il nous prescrit.

X. Dieu, dans le principe, était seul et seul éternel ; il voulut créer le monde : pour exécuter ce dessein, il lui suffit de vouloir et de dire que tout fût fait, et aussitôt tout fut fait selon sa volonté. Il doit donc nous suffire de savoir que rien n’existe de coéternel à Dieu. Il n’y avait rien d’éternel que lui ; seul, il était tout. Mais, dans sa solitude divine, il n’était pas sans raison, sans sagesse, sans puissance, sans dessein. Toutes choses étaient en lui, il était en toutes choses. Quand il le voulut, et de la manière qu’il le voulut, il manifesta son Verbe dans les temps annoncés par lui, son Verbe par lequel il a tout créé. Sa volonté crée tout ; sa pensée achève tout ; sa parole manifeste tout ; son enseignement perfectionne tout. Tout ce qui a été créé, l’a été par sa raison suprême, et embelli par sa sagesse divine. Il a donc fait toutes choses selon sa volonté ; car il était Dieu. Or il engendrait le Verbe pour être le chef, le conseil et l’ordonnateur de tout ce qui a été créé. Ce Verbe, qu’il portait en lui-même, était incompréhensible pour le monde ; créé, il le rendit compréhensible. Ensuite, tirant le son du son, et faisant sortir la lumière de la lumière même, il départit à la créature son sens divin, comme un flambeau qui devait l’éclairer : il rendit ainsi visible pour la création ce qui n’était auparavant visible que pour lui-même, afin que le monde, lorsqu’il verrait celui qui devait apparaître, pût être sauvé par lui.

XI. C’est donc ainsi qu’il s’adjoignit un autre à lui. Quand je dis un autre, je ne veux pas dire pour cela deux dieux ; mais, de même que la lumière sort de la lumière, l’eau de la source, ou le rayon du soleil, ainsi le Verbe, comme une partie de son tout, qui est le Père, s’est détaché de son tout. Or, c’est cet Esprit, ou ce sens divin, qui s’est manifesté au monde, et qui n’était que le Fils de Dieu. Tout a donc été fait par lui ; lui seul a été engendré du Père[30]. Je le demande, y a-t-il quelqu’un qui de bonne foi défende le panthéisme, c’est-à-dire le culte de cette foule de dieux imaginés dans les différents âges ? Ceux qui professent ce culte, n’en sont-ils pas tous réduits, malgré eux, à en revenir toujours à un seul Dieu ? C’est ce que confessent Valentin, Marcion, Cerimthus, malgré la frivolité de leurs discussions. Bon gré mal gré, ils sont forcés de confesser qu’il faut toujours en revenir à une cause première. Ils confessent donc la vérité malgré qu’ils en aient, c’est-à-dire qu’ils avouent qu’il n’y a qu’un Dieu, qui a créé tout suivant sa volonté. C’est lui qui a donné la loi et les prophètes ; qui a rendu ceux-ci les organes de l’Esprit saint, afin qu’inspirés de la vertu d’en haut, ils devinssent comme les hérauts des desseins et de la volonté du Père.

XII. C’était le Verbe qui inspirait les prophètes, et qui parlait de lui-même par leur bouche. Car il était lui-même son propre héraut ; il annonçait dès-lors sa venue et sa future apparition sur la terre. C’est pour cela qu’il annonçait hautement : « Je me suis manifesté à ceux qui ne me cherchaient pas ; et ceux qui ne me cherchaient pas m’ont trouvé[31]. » Or, quel est celui qui s’est manifesté, si ce n’est le Verbe du Père ? Le Père, par l’accomplissement de sa mission, a montré sa puissance aux hommes. C’est ainsi que le Verbe a été manifesté, comme le dit saint Jean, qui reproduit sommairement ce qui a été dit par les prophètes, et démontre l’identité du Verbe, par qui toutes choses ont été créées ; car il dit[32] : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. » Et plus loin, il ajoute[33] : « Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a point connu. Il est venu dans sa propre maison, et les siens ne l’ont point reçu. »

Or, si c’est lui qui a créé le monde, et, pour me servir de l’expression du prophète, « si c’est la parole du Verbe qui a affermi les cieux, » donc il est le Verbe qui a été manifesté. Donc dans le Christ nous contemplons le Verbe incarné, dans le Père nous adorons l’intelligence, nous croyons au Fils, et nous adorons le Saint-Esprit. Examinons maintenant les Écritures en ce qui concerne les prédictions relatives à la venue du Verbe sur la terre.

XIII. Voici comment parle Jérémie : « Qui donc a été admis à contempler le secret de Dieu, et à voir son Verbe[34] ? » Le Verbe, ou la Parole de Dieu, peut être vu ; celui de l’homme, ou sa parole, peut seulement être ouï. Quand le Prophète parle de voir le Verbe, il faut bien que je croie que ce Verbe a été envoyé sous une forme visible sur la terre. Or, celui qui a été envoyé, qui serait-il, si ce n’est le Verbe ? Saint Pierre atteste la vérité et la réalité de la mission du Verbe en ces termes, lorsque, parlant au centurion Cornelius, il dit[35] : « Dieu a fait entendre sa parole aux enfants d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. » Si donc le Verbe a été envoyé dans la personne du Christ, il est évident que Jésus-Christ représente la volonté du Père.

XIV. Or, c’est ainsi, mes frères, que s’expliquent les Écritures. Saint Jean, dans son Évangile, rend témoignage de l’incarnation, et confesse la divinité dans le Verbe, quand il dit[36] : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. » Si donc le Verbe était avec Dieu, et si Dieu était le Verbe, qu’est-ce à dire ? prétendrait-on que saint Jean parle ici de deux Dieux ? Je répondrai, quant au nombre des Dieux, non ; quant aux personnes, oui. Il en nomme deux, et même une troisième, qui est le Saint-Esprit, l’auteur de la grâce. Le Père est unique ; les personnes sont deux avec le Fils ; et trois avec le Saint-Esprit. Le Père veut, le Verbe accomplit ; c’est par ce qui est rendu visible dans la personne du Fils, que nous croyons au Père. Mais toute notre foi se résume dans la croyance en un Dieu unique ; c’est ce Dieu unique qui veut dans le Père, qui obéit dans le Fils, qui enseigne la sagesse dans le Saint-Esprit : le Père, au-dessus de toutes choses ; le Fils, qui est par toutes choses ; et le Saint-Esprit, qui est dans toutes choses[37]. Ainsi, nous ne saurions concevoir l’unité de Dieu, sans croire en même temps au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Les Juifs, par exemple, ont bien glorifié le Père, mais ils ne lui ont pas rendu grâce ; ainsi, ils ont méconnu le Fils[38] : d’autres ont bien reconnu le Fils, mais ils n’ont pas cru au Saint-Esprit ; c’est comme s’ils l’avaient nié. Or le Fils, qui connaît les conseils et la volonté du Père, parce qu’il veut être glorifié ainsi, et non autrement, expliqua le mystère de la Trinité, lorsqu’après sa résurrection il dit à ses disciples : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit[39]. » Or, quiconque n’accomplit pas ce précepte dans tous ses points, ne glorifie point Dieu pleinement. C’est par cette Trinité que Dieu est glorifié ; car le Père a la volonté ; le Fils, l’action ; le Saint-Esprit, la manifestation. C’est là ce qu’enseignent partout les saintes Écritures.

XV. Mais, dira-t-on peut-être, en désignant le Fils dans le Verbe, c’est comme si vous présentiez un nouveau Verbe. Saint Jean parle du Verbe, il est vrai, mais ce n’est que par allégorie ; car, en parlant de ce Verbe de Dieu qui était dès le commencement, et qui a été ensuite envoyé sur la terre, il a dit après dans l’Apocalypse[40] : « Je vis ensuite le ciel ouvert, et il parut un cheval blanc ; et celui qui était monté dessus s’appelait le Fidèle et le Véritable, qui juge et qui combat justement. Ses yeux étaient comme une flamme de feu ; il avait sur la tête plusieurs diadèmes, et il portait écrit un nom que personne autre que lui ne connaît ; et il était vêtu d’une robe teinte de sang, et son nom est le Verbe de Dieu. » Or, vous voyez bien, mes chers frères, que ce vêtement taché de sang signifie symboliquement la chair, que le Verbe, impassible comme Dieu, a revêtue pour souffrir la passion. Les prophètes parlent dans le même sens. Le prophète Michée ne dit-il pas[41] : « Mon peuple s’est révolté contre moi. Il ne se plaît plus aux paroles de justice, et il n’aime pas les gens de bien. Ils traitent en ennemi celui qui ne pensait à aucun mal. » C’est-à-dire, ils l’ont fait souffrir dans sa chair. Le bienheureux Paul a dit aussi[42] : « Car ce qu’il était impossible que la loi fît, la chair la rendant faible et impuissante, Dieu l’a fait, ayant envoyé son propre Fils, revêtu d’une chair semblable à la chair du péché : et à cause du péché, il a condamné le péché dans la chair ; afin que la justice de la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l’esprit. » Il désigne donc ici le Fils de Dieu, qu’il a envoyé dans la chair, c’est-à-dire son Verbe, que dès le commencement il a nommé son Fils, prévoyant sa venue future sur la terre. Et en s’appelant le Fils, c’est un nom d’amour et de charité qu’il a pris envers les hommes. Car le Verbe, tout parfait qu’il était comme Verbe, n’aurait pas été par lui-même et sans la chair le Fils parfait, Fils unique du Père. Ni la chair ne pouvait subsister par elle-même et sans l’appui du Verbe, parce que dans le Verbe elle avait την βυσαϐιν : c’est-à-dire qu’elle ne subsistait que dans le Verbe. C’est ainsi que le Fils unique de Dieu s’est manifesté dans sa perfection.

XVI. Telles sont les autorités que nous voulions invoquer à l’appui de notre doctrine sur l’incarnation du Verbe ; il en existe bien d’autres encore. Passons maintenant à l’examen de cette autre proposition, savoir : que c’est véritablement la vertu du Père, c’est-à-dire le Verbe de Dieu, qui est descendu sur la terre, et non point le Père. En effet, il a dit[43] : Je suis sorti du sein de mon Père et j’arrive. Or, qui est sorti du sein du Père, si ce n’est le Verbe ? Qu’est-ce qui a été engendré par lui, si ce n’est son Esprit tout-puissant, c’est-à-dire le Verbe ? Mais, vous me demanderez peut-être, comment le Verbe a-t-il été engendré ? Eh quoi ! vous ne sauriez expliquer comment vous avez été engendré vous-même, quoique vous en portiez en vous-même la preuve matérielle et constante, et vous ne pouvez pas davantage rendre raison du mystère de votre génération ; car il ne vous est pas en effet donné de connaître les secrets du Créateur, dont les résultats sont sous nos yeux, bien qu’ils demeurent pour nous inexplicables ; car il suffit à l’homme de voir les œuvres de Dieu pour croire à sa toute-puissance. Et vous prétendriez pénétrer le mystère de la création du Verbe par le Père, qu’il a effectuée selon sa volonté ! Quoi ! il ne suffit pas à votre curiosité de savoir que Dieu a créé le monde, il faut encore qu’il vous révèle comment il l’a créé ! Il ne vous suffira pas de savoir que le Fils de Dieu est venu sur la terre pour votre salut, si toutefois vous y croyez ; mais encore vous voulez pénétrer comment il a été engendré par la puissance du Saint-Esprit ! Or, cette génération selon la chair, dont le mystère n’a été confié qu’à deux êtres, vous voudriez en scruter le secret, que Dieu se réserve de dévoiler aux saints qui auront été jugés dignes de contempler sa gloire ! Qu’il vous suffise de savoir ce que le Christ a dit : Que ce qui est né de l’esprit est esprit[44] : c’est ainsi qu’il désigna, par la bouche du prophète, la génération du Verbe. Quant au mode de révélation de ce mystère, et quant au temps où elle a eu lieu, voici ce qu’il a dit : « Je t’ai engendré avant l’aurore. »

XVII. Il suffira, pour les amis sincères de la vérité, des autorités que nous avons citées ; quant à ses ennemis, ils sont décidés d’avance à ne rien croire. En effet, l’Esprit saint, pour exciter en nous un saint tremblement, n’a-t-il pas dit, par la bouche des Apôtres : « Seigneur, qu’est-ce qui a eu foi dans vos enseignements[45] ? » C’est pourquoi soyons fidèles à Dieu, afin qu’il accomplisse ses promesses envers nous. Croyons donc, mes frères, selon la tradition des Apôtres, que le Verbe-Dieu est descendu des cieux dans le sein de la Vierge Marie, qu’il s’y est incarné, qu’il y a pris une ame humaine, participant toutefois de la Divinité, et prenant part à tout ce qui est de la nature humaine, excepté le péché, et tout cela pour réparer la déchéance d’Adam, et pour donner le bonheur de l’immortalité à ceux d’entre les hommes qui croiraient sincèrement en lui. Ainsi, tout nous démontre que c’est lui qui est le Verbe de vérité, ne faisant qu’un avec le Père, créateur de tout ce qui est avec l’aide de son Verbe, qui ensuite, après l’accomplissement des temps, a été envoyé sur la terre, par son Père, pour le salut des hommes. Sa venue dans le monde a été annoncée par la loi et les prophètes. Né du Saint-Esprit et de la sainte Vierge, il a donc paru sur la terre comme un homme nouveau, participant de la Divinité par ce qu’il tient de son Père, comme son Verbe ; participant de la terre, comme descendant d’Adam, par l’incarnation de la sainte Vierge. Ainsi, il a été ici-bas un Dieu corporel à la fois et un homme parfait ; car il a été réellement fait homme, sans fiction et sans modification.

XVIII. Ainsi, le Christ, tout Dieu qu’il était, a manifesté toute son humanité lorsque, étant sur la terre, il s’est montré assujéti à la faim[46] et au travail[47], lorsqu’il a souffert la fatigue et la soif, lorsqu’il fuit tout tremblant devant ses ennemis, lorsqu’il se soumet au sommeil, lui qui, comme Dieu, n’a besoin d’aucun repos ; il est encore dans son humanité, quand nous le voyons voulant éloigner de lui le calice de la passion, lui qui était venu sur la terre pour accomplir ce sacrifice ; lorsque, dans son angoisse, il est couvert de sueur, et qu’un ange vient pour le fortifier, lui qui sait fortifier ceux qui croient en lui, et qui leur enseigne à mépriser la mort ; lorsqu’il se laisse trahir par Juda, lui qui connaissait la méchanceté de Juda ; qui souffre les injures de Caïphe, lui qui, peu de temps auparavant, avait été reconnu et honoré comme Dieu par ce même Caïphe ; lorsqu’il supporte les mépris d’Hérode, lui qui doit venir juger toute la terre ; lorsqu’il est frappé par Pilate, lui qui est venu sauver toutes nos faiblesses ; lorsqu’il devient le jouet des soldats juifs, lui qui a pour le servir des millions d’élus, et dix millions d’anges et d’archanges ; lorsqu’il se laisse étendre sur l’arbre de la croix, lui qui a les cieux pour demeure ; lorsqu’il recommande son ame à son Père, lui qui ne fait qu’un avec le Père ; lorsque, baissant la tête, il expire, lui qui a dit : « J’ai le pouvoir de me séparer de mon ame et de la reprendre quand je veux[48]. » Il a montré que lui, qui était la vie, ne pouvait être assujéti à la puissance de la mort, lorsqu’il a dit : « C’est moi qui quitte volontairement ma vie. » Il montre encore son humanité, lorsqu’il souffre que son côté soit transpercé d’une lance, lui qui est le Créateur de la vie ; lorsqu’il est placé, enveloppé d’un linceuil, dans le tombeau, lui qui a le pouvoir de ressusciter les morts ; lorsque, après trois jours, il est tiré du tombeau par son Père, lui qui est la résurrection et la vie. Voilà ce qu’a souffert pour nous celui qui, à cause de nous, s’est fait semblable à nous. Il a pris nos infirmités, il s’est chargé de nos douleurs, et il a souffert pour nous ; et comme a dit le prophète Isaïe : Lui qui, dans sa venue, fut adoré par les anges, reconnu par les bergers, attendu par Siméon, attesté par sainte Anne ; lui que les Mages ont cherché, dont une étoile a montré le berceau, qui s’est dévoué au service de la maison de son Père ; enfin, que le doigt de Jean a montré au monde, sur les bords du Jourdain, au moment où la voix de Dieu se faisait entendre du haut du ciel, et disait : « Celui-là est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ; » c’est lui qui laisse mettre sur sa tête une couronne d’épines, afin de triompher de l’enfer. C’est lui encore qui, étant à une noce à Cana, en Galilée, changea l’eau en vin ; qui, d’une parole, rendit le calme à la mer, et qui marcha sur les flots sans mouiller ses pieds ; qui rendit la vue à un aveugle de naissance ; qui ressuscita Lazare, mort depuis quatre jours, et fit un grand nombre de miracles, remit les péchés, donna aux Apôtres le pouvoir d’absoudre les pécheurs ; qui fit sortir de son côté, ouvert par une lance, du sang et de l’eau : c’est lui dont la mort sur la croix a fait obscurcir le soleil, a changé le jour en ténèbres, a fait fendre les pierres, fait déchirer le voile du temple, ébranlé la terre jusqu’en ses fondements, fait ouvrir les sépulcres et sortir les morts de leurs tombeaux ; alors ceux qui l’ont condamné sont couverts de honte, en reconnaissant enfin que celui qu’ils ont mis sur la croix, qu’ils voient expirer et s’éteindre, est bien l’auteur de toutes choses. À ce spectacle inouï, toute la nature fut troublée ; et, ne pouvant comprendre la gloire du Christ dans son ignominie, elle se couvrit de ténèbres. Enfin, ce même Christ, après sa résurrection, descend sur ses disciples sous la forme de langues de feu, et leur communique les dons du Saint-Esprit ; il entre dans le lieu où ils se trouvaient réunis, quoique les portes en fussent fermées. Il fut ensuite enlevé au ciel à la vue de ses disciples, porté sur les nuages ; c’est là qu’il est assis à la droite de son Père, d’où il doit venir un jour pour juger les vivants et les morts. C’est lui qui est le Dieu fait homme à cause de nous, à qui le Père a soumis toutes choses. À lui la gloire et la puissance avec le Père et le Saint-Esprit, dans la sainte communion de l’Église, maintenant et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il[49].


  1. Traduit du grec par F. Turrianus.
  2. Exod. iii, 6. ; xx, 3.
  3. Is. xliv, 6 ; xliv, 5.
  4. Baruch, iii, 36.
  5. Is. lxv, 14.
  6. Ad. Rom. ix, 5.
  7. Éph. iii, 15.
  8. Cor. viii, 6.
  9. Is. xlv, 11 et suiv.
  10. Rom. viii, 11.
  11. Jean. iii, 13.
  12. Dan. vii, 13.
  13. Baruch, iii, 36.
  14. Id. iii, 37.
  15. Math. xvii, 5-3-17.
  16. Jean. i, 18.
  17. Id. iii, 2-13.
  18. Ad Rom ix, 5.
  19. Math. xi, 7.
  20. Apoc. i, 8.
  21. Math. xi, 17.
  22. I Corinth. xv, 23.
  23. Joan. xx, 17.
  24. Act. iv, 29 ; v, 29.
  25. Jean. x, 30.
  26. Jean. xvii, 2.
  27. Jean. i, 10.
  28. Jean. iv, 8.
  29. Rom. iii, 25. — Jean. v, 30 ; viii, 16, 18.
  30. Jean. i, 3.
  31. Isaïe, lxv, 1.
  32. Jean. i, 1.
  33. Id. i, 10.
  34. Jérém. xxiii, 18.
  35. Act. Apost. x, 36.
  36. Jean i, 1.
  37. Éphés. iv, 6.
  38. Luc, xvii, 16.
  39. Mat. xxiii, 19.
  40. Apoc. xix, 11.
  41. Mich. xi, 7.
  42. Rom. viii, 3.
  43. Jean. xvi, 28.
  44. Id. iii, 6.
  45. Is. liii, 1.
  46. Mat. iv, 2.
  47. Id. xxvi, 57.
  48. Math. iv, 2-26-37 ; Jean, xix, 28 ; id. iv, 3 ; Math. viii, 24-26-39 ; Marc, xiv, 36 ; Luc, xxii, 42 ; Jean, xii, 27 ; xviii, 11 ; Luc, xxii, 44 ; Math. xxvi, 15-25-65 ; Luc, xxiii, 11 ; Act. xvii, 31 ; Math. xxvii, 26 ; Jean, xix, 1 ; Isaïe, liii, 4 ; Math. xxvi, 67 ; Dan. vii, 11 ; Math., xxvii, 35 ; Is. xl, 22 ; Luc, xxiii, 46 ; Jean, xiv, 11-19-30-10-18-24 ; xxiv, 19-34-11-25 ; xiv, 6, 40 ; Act. x, 40.
  49. Isaïe, liii, 4 ; Luc, ii, 13 ; ibid. 16, ibid. 25 ; ibid. 36 ; Math. ii, 2 ; ibid. 9 ; Luc, ii, 49 ; Jean, i, 29-15 ; Math. xvii, 5 ; id. 27-29 ; Jean, ii, 9 ; Math. viii, 26 ; id. 14-25 ; Jean, ix, 7 ; id. 11, 44, 12, 17 ; Math. ix, 2-6 ; id. 16-19-18 ; Jean, xx, 22 ; id. 19-34 ; Math. xviii, 45 ; ib. 51-52-54-55 ; Jean, xx, 22 ; ib. 19 ; Act. i, 9 ; Hébr. xii, 2 ; Act. x, 42 ; Tim. 41 ; Corinth. 15, 27.