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Les Pieds-Noirs/28

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Toubon, libraire-éditeur (1 Voir et modifier les données sur Wikidatap. 185-193).


CHAPITRE XXVIII

Une Épave


— Vous avez de bons yeux, mon garçon, dit Saül Vander, qui demeurait assis sur le radeau.

— L’avez-vous aussi remarqué ? demanda Kenneth.

— Oui, répliqua Saül.

— Il me semble que c’est une femme à demi-masquée par les buissons

— Bast ! Qu’est-ce qu’une femme pourrait faire ici ? s’écria Slocomb d’un ton incrédule.

— C’est ce que vous devriez savoir, riposta le guide. Vous avez un si merveilleux talent pour enlever les chevaux que vous devez, je crois, mieux faire les choses qu’une foule de gens.

— J’ai toujours joui d’un instinct extraordinaire pour découvrir quoi que ce soit, ayant apparence de femme ; ainsi, laissez-moi jeter un coup d’œil de ce côté.

— Il vaudrait, peut-être, mieux nous dire si c’est avec votre œil civilisé ou votre œil incivilisé que vous voulez regarder, et il serait assez bon aussi de nous dire, généralement parlant, quand vous parlez le langage des blancs et quand vous parlez le langage des Indiens, ou quand vous nous donnez un mélange des deux, fit sèchement Saül.

— Vous avez raison, ajouta Kenneth. C’est réellement une femme, dissimulée en partie derrière les broussailles. Elle a l’air de regarder avidement dans cette direction.

Vander et Iverson avaient l’espoir secret que cette apparition féminine était celle d’une personne rarement absente de leurs pensées.

— Après tout, ce n’est peut-être qu’une squaw, dit le guide.

— Je ne suis pas de votre avis, répliqua Slocomb. Je parie une douzaine des chevaux enlevés par moi la nuit dernière qu’elle n’appartient pas à la race rouge.

— Si cela était… si cela se pouvait ! commença Saül avec agitation.

— Ne nourrissez point une pareille idée, interrompit Kenneth. Ce n’est pas celle à qui vous songez. C’est cependant une créature qui réclame notre assistance.

— Possible, répliqua Vander ; mais ça peut être aussi un piège indien pour nous surprendre.

— Non, repartit vivement Iverson ; vous vous trompez. Voyez, elle descend vers l’eau. Elle n’a ni le costume ni le maintien d’une Indienne.

— Qui qu’elle soit, elle porte un drapeau de paix, car voici que son mouchoir flotte au bout d’un bâton, dit Tom.

— Allons, sautez sur le radeau et volons à son aide, car, évidemment, elle a besoin de nous, cria Kenneth au Corbeau de la rivière Rouge.

— Comme c’est une femme, je ne m’inquiète guère si je m’expose pour la secourir, répondit celui-ci. J’ai toujours eu un faible pour la jupe.

Avec ces mots, il monta sur l’embarcation et saisit une des rames.

— Il serait honteux de délaisser une femme dans le malheur, dit le guide, en réfléchissant ; mais il ne serait pas mal d’opérer une légère reconnaissance, ou, comme disent les marins, de la héler avant de nous approcher du bord.

À mesure que l’esquif avançait vers le promontoire, la femme manifestait, par diverses attitudes, à la fois gracieuses et éloquentes, sa satisfaction et le profond intérêt qu’elle prenait aux mouvements des trappeurs. Lorsqu’ils furent à portée de voix, le Corbeau battit des ailes et croassa lugubrement, ce qui effraya tellement l’inconnue qu’elle recula tout alarmée.

— Qui êtes-vous et que voulez-vous ? cria le guide.

Elle s’arrêta et répondit, en bon anglais, quoique avec un accent mexicain :

— Vous paraissez Américains, deux d’entre vous au moins, et j’ai besoin de votre protection.

— Elle a belle mine, tout de même, murmura Tom. Je gagerais, pourtant, qu’elle est un mélange de Français, Mexicain et Écossais.

— Nous sommes environnés de dangers, dit Kenneth ; mais nous ne mériterions pas de leur échapper si nous refusions d’écouter la prière de cette pauvrette.

— Êtes-vous sûr qu’il n’y a pas de Peaux-rouges dans les buissons derrière elle ? — Nous n’aimerions pas à être trompés de la sorte par une créature de votre race, car, voyez-vous, ça amoindrirait notre respect pour toute la gent féminine, répliqua le Corbeau d’un accent soupçonneux.

— Il ne peut y avoir de déception ! s’écria Kenneth en poussant le radeau vers le bord. Le visage de cette fille annonce la vérité elle-même.

— Oh ! je vous remercie, monsieur, répliqua-t-elle avec une chaleur qui ne pouvait être stimulée. Je suis certaine que la Providence m’a envoyé des hommes sur la bravoure et l’honneur de qui je puis compter.

— Arrivez, arrivez, la fille ! nous entendrons plus tard votre histoire… quand nous aurons mis entre la terre et nous une bonne étendue d’eau, dit brusquement Saül.

Le bord du lac n’était pas assez profond pour permettre d’en approcher de façon que l’étrangère pût monter sur le radeau sans se mouiller les pieds. C’est pourquoi Kenneth s’élança sur la grève, saisit la jeune fille dans ses bras avant qu’elle se fût doutée de son intention, et la transporta dans l’embarcation, qui, surchargée par ce nouveau poids, enfonça presque jusqu’au ras de l’eau. Rougissante, l’inconnue remercia Iverson de son obligeance, tout en tenant ses regards involontairement attachés sur l’étrange physionomie de Tom Slocomb.

— Nous avons, lui dit Kenneth, une triste hospitalité à vous offrir. C’est là notre unique planche de salut. Sur elle reposent toutes nos espérances d’échapper aux sauvages, qui ont probablement déjà atteint la rive du lac, vis-à-vis de l’île que vous voyez là-bas.

— Quiconque fuit une odieuse captivité, accepte avec reconnaissance tout moyen d’évasion, dit-elle, d’un ton agité. Si, cependant, ma présence augmentait trop vos périls…

— Assez, assez ; vous ferez mieux de ne pas finir votre phrase, dit le guide, J’ai, moi-même, une fille qui a besoin, à ce moment, de l’aide que nous vous donnons de bon cœur. Dieu lui permette de l’avoir ! Asseyez-vous ici, près de moi, et prenez courage. Vous êtes si jeune, si intéressante et vous me la rappelez tant que je vous plains ; oui, sur mon âme, quoique je ne sache pas qui vous a amenée ici et ce qui vous est advenu. Mais il est facile de comprendre que vous êtes une victime de l’adversité, sans quoi vous ne rôderiez pas seule, les vêtements en lambeaux, les mains écorchées, et tremblante comme une brebis égarée. Vos pieds délicats ne sont pas habitués à fouler les rudes sentiers de ce pays, ça se voit, mademoiselle !

— Cette manière de marcher est trop lente, s’écria tout à coup Tom déposant sa rame. Notre embarcation est trop pesante ; un bateau chargé de boue irait plus vite. Vous n’aurez pas longtemps les pieds à sec, la fille ; plus la machine restera à l’eau, plus elle enfoncera.

— C’est vrai, Tom Slocomb ; et c’est la première parole de vérité qui vous échappe, répondit Vander. Ce misérable radeau n’est pas suffisant pour nous supporter tous, et quant à avancer c’est presque impossible avec lui.

— Je vais vous dire ce qu’il faut faire sans parler beaucoup, ni perdre beaucoup de temps, reprit le Corbeau. Revenez au rivage, doublez la grosseur du radeau, et attachez dessus des buissons pour servir de voiles. Avec le vent qu’il fait nous irons aborder où il nous plaira. Pendant que vous préparerez la chose, je gagnerai l’île à la nage, y prendrai les chevaux, et ferai le tour par terre, quoique ce soit plus long qu’en coupant à travers le lac et que j’ignore en quelle sorte de compagnie, je puis tomber.

— Cet avis est bon, le meilleur qu’on puisse adopter en de telles circonstances, et je vois avec plaisir, Slocomb, que, quand ça presse, vous savez vous rendre aussi utile qu’un autre, bien que, en général, vous ne paraissiez pas valoir grand’chose, répondit Saül.

— Je suis heureux que vous m’accordiez quelques bonnes qualités. Le diable n’est pas si méchant qu’il en a l’air, n’est-ce pas ? Étranger, je suis le grand Ours polaire du cercle arctique, le Rhinocéros nomade du Nord, le Corbeau blanc et rouge de la rivière Rouge.

Tom agita ses coudes comme des ailes, croassa trois ou quatre fois successives et plongea dans le lac.

— Je crains qu’il ne puisse nager aussi loin, dit anxieusement Kenneth.

— Que ça ne vous tourmente pas, répliqua le guide. Ce gaillard-là pourrait nager toute une journée.

— Il se jette dans une entreprise dangereuse, car il ne lui est guère possible de ramener les chevaux sur la terre ferme, sans être découvert par les Indiens, reprit Kenneth.

Tom qui était déjà à plusieurs brasses de l’embarcation se retourna en s’écriant :

— Eh ! qu’est-ce que vous avez fait des selles et des brides ? Il serait joliment plus convenable de les avoir, surtout à cause de la fille, qui n’a peut-être pas coutume de chevaucher à poil, avec un simple bridon pour diriger sa monture.

— Nous les avons cachées dans les broussailles, non loin du lac où nous avons passé la nuit répliqua le jeune homme.

— Vous n’essayerez pas de les prendre, j’espère, car ce serait fort dangereux. Suivant mes calculs, les Pieds-noirs doivent être, à cette heure, près de notre camp. Tenter d’y aller serait nous perdre tous.

— Couah ! couah ! articula le Corbeau qui se remit à fendre onde.

Ayant atterri, Kenneth s’empressa de faire les améliorations que lui avait suggérées Tom. Pendant ce temps Saül et l’étrangère se tinrent aux aguets.

Iverson fixa des branchages debout à l’une des extrémités de l’esquif, de manière à prendre le vent, puis il lança de nouveau leur grossier navire, qui, chassé par une forte brise, atteignit au bout de deux heures l’endroit indiqué par Slocomb. Durant cet intervalle, absorbés par la crainte de voir échouer leur plan, nos trois personnages n’échangèrent que peu de paroles.

Kenneth examina en silence la jeune fille jetée si opinément sous sa protection. Si ses affections n’eussent déjà été engagées, il est assez probable que la beauté de l’étrangère eût fait sur lui une forte impression. Malgré les périls de leur situation, il désirait vivement connaître son histoire et les circonstances qui avaient déterminé cette singulière rencontre. Sa jeunesse, ses charmes, la mélancolie de son expression, les séductions de sa voix éveillaient de puissantes sympathies. Plus d’une fois, le guide arrêta ses yeux sur elle, en soupirant ; car elle animait, en traits de feu, dans son esprit, le souvenir de Sylveen.

Un heureux hasard leur avait fait trouver une petite anse abritée par des arbres touffus. Le silence et la solitude semblaient les seuls rois de ce lieu. Kenneth, cependant, s’en défiait, car il savait que le silence pouvait être trompeur, et la solitude seulement apparente. Ayant attaché le radeau sous les rameaux d’un chêne, ils se cachèrent au plus épais du fourré et attendirent dans une anxiété presque intolérable l’arrivée de Tom Slocomb. Mais une heure, deux, trois s’écoulèrent sans qu’il parût.

L’inaction devenait trop fatiguante pour que Kenneth la pût supporter davantage.

— Cet homme a évidemment échoué, dit-il à Saül. En voulant trop faire il n’a rien fait. Rester encore c’est gaspiller un temps précieux. Je vais vous laisser un instant et aller à la découverte.

— C’est ce que je ferais, si je le pouvais, dit le guide en secouant douloureusement la tête. Ma longue expérience vous serait fort utile.

— Je ne doute pas de votre habileté, repartit Iverson ; mais soyez persuadé que les qualités dont nous avons maintenant besoin ne me manquent pas tout à fait.

Cela dit, il prit sa carabine et quitta ses compagnons. Bientôt il fut seul au milieu de la forêt, suivi du chien qui trottait légèrement derrière lui. Après avoir marché un demi-mille environ, il se trouva soudain près d’une vaste baie d’où la vue s’étendait sur un espace considérable. Le paysage avait un caractère différent. Sur les rives escarpées se déchiquetaient de petites collines dans les gorges desquelles il était facile de se faire une retraite. Ces falaises, quoique dépourvues d’arbres de grande taille, étaient hérissées de diverses espèces de broussailles. Cette perspective n’était guère encourageante. Kenneth essaya de découvrir Tom Slocomb. Ce fut en vain. On aurait pu cacher une armée dans les nombreuses dépressions, vallées et accidents de terrain qui formaient cette partie de la bordure du lac. Las de chercher sans succès, Iverson se disposait à tourner son attention d’un autre côté, quand il distingua un objet particulier au sommet d’un monticule, à cent mètres de distance. Kenneth avait de bons yeux, et savait parfaitement s’en servir dans l’occasion. Il examina vivement, mais prudemment, et en s’effaçant derrière un pin, cet objet qui se mouvait de bas en haut et ne tarda pas à présenter le visage cuivré et la chevelure ramassée en une mèche longue et droite d’un Indien.

La surprise n’était rien moins qu’agréable. Kenneth continua d’observer le sauvage, en s’attendant, à chaque instant, à voir déboucher une foule de ses frères. Il était dans l’erreur. La tête disparut pendant plusieurs minutes et notre aventurier se demandait ce qu’il avait à faire, quand la même face se remontra au faîte de l’éminence. Presque aussitôt deux chevaux se dressèrent à côté de l’Indien. Kenneth se sentit soulagé. C’était Tom Slocomb accompagné des animaux pour lesquels il s’était si fort exposé. Iverson ressentit l’impulsion qui nous pousse quelquefois à agiter notre coiffure en l’air et à traduire nos émotions par des cris de joie. Il s’abstint cependant de cette démonstration qui pouvait le compromettre et se contenta de placer sa casquette à l’extrémité de la baguette de sa carabine pour signaler sa présence à Tom.

Bientôt ce dernier l’eut rejoint. Nous renonçons à peindre la joie de Kenneth.

— J’étais sur le point de désespérer, dit-il. Qu’est-il arrivé ? qu’est-ce qui vous a retenu ?

— Une masse d’affaires, monsieur ; une masse d’affaires. J’ai assez heureusement réussi à tirer les chevaux hors de l’île, mais, après cela, j’ai eu de la misère à me débarrasser des Peaux-rouges. J’étais déterminé à avoir les selles, et quoi donc ! — le Corbeau montra les chevaux d’un air triomphateur, — on les a…

— Vous avez eu tort de vous risquer ainsi.

— Le danger, bast ! c’est l’assaisonnement de ma vie. Mais les Indiens étaient fièrement nombreux !

— Que faisaient-ils donc ? demanda Iverson.

— Tandis que je prenais les selles, ils scrutaient le lieu où vous aviez construit votre radeau. Ils nous poursuivent sur le lac à présent. Traînons-nous jusqu’au bord de l’eau et voyons où ils on sont.

Laissant les chevaux et écartant, avec précaution, les buissons, ils se glissèrent sur la berge du lac et allongèrent leurs regards vers l’île.

— Là ! que vous disais-je ? exclama immédiatement Tom. Tournez un peu les yeux à gauche, monsieur.

Kenneth se conforma à l’avis, et aperçut un grand radeau qui voguait vers l’île avec huit ou dix Indiens.

— Ils cherchent l’endroit où vous avez débarqué ou même à voir si vous avez touché à l’île. Je parie qu’ils vous soupçonnent d’y être caché. Mais il ne serait pas bon de rester ici à les épier. Nous aurons assez à faire pour échapper à leurs griffes et je serais tout peiné qu’ils nous prissent, à cause de cette aimable petite créature du bon Dieu que nous avons recueillie ce matin.

— Je partage vos sentiments. Saül Vander et elle nous attendent avec une vive impatience, j’en suis sûr. Pressons-nous.

Kenneth et Tom se hâtèrent de se rendre vers ceux qu’ils avaient laissés dans une horrible incertitude. Leur venue fut saluée avec un contentement d’autant plus complet que les yeux vigilants de Saül avaient déjà découvert le radeau et sa terrible cargaison.

— Ça me fait du bien de vous voir, garçon, dit-il ; moins pour moi, vous comprenez, que pour cette enfant. J’ai causé avec elle, depuis votre départ. Son nom est Florella. Appelez-la ainsi et elle vous répondra. Que devons-nous faire ?

— Si cette question s’adresse à moi, j’y répondrai par points et virgules, repartit le Corbeau avec plus d’exactitude qu’à l’ordinaire.

— Arrivons au fait, dit le guide. Jusqu’ici vous avez fait preuve d’adresse ; j’aime à le reconnaître. Vous êtes un vieux routier, farci de curieuses idées blanches et rouges ; mais étranges ou non, ça ne m’empêche pas de donner au diable ce qui lui appartient.

— C’est juste. Je conviens que l’on doit me complimenter. Et pour montrer que j’apprécie l’avantage d’être apprécié, j’irai jusqu’au bout de cette épineuse affaire. Vous monterez un des chevaux ; cette fille montera l’autre et nous ferons route jusqu’au fort le plus proche. Il n’y a pas plus d’un jour de marche d’ici là, mais une fois arrivée, elle sera en sûreté.

— C’est ce à quoi j’avais songé ; quoique je sois fâché d’être obligé de remplir les fonctions d’un paquet de marchandise, au lieu de partager avec vous les fatigues du voyage. Mais, comme je n’y puis rien, partons.

Florella se plaça sur le cheval de Nick Whiffles, et le guide sur celui de Kenneth. Comme ils allaient s’éloigner, Tom leur dit :

— Il faut, avant, que je jette encore un coup d’œil sur l’île. Ah ! ah ! les reptiles viennent d’aborder.

S’adressant ensuite à Kenneth ;

— Êtes-vous bon marcheur, monsieur ?

— Vous verrez qu’il n’est pas aisé de me fatiguer, répondit-il. Jamais le manque d’action n’a affaibli mes membres.

— Tant mieux ! tant mieux ! allons en avant ! Au fort[1] le plus près, vous savez, Saül Vander. Poussez aussi vite que vos blessures vous le permettront, et si nous ne pouvons vous suivre, laissez-nous derrière. Nous saurons bien veiller sur nous.

Le guide regarda un instant le soleil, les bois, le lac et les cieux, puis il s’orienta d’après des indices dont l’expérience, à défaut de la science, lui avaient appris la précision.

  1. Les immenses territoires de la baie d’Hudson, qui n’embrassent pas moins de 4 millions de milles carrés, sont semés, à des distances considérables, de forts, où les agents de la Compagnie font la traite avec les sauvages. Ces forts sont les caravansérails du désert américain.