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Les Patins d’argent/XVI

La bibliothèque libre.
Hetzel et Cie, bibliothèque d’éducation et de récréation (p. 246-257).







CHAPITRE XVI


RETOUR DU PÈRE À LA SANTÉ. – LES MILLE FLORINS


Hans se mit à voler sur la glace.

Au bout de quelques minutes, les patins se balançaient de nouveau à son bras. Il courait vers la cabane.

Sa mère vint à sa rencontre sur le seuil.

« Oh ! Hans ! lui cria-t-elle avec un visage rayonnant de joie, la demoiselle est venue avec sa bonne ; elle a apporté toutes sortes de choses : de la viande, de la gelée, du vin et du pain – tout plein un panier. Et le docteur a envoyé de la ville un homme avec du vin, un beau lit et des couvertures pour le père. Dieu les bénisse !

— Oui, Dieu les bénisse ! répéta Hans. »

Et pour la première fois, ce jour-là, les yeux du vaillant garçon se remplirent de larmes, mais de larmes si douces !

Ce soir-là, Raff Brinker se sentit si bien, qu’il insista pour s’asseoir un instant auprès du feu, sur la chaise dure à haut dossier. Pendant quelques moments la chaumière fut sens dessus-dessous. Hans se sentait plein d’importance à cette occasion, car son père était lourd et il fallait un bras ferme pour le soutenir. La bonne femme, quoiqu’elle fût loin de ressembler à une de nos dames si fragiles, était dans un tel état d’agitation et d’alarme à l’idée d’agir ainsi sans les ordres du meester, qu’elle faillit jeter son mari par terre au moment où elle se figurait être son principal soutien.

« Doucement, femme, doucement, dit Raff hors d’haleine, suis-je donc devenu si vieux et si faible, ou est-ce la fièvre qui me rend incapable comme cela ?

— Écoutez-le, fit en riant dame Brinker, écoutez-le parler comme tout autre chrétien ! C’est le reste de votre mal qui vous rend faible comme ça, Raff. Voici la chaise bien arrangée chaudement et confortablement. Asseyez-vous à présent. Ah ! grand Dieu ! nous y sommes ! »

En prononçant ces mots, dame Brinker laissa aller doucement sa moitié de fardeau sur la chaise. Hans l’imita prudemment.

Pendant ce temps, Gretel courait de tous côtés, apportant à sa mère toutes sortes d’objets pour soutenir le dos du père ou pour étendre sur ses genoux. Puis elle glissa le banc sculpté sous ses pieds, et Hans donna un coup de pied au feu pour le faire flamber.

Le père était donc levé enfin ! Quoi d’étonnant à ce qu’il regardât autour de lui d’un air encore un peu égaré ? Le petit Hans l’avait presque porté. Le baby avait plus de quatre pieds de haut et balayait gravement la pierre du foyer avec une poignée de branches de saule. Meitje, sa bonne femme, aussi agréable et aussi belle que jamais, devait peser une cinquantaine de livres de plus. Tous ces changements pour lui s’étaient opérés en quelques heures. Sa figure à lui s’était enrichie de quelques rides qu’il ne se connaissait pas, et qui l’intriguaient. Les seuls objets de la chaumière qui lui fussent complètement familiers étaient la table de sapin qu’il avait fabriquée avant son mariage, la grosse Bible reposant sur la planche et le buffet dans le coin.

Ah ! Raff Brinker, il était bien naturel que vos yeux se remplissent de chaudes larmes, même en regardant les figures joyeuses de vos bien-aimés. Dix années retranchées de la vie d’un homme, ce n’est pas une petite perte ; dix années de virilité, de bonheur domestique perdus ; dix années d’honnête labeur, de consciente jouissance du soleil et des beautés de la nature disparues ; et comment ? Avoir eu tout cela à sa portée un jour et s’éveiller le lendemain pour n’en plus rien trouver. Plus rien ! Qui pourrait s’étonner que des pleurs brûlants coulent le long de vos joues !

Tendre petite Gretel ! La prière de sa vie entière se trouvait exaucée. Elle sentait qu’elle aimait et connaissait son père, à partir de cet instant. Hans et sa mère se regardèrent silencieusement lorsqu’ils la virent s’élancer vers lui et lui jeter les bras autour du cou.

« Père, cher père, murmura-t-elle en pressant doucement sa joue contre la sienne, ne pleurez pas, nous sommes tous ici.

— Dieu te bénisse ! dit Raff sanglotant et l’embrassant à plusieurs reprises, t’avais-je donc oubliée ! »

Il releva bientôt les yeux et parla gaiement :

« Je la reconnais, femme, dit-il en tenant la jeune et jolie fille entre ses bras et la contemplant comme s’il la voyait en une seconde croître de toutes les années écoulées, je la reconnais. Les mêmes yeux bleus, les mêmes lèvres rouges, et… et… la petite chanson qu’elle chantait avant de pouvoir parler ! – Mais il y a donc longtemps de cela ? ajouta-t-il avec un soupir en continuant à la regarder d’un air pensif, bien longtemps… C’est oublié maintenant ?

— Mais non, mais non, s’écria vivement dame Brinker, croyez-vous que j’aurais permis qu’elle l’oubliât ? – Gretel, mon enfant, chante la vieille chanson que tu sais depuis si longtemps. »

Raff Brinker laissa retomber ses mains d’un air de fatigue, et ses yeux se fermèrent ; mais il faisait bon voir le sourire qui errait sur sa bouche, pendant que la voix de Gretel flottait autour de lui comme un encens.

C’était un chant simple, dont elle n’avait jamais connu les paroles.

Avec un instinct plein d’amour, elle adoucit encore chaque note, jusqu’à ce que Raff s’imaginât presque que son kindje de deux ans était encore près de lui.

Aussitôt que la chanson fut terminée, Hans monta sur un tabouret et se mit à fourrager dans le buffet.

« Prenez garde, Hans, fit dame Brinker qui, malgré sa pauvreté, était toujours une femme de ménage soigneuse, prenez garde ; le vin est là, à votre droite, et le pain blanc derrière.

— N’ayez pas peur, mère, répondit Hans, cherchant à atteindre quelque chose placé au fond, sur la plus haute planche, je ne ferai pas de malheur. »

Redescendant alors, il alla placer dans les mains de son père un bloc oblong de bois de sapin ; les bouts en étaient arrondis et on avait fait au sommet des coupures assez profondes.

« Reconnaissez-vous cela, père ? » demanda-t-il.

La figure de Raff s’éclaira :

« Oui vraiment, garçon ; c’est le bateau que je vous faisais hi… hélas non, pas hier, mais il y a des années.

— Je l’ai toujours gardé, père ; vous pourrez le finir lorsque votre main sera plus forte.

— Oui, mais pas pour vous, mon garçon ; il faut que j’attende jusqu’à ce qu’il y ait des petits-enfants. Vous allez être un homme, bientôt. Avez-vous bien aidé votre mère pendant toutes ces années, hein, garçon ?

— Oui, oui, et bravement encore, fit dame Brinker, nous avons un bon fils et une bonne fille, va !

— Voyons un peu, reprit le père, les regardant tous d’un air embarrassé. Combien y a-t-il que les eaux arrivaient ? C’est la dernière chose que je me rappelle.

— Nous t’avons dit la vérité, Raff ; il y a eu dix ans à la Pentecôte dernière. »

— Dix ans ! Et je suis tombé, dites-vous ? Est-ce que la fièvre m’a tenu tout ce temps-là ? »

Dame Brinker savait à peine ce qu’elle devait répondre. Fallait-il lui dire qu’il avait été idiot ? presque fou, même ? Le docteur lui avait bien recommandé de ne fatiguer ni exciter le malade en aucune façon.

Hans et Gretel parurent surpris lorsque la réponse vint enfin.

« C’est bien possible, Raff, dit-elle en secouant la tête et soulevant ses sourcils. Lorsqu’un homme aussi fort que toi tombe sur la tête, il est difficile de prévoir ce qui en résultera. Mais tu vas bien, maintenant, Raff. Dieu soit loué ! »

L’homme nouvellement réveillé courba le front.

« Ah ! oui, assez bien, ma femme, dit-il après quelques moments de silence. Mais mon cerveau tourne comme la roue d’un rouet. Je ne serai guéri que lorsque je pourrai retourner aux digues. Quand pourrai-je recommencer à travailler ? Le savez-vous ?

— Écoutez l’homme ! cria dame Brinker, ravie et effrayée tout à la fois. Il faut que nous le recouchions, Hans. Travailler ? Vraiment ! Déjà penser au travail ! Il est trop tôt, mon bon mari. »

Ils essayèrent de le soulever de sa chaise ; mais il n’était pas encore prêt.

« Tenez-vous en paix ! » s’écria-t-il avec quelque chose comme son ancien sourire. (C’était la première fois que Gretel le voyait). « Est-ce qu’un homme peut endurer qu’on l’enlève ainsi comme une bûche ? Je vous dis qu’avant que le soleil se soit levé trois fois, je serai de nouveau sur les digues. Ah ! il y aura là de solides gars pour me souhaiter la bienvenue. Jean Kamphuisen et le jeune Hoogvliet. Ils se sont montrés tes bons amis, Hans, j’en suis sûr. »

Hans regarda sa mère. Il y avait cinq ans que le jeune Hoogvliet était mort. Jean Kamphuisen était en prison à Amsterdam.

« Oui, oui, ils auraient fait leur part, il n’y a pas de doute, fit dame Brinker, venant à son aide, si nous le leur avions demandé. Mais entre le travail et l’étude, Hans a été assez occupé pour se passer de camarades.

— Le travail et l’étude, répéta Raff Brinker pensif, est-ce que les enfants peuvent lire et compter, Mietje ?

— Il faudrait les entendre ! répondit-elle fièrement. Ils parcourent un livre, le temps que je mets à éponger par terre ; Hans, lui, est aussi heureux sur une page remplie de gros mots, qu’un lapin dans un carré de choux. Quant à compter…

— Viens ici, garçon, aide-moi un peu, interrompit Raff Brinker, il faut que je me recouche. »

Quiconque eût vu ce soir-là les Brinker mangeant leur souper frugal, n’eût pu se douter qu’il y avait tout près d’eux des mets délicats. Hans et Gretel fixaient bien de temps en temps les yeux sur le buffet, tout en buvant leur tasse d’eau et en mangeant leur petite portion de pain noir ; mais ils ne songeaient pas, même en pensée, à priver leur père de la moindre parcelle de ces choses délicates.

« Il a mangé son souper avec appétit, dit dame Brinker en désignant le lit d’un signe de tête, puis il s’est endormi tout de suite. Le cher homme sera faible encore longtemps. Il faisait mine de vouloir se relever, mais j’ai fait semblant de l’écouter et de tout préparer et il s’est endormi. Rappelez-vous cela, ma fille, quand vous aurez un mari à vous (il pourra se passer bien des jours auparavant), rappelez-vous que vous ne serez jamais maîtresse par la contrariété. La femme humble est maîtresse du mari. – Ta, ta, n’avale plus de telles bouchées d’un coup, mon garçon ; je ferais un repas de deux comme celles-là. Qu’est-ce que tu as donc, Hans ? On dirait que tu découvres des toiles d’araignée sur le mur.

— Oh non ! mère, je pensais seulement.

— Tu pensais, à quoi ? Ah ! ce n’est pas la peine de le demander, ajouta-t-elle d’un air contristé. Il n’y a pas de honte à croire que nous aurions pu entendre ton père nous parler des mille florins ; mais pas un mot — non, – il est évident qu’il ignore complètement ce qu’ils sont devenus. »

Hans leva les yeux avec inquiétude, craignant que sa mère ne se montrât trop excitée, comme d’habitude, lorsqu’elle parlait de leur épargne perdue ; mais elle grignotait son pain en silence en fixant tristement les yeux sur la fenêtre.

« Mille florins, dit une voix faible qui partait du lit. Ah, je suis sûr qu’ils vous ont été d’un grand secours, femme, pendant les longues années que votre homme restait à ne rien faire. »

La pauvre femme tressaillit. Ces mots détruisaient l’espérance qu’elle avait sentie renaître en elle depuis quelque temps.

« Êtes-vous réveillé, Raff ? balbutia-t-elle.

— Oui, femme, et je me trouve beaucoup mieux. Je disais, Mietje, que nous avions bien fait de mettre de l’argent de côté. Est-ce qu’il vous a duré pendant ces dix années ?

— Mais… Je… je… ne l’ai pas eu cet argent, Raff… »

Elle allait lui dévoiler toute la vérité, lorsque Hans leva le doigt pour l’avertir et murmura :

« Rappelez-vous ce que le docteur a recommandé ; il ne faut pas tourmenter le père.

— Parlez-lui, garçon, lui dit-elle d’une voix tremblante. »

Hans courut près du lit :

« Je suis bien content que vous vous trouviez mieux, dit-il en se penchant sur son père. Encore un jour et vous serez tout à fait solide.

— Oui, probablement… combien de temps l’argent a-t-il duré ? Je n’ai pas entendu ce qu’a dit la mère. Qu’a-t-elle répondu ?

— J’ai dit, Raff, fit dame Brinker en grande détresse. J’ai dit qu’il avait disparu.

— Bon, bon, femme, ne vous faites pas de chagrin pour cela ; mille florins pour dix ans, ce n’est pas trop ; et des enfants à élever, encore. Mais ils vous ont fait du bien à tous. Avez-vous eu beaucoup de maladies à supporter ?

— N…on, fit dame Brinker, en portant son tablier à ses yeux et en sanglotant.

— Ta, ta, ta, femme, pourquoi pleurez-vous ? dit Raff avec bonté, nous remplirons bientôt une sacoche lorsque je serai sur pieds. Heureusement que je vous ai tout dit avant de tomber.

— Dit tout quoi, mon homme ?

— Mais, que j’avais enterré l’argent. Figure-toi que dans mon rêve, tout à l’heure, il me semblait que je ne t’en avais jamais dit un mot. »

Dame Brinker s’élança.

Hans lui prit le bras.

« Chut ! mère, fit-il tout bas, il nous faut faire attention. »

Puis, pendant qu’elle restait à l’écart, les mains jointes, attendant avec une extrême anxiété, il s’approcha du lit, tremblant lui-même.

— C’était un rêve singulier, dit-il. Vous souvenez-vous quand vous avez enterré l’argent, père ?

— Oui, mon garçon, c’était avant le lever du soleil, le jour où j’ai été blessé. Jean Kamphuisen avait dit quelque chose la veille qui m’avait fait douter de sa probité. C’était le seul être vivant, après la mère, qui savait que nous avions mille florins. De sorte que je me relevai, cette nuit-là, et que j’enterrai l’argent. Fou que j’étais de me défier d’un vieil ami.

« Je parie, père », dit Hans d’un ton de plaisanterie, faisant signe en même temps à sa mère et à Gretel de rester tranquilles, « je parie que vous avez oublié l’endroit où vous l’avez enterré !

— Ha, ha, ha, pas moi vraiment… Mais bonsoir, fils je crois que je vais redormir.

— Bonsoir, père. – Où avez-vous dit que vous aviez enterré l’argent ? J’étais tout petit alors.

— Tout près du petit saule, derrière la cabane », fit Raff, à moitié endormi.

— Oui, oui, au nord de l’arbre, n’est-ce pas, père ?

— Non, au sud. Ah ! vous connaissez bien l’endroit, hein, malin… Vous étiez là, probablement quand votre mère l’a déterré… – Maintenant assez, fils. Soulevez un peu l’oreiller. Bien. Bonsoir.

— Bonne nuit, père », répondit Hans, prêt à sauter de joie.

La lune se leva très-tard ce soir-là, reluisant claire et pleine à la petite fenêtre ; mais ses rayons ne dérangèrent pas Raff Brinker. Il dormit profondément ainsi que Gretel. Hans et sa mère avaient autre chose à faire.

Ayant terminé à la hâte quelques préparatifs, ils se glissèrent dehors ; leurs visages étaient pleins d’une joyeuse attente. Ils portaient une bêche cassée et un outil de fer rouillé qui avait fait plus d’un jour de bon travail, lorsque Raff était encore un solide ouvrier des digues.

Il faisait si clair dehors qu’ils voyaient distinctement le saule. La terre gelée était dure comme de la pierre, mais Hans et sa mère avaient du courage. Leur seule crainte était de réveiller les dormeurs de la cabane.

« Ce ysbrekker (casseur de glace) fait bien l’affaire, mère, dit Hans en frappant des coups vigoureux. Mais le sol est si dur, que la besogne avance peu.

— N’importe, Hans, dit la mère, qui le suivait attentivement des yeux. Laissez-moi essayer maintenant. »

Ils parvinrent bientôt à pratiquer une ouverture, et le reste alla tout seul.

Ils continuaient à travailler, se relayant et se parlant bas, d’un ton gai. De temps en temps dame Brinker s’arrêtait, se glissait sans bruit vers la chaumière et écoutait au seuil pour s’assurer que son mari dormait.

« Quelle magnifique nouvelle ce sera pour lui ! fit-elle en riant, lorsqu’il sera assez fort pour la supporter. Combien j’aimerais à mettre la sacoche et le bas, tels que nous les trouverons, tout pleins d’argent, près de lui, pendant cette nuit bénie, afin que le cher homme puisse les voir en se réveillant.

— Oui, mais il nous faut les trouver d’abord, mère, dit Hans hors d’haleine en continuant à piocher.

— Il n’y a pas de doute à cela ; ils ne peuvent nous échapper maintenant, répondit-elle grelottant de froid et d’agitation, pendant qu’elle se penchait vers l’ouverture. Probablement que nous les trouverons enfermés dans le vieux pot de terre qui a disparu depuis longtemps. »

Hans tremblait aussi, quoique ce ne fût pas de froid. Il avait creusé à une profondeur de plus d’un pied, de tout un côté de l’arbre. D’un moment à l’autre ils pouvaient arriver sur le trésor.

Pendant ce temps les étoiles, se regardant, clignaient de l’œil comme pour dire : « Drôle de pays que cette Hollande ! Que de choses nous voyons, nous autres ! »

« Il est étrange que le cher père ait enterré son trésor si profondément, dit dame Brinker d’un ton un peu fâché. Il est vrai que la terre était assez molle alors. Et quelle prudence de se méfier de Jean Kamphuisen, parfaitement estimé jusque-là ! Qui se serait douté que ce beau garçon avec ses manières joviales irait jamais en prison. Mais le père y voyait alors plus clair que tout le monde. Voyons, Hans, laissez-moi travailler un peu ; c’est plus facile maintenant que le trou est profond. Prenons bien garde de ne pas nuire à l’arbre. Pensez-vous que ce que nous faisons puisse lui faire du mal ?

— Je ne saurais dire, » répondit-il gravement.

Hans évidemment était soucieux.

Heure après heure, la mère et le fils piochèrent. Le trou se fit plus large et plus profond. Des nuages se rassemblaient au-dessus de leurs têtes, leur jetant, en passant, des ombres fantastiques. Ce ne fut pas avant que lune et étoiles se fussent effacées et que des bandes de lumière annonçant l’aurore eussent paru, que Meitje Brinker et Hans, son fils, cessant de travailler, se regardèrent avec découragement.

Ils avaient creusé et cherché soigneusement tout autour de l’arbre : Sud, Nord, Est, Ouest. Non ! Le trésor caché n’y était pas ! ! Ce trésor qui eût été si nécessaire au rétablissement du père…