Les Plantes potagères/Poireau
Indiqué par les auteurs comme originaire de la Suisse. — Bisannuel. — Malgré les noms différents qui ont été donnés aux deux plantes par les botanistes, il paraît extrêmement probable que le poireau et l’ail d’Orient sont une seule et même chose, différant seulement en ce que dans l’un la culture s’est attachée à développer la production des caïeux, tandis que dans l’autre on s’est efforcé d’obtenir surtout des feuilles abondantes et se recouvrant les unes les autres par leur base sur la plus grande longueur possible.
Dans le poireau, comme dans l’ognon, la tige est réduite, pendant la première année, à un simple plateau ou cône très aplati, d’où partent inférieurement les racines, et supérieurement les feuilles, emboîtées les unes dans les autres par leur partie inférieure fermée en forme de gaine, et étalées ensuite en une longue lame généralement pliée dans le sens de la longueur et se rétrécissant jusqu’à la pointe. Ces feuilles, plus ou moins larges et plus ou moins longues, suivant les variétés, paraissent disposées en deux séries opposées, de sorte qu’elles s’étalent les unes au-dessus des autres de deux côtés, symétriquement par rapport à l’axe de la plante, et formant pour ainsi dire un éventail. La tige florale, qui ne se développe que la seconde année, s’élève au centre des feuilles et juste entre les deux moitiés de l’éventail. Elle est lisse, pleine, de grosseur à peu près égale sur toute sa hauteur, et non renflée comme celle de l’ognon. Les fleurs, blanches, rosées ou lilacées, forment en haut de la tige un gros bouquet simple à peu près sphérique. Aux fleurs succèdent des capsules à trois valves, trigones-arrondies, remplies de graines noires, aplaties, ridées, ressemblant beaucoup à celles de l’ognon. Ces graines sont au nombre de 400 dans un gramme, et le litre en pèse 550 grammes ; leur durée germinative est habituellement de trois années.
Culture. — Le poireau est une plante très franchement bisannuelle, c’est-à-dire qu’il lui faut presque une année complète pour se préparer à fleurir et à mûrir ses graines, ce qu’il fait dans le cours de la seconde année. On sème ordinairement le poireau au mois de mars en pépinière ; au mois de mai ou au commencement de juin, quand le plant (qu’on a dû éclaircir si le semis était trop dru, et arroser au besoin) a acquis la grosseur d’un bon tuyau de plume, on le met en place dans une bonne terre, fraîche et riche, fumée d’avance, et autant que possible avec du fumier bien consommé. La plantation doit se faire de préférence par un temps frais et couvert, sinon on doit avoir eu la précaution de bien mouiller la terre quelques jours d’avance. On plante habituellement en rayons espacés de 0m,40 à 0m,50 et à 0m,25 ou 0m,30 sur les rangs. On peut mettre les plants tout simplement en place, en ayant soin de ne pas les enterrer plus profondément qu’ils ne l’étaient avant la transplantation ; on recharge ensuite la planche pour faire blanchir les poireaux sur une plus grande longueur. Un autre procédé consiste à ouvrir sur les rangs et à la place que doit occuper chaque plant un petit trou circulaire, d’une dizaine de centimètres de diamètre sur une profondeur égale : c’est au fond de ce trou que l’on repique le jeune plant, et les pluies ainsi que les arrosements comblent peu à peu le trou en y entraînant la terre qu’on en avait tirée et qu’on avait laissée sur les bords.
Les poireaux repiqués au mois de mai commencent à donner vers le mois de septembre. On peut en obtenir un peu plus tôt en semant dès le mois de février pour repiquer à la fin d’avril. Quelques maraîchers des environs de Paris peuvent même en vendre dès le mois de juillet au moyen de semis faits sur couche au mois de décembre. Si l’on cherche au contraire à prolonger la production à la fin de l’hiver ou au printemps, époque où les poireaux déjà faits commencent à mouler à graine, on a recours à des semis tardifs faits vers la fin d’avril ou en mai et mis en place seulement en août.
Usage. — On fait grand usage, en cuisine, de la partie inférieure et blanchie des feuilles du poireau, partie qu’on appelle improprement la tige de la plante.
Cette variété est extrêmement distincte. Les feuilles en sont réunies sur
Poireau long d'hiver de Paris. réd. au sixième. |
Cette variété résiste bien à l’hiver. Elle convient surtout pour les plantations d’arrière-saison. C’est la seule dont on puisse obtenir ces beaux poireaux très hauts et très minces qui sont apportés en longues bottes à la halle de Paris. Il est vrai d’ajouter aussi que les maraîchers aident un peu la nature en rechaussant les poireaux au cours de leur végétation.
Cette race mériterait mieux d’être appelée P. gros long, car elle a le pied fort élevé, en même temps que d’un diamètre relativement considérable. Elle atteint souvent en effet 0m,25 de long sur 0m,04 ou même 0m,05 de diamètre. Les feuilles sont amples, souples, souvent retombantes, de couleur un peu variable, mais généralement assez foncée et d’un vert franc C’est une très belle et très bonne variété, assez hâtive, très productive, mais sensible au froid. Sous le climat de Paris, on ne peut l’employer que pour les plantations destinées à produire à l’automne. Elle ne supporte en effet, sans en souffrir, que les hivers exceptionnellement doux.
Cette variété, comme son nom l’indique, est originaire de l’ouest de la France ; l’influence de cette origine se manifeste dans le tempérament de la
Poireau jaune du Poitou. réd. au sixième. |
Le P. jaune du Poitou, comme nous l’avons dit, n’est pas extrêmement rustique ; il est précoce et grossit rapidement, ce qui le rend très convenable surtout pour produire à l’automne.
Poireau très gros de Rouen. réd. au sixième. |
Pied court, très gros, ne dépassant guère 0m,15 à 0m,20 de longueur sur 0m,05 ou 0m,06 de diamètre, presque complètement enterré. Feuilles commençant à se séparer, pour former l’éventail, presque au niveau du sol ; nombreuses, étroitement imbriquées les unes sur les autres, pliées en gouttière, raides et de médiocre longueur, ordinairement pendantes vers l’extrémité. Le limbe des feuilles est large, d’un vert foncé grisâtre ou légèrement glauque.
Le P. très gros de Rouen est une belle variété, productive, convenant aussi bien pour l’hiver que pour l’automne, grossissant moins rapidement que le P. gros court, mais, par contre, très lente à monter à graine au printemps, et par conséquent restant plus longtemps propre à la consommation.
Les caractères de cette variété sont à peu près exactement les mêmes que ceux du P. de Rouen, dont celui-ci n’est très probablement qu’une race améliorée, mais réellement très distincte par les dimensions beaucoup plus fortes qu’elle acquiert et par la couleur très foncée de son feuillage. La longueur du pied ne dépasse guère, dans le P. de Carentan, 0m,15 à 0m,20 ; mais le diamètre en peut atteindre aisément 0m,07 à 0m,08, quand la plante a été bien cultivée. On en a vu souvent de dimensions encore supérieures. Comme le P. de Rouen, celui-ci est bien rustique et supporte parfaitement les hivers sous le climat de Paris.
Nous citerons encore les variétés suivantes:
P. gros court de Brabant (syn. P. froid; all. : Grosser dicker Brabanter Lauch). Poireau vraiment très court et très rustique, mais petit, le diamètre du pied ne dépassant guère 0m,03. Par son aspect, la couleur et la disposition de ses feuilles, il ressemble passablement au P. de Rouen, mais lui est très inférieur par le volume.
P. London flag. C’est le P. commun des Anglais. Le pied en est assez long et le feuillage dressé, d’un vert glauque et grisâtre. C’est une race passablement rustique, mais un peu variable d’apparence.
P. de Müsselbourg (syn. angl. : Scotch flag leek). Originaire des environs d’Edimbourg. C’est une variété améliorée du précédent, à pied plus haut et plus épais, et à large feuille.
P. petit de montagne. Race à demi sauvage, répandue dans le midi et le centre de la France. C’est un poireau à feuilles étroites, pliées en long, d’un vert glauque foncé, à pied très court et très petit, et souvent drageonnant. Son seul mérite est d’être très rustique.