Les Pieds-Noirs/44

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CHAPITRE XLIV

Réunion sur la prairie.


Nick Whiffles resta plongé dans une torpeur voisine de la mort jusqu’à a ce que les premiers rayons du soleil levant vinssent caresser son visage. Alors, le trappeur commença à se ranimer. La réaction qui s’opérait en lui venait-elle de l’habitude de s’éveiller à cette heure, ou de la chaleur que lui communiquait l’astre du jour, ou de ces deux causes combinées, nous ne le pourrions dire. Mais Nick recouvra peu à peu ses sens. Il comprit d’abord les marques d’affection dont l’accablait son chien, et bientôt la condition dans laquelle lui-même se trouvait.

Naturellement, Nick Whiffles n’était pas homme à se soumettre à la position horizontale, quand il y avait possibilité d’en prendre une autre. Aussi se mit-il tout de suite en devoir de se redresser. Après bien des efforts, le brave chasseur parvint à se placer sur son séant. C’était quelque chose. Et Calamité se hâta de témoigner la joie que lui causait ce symptôme de retour à l’existence. Cependant, Nick avait encore le cerveau rempli des froides vapeurs de la mort. La vue de son chien ne le ramena pas immédiatement sur notre planète.

— Nous ne sommes plus du monde, je suppose, n’est-ce pas ? dit-il en regardant vaguement Calamité. Tu es un esprit, et je suis un esprit ; pourtant, l’esprit d’un chien a joliment l’air d’un chien terrestre, hein ? oui, pardieu ! Mais il me semble aussi que ces longues jambes que voilà ont diantrement de la ressemblance avec celles dont j’avais l’habitude de me servir quand j’étais en bas, car ça doit être en haut que je suis à cette heure, ô Seigneur, oui ! Ça m’embarrasse de savoir quelle est la nature des ces jambes. Je devrais, cependant, assez bien connaître la nature des miennes, vu que j’en ai fait un bon usage quand j’étais à la rivière Rouge, et, c’est pas pour dire, mais on aurait eu de la peine à trouver une paire de jambes qui eût tant, tant arpenté les prairies. On aurait dit les deux branches d’un compas, quoi donc ! Mais en y regardant de près, je crois que ce sont là mes vraies jambes, les jambes à Nick Whiffles, après tout ; oui bien, je le jure, votre serviteur ! Ah ! je ne suis pas encore là où les méchants cessent de faire enrager leurs semblables, ô Seigneur, non !

Sur ce, le trappeur essaya d’expérimenter la valeur de ces deux membres douteux ; mais après être parvenu à se mettre debout, il s’affaissa lourdement sur le sol.

— Ah ! dit Nick en secouant la tête, de tout temps on est tombé du haut de pareilles perches à foin, mais pas de remède. Y a bien assez de bois en elles, seulement il aurait fallu donner à l’épaisseur ce qui a été donné de trop à la longueur. Diable, je m’en vais perdre toute confiance dans ces échasses. Il me faudra, je crois, adopter le système de Goliath Stout, de se tenir sur son propre fond.

Nick jeta un coup d’œil philosophique à son chien, et ajouta :

— Ça ne me fait pas grand chose, à moi, mais je n’aime pas à te voir dans une aussi maudite petite difficulté. Tu ne peux, toutefois, pas dire que je ne me suis pas attaché à toi. Non, il ne te sera jamais permis de penser que Nick Whiffles s’est sauvé ente laissant comme une vermine, du moment où la difficulté est devenue pire pour toi.

Calamité répondit par un grognement de joie en secouant sa grosse tête velue.

— Mais, poursuivit Nick, il y a une chose que je puis faire. Je puis revenir aux premiers principes. Si je ne puis marcher, je puis ramper, oui bien, pardieu ! S’il y a de l’eau aux environs, je la trouverai, et ça me fera une masse de bien.

Le trappeur se mit à l’œuvre, et travailla avec tant d’énergie que, peu après, il arrivait devant une source. Il en était à un pied de distance, et ses yeux savouraient déjà l’onde claire et rafraîchissante, quand Nick aperçut, à quelques pas, un homme qui lui tournait le dos. C’était le quaker. Whiffles ne pouvait se méprendre sur ses proportions athlétiques. Aussi, se hâtant d’assouvir la soif qui le dévorait il se mit à considérer le quaker qui paraissait plongé dans une profonde méditation. Curieux de savoir quelle pouvait être la cause de cette préoccupation, Whiffles recommença à ramper sans bruit et s’approcha tout près de l’étrange personnage. Alors seulement Nick découvrit que Hammet regardait attentivement le corps d’un Indien dont le visage était tourné vers le ciel. À cet aspect, la curiosité du trappeur redoubla. Il voulut mieux voir, et, pour ce faire, se souleva sur un bras. Mais au même moment son coude rencontra une branche de bois mort qui se rompit avec un craquement sec. Abram tressaillit, se retourna et se précipita vers Nick, en brandissant sa hache.

— Un moment, un moment, homme de paix ! vous allez commettre un meurtre abominable, oui bien, je le jure, votre serviteur ! fit Whiffles.

— Est-ce toi, ami Nick ? exclama le quaker. Mais qu’est-il arrivé ? Pourquoi te traîner sur le sol comme le serpent qui tenta nos premiers parents ?

— Une maudite petite difficulté, Largebord. Nous sommes à bas, Calamité et moi. Mais ça reviendra après quelques jours de bonne pitance. Nous ne sommes pas d’un caractère à nous laisser abattre, ô Dieu, non !

Après ces mots, le trappeur fit une tentative pour prendre l’attitude perpendiculaire ; mais ce fut en vain ; il alla rouler dans les broussailles. Calamité poussa un hurlement de douleur.

— Ç’a pourtant toujours été comme ça dans ma famille, dit candidement Nick. J’ai eu une fois une tante qui ne pouvait se tenir debout sans tomber à terre. C’était comme mon oncle, il avait une fièvre dans le dos, et il ne pouvait se tenir sur ses talons, le pauvre cher homme. Allons, ne crie pas, mon vieux camarade. Quand je serai fatigué de faire la paresse sur les reins, je me planterai sur le ventre, et tu verras qu’on peut encore courir sa chance sur cette terre, ô Dieu, oui !

— Toujours original, ami Nick, répliqua Abram, aidant le chasseur à se lever. Tu ne parais pas aussi désespéré que lors de ta dernière difficulté, hein ? Ça me fait plaisir. Appuie-toi sur mon bras ; je vais te conduire à cette petite pelouse où tu me raconteras ce qui t’est arrivé. Ensuite, nous essayerons de faire quelque chose pour te guérir.

— Mon histoire, je vais vous la dire en une douzaine de mots, quoique ça me prendrait bien une demi-journée si j’avais l’habitude d’allonger les phrases comme une personne que je pourrais nommer. Mais je ne suis pas de ces hommes qui pillent souvent les dictionnaires. J’ai eu une maudite difficulté avec les Indiens, et c’est là tout, quoiqu’il soit assez probable que si le chien n’avait pas été malade, les vermines n’auraient pas eu beau jeu. Le fait est que je n’ai pas voulu laisser une pauvre bête comme lui qui ne m’a jamais quitté. Après l’avoir porté autant que je pus, je combattis, fis de mon mieux et pensai que mon temps était arrivé. Tom Slocomb, que j’avais rencontré, comme vous le savez, se comporta très-bien lui-même. Il vous tapa ferme sur l’ennemi, et tout en croassant et battant des ailes, travailla comme le plus brave des trappeurs. Tout à coup j’oubliai le peu que je savais et ne sentis plus rien sinon une enfilade de vilains rêves, tout remplis de Peaux-rouges scalpant les visages pâles et leur faisant les plus maudites petites difficultés. Si vous voulez agir comme un bon Samaritain et faire un peu de bien pour lequel je vous serai reconnaissant jusqu’à la fin de mes jours, accordez votre attention a mon ami à quatre pattes.

— Ami Whiffles, je suis touché de ton dévouement pour ton chien !

Après ces mots, prononcés avec une chaleur qui ne lui était pas habituelle, le quaker reprit d’un ton plus calme, quoique parfois ses yeux paisibles s’animassent d’un éclat singulier :

— Je serais profondément peiné que l’on dît ou que même l’on pensât que la secte appelée quakers, dont Fox a été le vénérable fondateur, ait eu un de ses membres coupable de manque d’humanité envers l’homme ou la bête ; car, ami trappeur, je fais les bonnes œuvres, les actes de charité, de bienveillance, etc., la pierre de touche du christianisme, sans laquelle les déclarations sont comme la grosse caisse et les cymbales, sans plus d’effet pour sauver l’âme ou renforcer l’homme extérieur, que…

— Arrêtez là, monsieur Abram, ou je m’évanouirai avant que vous n’ayez fini !

Et Nick tourna ses yeux vers le corps de l’Indien parfaitement visible.

— Bêtise que tout cela, ajouta-t-il. Qui est-ce qui a tué ce Peau-rouge ? Vous pouvez voir qu’il porte la marque du tueur mystérieux, une taillade qui part en droite ligne du sommet de la tête et vient partager le meuton.

— Tu en veux trop savoir, dit Hammet ; qu’ai je à faire avec des monstruosités de cette sorte ?

— Tout homme a son opinion et j’ai la mienne. Il n’est pas de créature si misérable qu’elle soit qui n’ait droit d’avoir son opinion.

Nick devenait évidemment sérieux ; il poursuivit :

— Les médecins et les avocats demandent ordinairement quelque chose pour leur opinion ; mais moi, non, je la donne pour rien.

— Je ne t’ai pas demandé ton opinion, dit vivement Abram.

— Je le sais, ô Dieu, oui ! mais je vous l’ai dite parce que c’était mon idée, voilà ! Je ne me laisse pas prendre avec de la glu comme un oisillon. La nature m’a appris quelque chose, si l’école ne l’a pas fait. Je vois aussi clair dans les choses que qui que ce soit. Abram Hammet, vous n’êtes pas ce que vous semblez être. Vous parlez un bon bout en faveur de la paix et contre la violence ; mais ça n’empêche ! Ces diables de coups qu’on trouve de temps en temps sur la tête des Indiens ont été faits par votre hache. Oui… celle-là pendue à votre ceinture.

— Tu élèves de sérieuses accusations, commença Abram avec son flegme caractéristique.

Mais il fut interrompu par une succession de cris déchirants ;

— Au secours ! au meurtre ! Les Indiens ! À l’assassin ! mon Dieu ! mon Dieu !

— La voix de Perscilla Jane ! oui bien, je le jure, votre serviteur ! s’écria Nick.

— Silence ! fit le quaker.

Mais le trappeur ne l’entendit pas. Il était tout yeux.

— Eh ! que diable est-ce ? quelle difficulté ? exclama-t-il.

Un mouvement se manifesta dans les broussailles ; il fut accompagné d’un craquement de branchages, et Saül Vander parut.

Il était suivi de Kenneth.

— Ce n’est rien que cette maudite femme ! vous comprenez ? dit le guide.

— Oui, je comprends ça. Après l’avoir entendue, est-ce qu’on peut l’oublier ? Pourquoi et pour qui l’avez vous amenée ? Est-ce que vous auriez eu quelque petite difficulté de tendresse avec elle, Saül Vander ? reprit Nick, avec un coup d’œil à Iverson.

— Si elle est ici, ça doit être par votre entremise, Whiffles, riposta le guide un peu piqué. Mais que veut dire tout cela ? Il y a eu du grabuge ici. On s’est tapé, hein ?

Du bout du doigt il désignait le cadavre de l’Indien.

— Tapé ! dit Nick, un peu qu’on s’est tapé, oui bien, je le jure, votre serviteur !

— Comment ?

— Oh ! rien, cette créature est défunte, voilà tout. Il y en a d’autres par là dans le même état, et puis ce pauvre Calamité est malade, et moi… Mais qu’est-ce que ça ferait, moi, si Calamité n’était pas malade ?

Kenneth s’était approché et ses yeux étaient tombés sur le cadavre.

— Encore le tueur mystérieux ! s’écria-t-il ; c’est inexplicable. Et toujours aussi quand il est si près.

Ces derniers mots furent prononcés à voix basse ; mais les regards du jeune homme s’étaient portés sur Abram.

Le quaker se tenait près de Nick qui était assis sur un tronc d’arbre. Ce dernier saisit la hache de Hammet, l’arracha à sa ceinture, et, la tendant à Kenneth, lui dit :

— Voyez donc un peu, s’il vous plaît, comme ce morceau d’acier s’adapte à la blessure.

Iverson prit l’arme et l’examina. La lame était maculée de sang et de petits fragments d’os se montraient au-dessous de l’œillet, près du manche.

— Cette hache est terriblement large, et il faut une puissante main pour manier un pareil instrument.

— Et une plus puissante encore pour faire une pareille entaille, oui bien, je le jure, votre serviteur ! s’écria Whiffles.

Cependant, Iverson avait mis un genou en terre, et se penchant sur le mort, il comparaît la plaie avec la forme de la hache. En tournant le crâne, il tressaillit subitement et poussa une exclamation.

— Qu’est-ce donc ? demanda Saül.

Mais Iverson avait tiré son couteau de chasse, fendu le capot qui recouvrait le cadavre et mis sa poitrine à nu.

C’était la poitrine d’un visage pâle.

Hammet pâlit visiblement.

— Un blanc ! s’écria le guide.

— Se peut-il ? dit Abram d’une voix altérée.

— Chris Carrier ! articula Kenneth reculant d’horreur.

— Chris Carrier ? Ô Dieu, oui ! répéta Nick qui s’était approché du corps. Ma foi, si jamais vermine mérita d’être tuée c’est bien celle-là, oui bien, je le jure, votre serviteur ! C’est dommage, ajouta-t-il, après un moment de réflexion, bien dommage, il a eu une mort trop douce, oui, en vérité, il aurait dû souffrir une idée de plus ; c’est mon opinion ; pourtant, après tout, il ne m’est pas permis de le juger. Si le Maître de ma vie n’était pas si compatissant pour les péchés d’un tas de pauvres diables comme nous, je n’aurais pas grand’chance de vivre, moi-même, ô Dieu, non !

— C’est bien ! dit le quaker d’une voix émue. Il ne nous appartient guère de distribuer les peines ou récompenses que la divinité réserve aux mortels.

À ce moment, Goliath Stout et son épouse sortirent du fourré où ils se tenaient depuis le commencement de cette scène et rejoignirent les autres acteurs. Inutile de dire que Mme Stout tomba en convulsions à la vue du cadavre. Cependant, au milieu de ses jérémiades et de ses lamentations, elle n’oublia pas de s’abattre sur les épaules de l’infortuné Goliath.

— Je ne puis dire que je regrette beaucoup la mort de ce gaillard-là, dit le guide ; car ç’a été le fidèle complice de Mark Morrow dans l’enlèvement de ma fille, vous comprenez ?

Nick hocha tristement la tête.

Kenneth, qui restait toujours baissé ; aperçut tout à coup un papier échappé d’une des poches du défunt.

— Qu’est-ce que cela ? fit-il.

— L’écriture de Mark Morrow, je la connais, vous comprenez ? dit Saül, après s’être incliné pour regarder le papier.

— La vermine nous a tous mis dans une maudite petite difficulté, maugréa Nick en passant la main sur la tête de Calamité.

— Lisez-nous ça ; lisez-nous ça, Iverson, dit Saül avec une impatience fébrile.

Le jeune homme commença au milieu d’un sombre silence :

« Chris Carrier, que le diable t’emporte, maladroit ! Comme je te l’ai déjà dit, tu ne sais rien faire qu’à demi : par une pitoyable sottise de ta part, Le Loup a échappé à la noyade, et il est retourné à son infâme tribu, où il nous prépare quelque vilain tour de sa façon. Comment a-t-il pu se sauver ? Peut-être le sais-tu mieux que moi. Peut-être avait-il un couteau caché dans sa poche et a-t-il réussi à couper la corde qui tenait la pierre fixée à son cou. Mais, pourtant il avait les mains liées. C’est bien singulier. J’éclaircirai ce mystère, il le faut.

» En tout cas, tu vas courir après Jean Brand et les autres. Tu les feras changer de route ; ils doivent mener ailleurs la jeune fille, tu m’entends ! Le Loup est à sa recherche avec une bande de maudits Pieds-noirs. Traverse la Saskatchewan avec Brand et cachez-la dans le voisinage de l’autre rive. C’est le meilleur plan. Je vous rejoindrai aussi vite que possible, mais j’ai peur que tout ne tourne contre moi, car ça va de mal en pis. Enfin, si tu réussis, je te récompenserai libéralement. Tu sais que l’argent ne me coûte guère et que je sais me souvenir de ceux qui m’ont servi. Ce que je t’ai déjà donné est une garantie de ce que je te donnerai si le succès couronne notre entreprise. Je me suis assuré l’aide d’un parti d’Indien, pour surveiller ce petit misérable d’Iverson. Nous te tiendrons bientôt dans nos trappes. Quant, à Saül Vander, je m’en charge. Il n’y a rien à redouter de lui. Seulement, prends toujours bien garde à la dent du Loup. Et si, par bonheur, tu peux loger une balle dans le cerveau de cet imbécile de gros quaker ou lui faire sentir les effets du baume d’acier, tu me comprends ?… On m’a dit à Selkirk que Nick Whiffles respirait encore ; mais ça doit être une fausse rumeur. Je n’y crois point pour ma part. Les poissons à qui il a a servi de régal sont encore là pour l’attester. Enfin, rappelle-toi mes instructions. Tu as ta fortune entre tes mains, songes-y. »

— Arrêtez , arrêtez ! s’écriait déjà Nick. Je n’en veux pas entendre davantage, non pour le sûr. Servir de régal aux poissons, à des vermines de cette espèce, moi, Nick Whiffles ! Ô le gueux des gueusards ! Si je pouvais seulement lui poser le bout de la patte su l’échine ! Il apprendra à connaître Nick Whiffles. Je le jure, oui bien, votre serviteur ! Un luron comme moi, qui a couru tant de milles le havresac sur le dos, la carabine sur l’épaule ; suivant les pistes jour et nuit ; couchant dans les prairies ; se levant sur les lacs ; chassant le castor et la loutre ; le buffle et l’ours ; parcourant le Nord-ouest dans tous les sens ; escaladant les montagnes Rocheuses ; tombant d’une maudite difficulté dans une autre ; moi, Nick Whiffles, dont le grand oncle a trotté dans toute l’Afrique centrale, moi mangé par les poissons, ô Dieu, non !

Il s’arrêta, respira longuement, et baisant le museau de Calamité :

— Continuez, capitaine, dit-il.

— C’est tout, dit Kenneth.

— Et suffisant, en vérité, je te le dis, reprit Hammet.

— Oui bien, je le jure, votre serviteur ! ajouta Nick Whiffles, caressant toujours la tête de Calamité.

Le noble animal le regardait avec amour et adorait en lui son Dieu visible, car l’homme est le Dieu du chien.

— Que faire ? demanda Kenneth passant la main sur son front.

— Que faire ? dit en écho Vander.

— Avant tout, j’aimerais assez à savoir définitivement, qui est ce diable de tueur…

Le trappeur ne put achever. La détonation d’une arme à feu lui coupa la parole.