Les Poètes du terroir T I/Henry d’Andichon

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Les Poètes du terroir du XVe au XXe siècleLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 146-148).

HENRY D’ANDICHON

(1712-1777)


D’origine noble, Henri d’Andichon naquit en 1712 et mourut à Lembeye, le 21 mai 1777.

Après avoir été curé d’Aucamville, au diocèse de Toulouse, il devint archiprètre de Lembeye, au diocèse de Lescar. Il était prieur de Saint-Martin de Maucourt, au diocèse d’Agen ; il fut également abbé laïque d’Artigueloutan et de Montaner. Les États de Béarn du 11 avril 1762 l’admirent dans l’ordre de la noblesse, au titre du fief d’Assat. Quoiqu’il ait écrit un poème français sur La Chasse aux Palombes (Pau, L. Ribaut, 1875, in-8o), Henri d’Andichon est surtout connu comme noëliste. Ses noëls ont eu plusieurs éditions. Nous citerons les suivantes : Noëls choisis nouvellement composés sur les airs les plus agréables, les plus connus et les plus en vogue de la province de Béarn (Tou- louse, Aug. Hénault, s. d., in-12 ; les mèmes (Pau, G. Dugué et J. Desbaratz, s. d., in-12) ; Ibid. (Bagnères-de-Bigorre, J.-M. Dossun, 1857, in-12). (Voy. en outre les recueils de poésies béarnaises de Vignancour). Rien n’est plus plaisant que la préface de cet ouvrage, où l’auteur exprime le vœu qu’on chante ses Noëls sur des airs réjouissants.

Bibliographie. — Louis Batcave, Esquisse d’une histoire de la littérature béarnaise, ms.



NOEL

Célébrons la naissance
De notre aimable Sauveur ;

Pleins de reconnaissance,
Adorons sa grandeur.
 
Voici le temps si attendu,
Le Messie est descendu.
Notre ennemi est confondu,
Dieu finit notre guerre :
Et le plus grand de tous les biens,
La paix sur la terre,
Règne pour jamais.

Dieu éternel comme son père
S’incarne au sein d’une Mère,
Il veut devenir notre frère ;
Maître de la nature,
Il cache toute sa grandeur
Sous l’humble figure
De l’homme pécheur.

Ô Sauveur plein de bonté !
Si vous ne m’aviez tant aimé,
Qui, jamais, m’aurait racheté ?
Ma désobéissance

M’avait d’abord condamné ;
Mais par votre naissance
Mon sort est changé,

À l’exemple du Sauveur,
Afin de répondre à son amour,
D’un seul cœur aurons-nous assez ?
Consacrons sans partage
Nos désirs, nos actions
À l’enfant béni
Qui vient souffrir pour nous.

(Noëls, etc. ; Toulouse, Aug. Hénault, s. d.)



NADAU

Celebrem la nechense
De nouste aimable Saubadou

Plés de recounechense
Adourea sa grandou.
 
Aci lou tems tant attendut,
Lou Messie qu’ey descendut,
Nouste ennemie qu’ey counfoundut,
Diu fineich nouste guerre :
Et lou plus grand de tous los bès,
La pax dessus la terre,
Que règne per jamés.

Diu éternel coumo soun pay
Et s’incarne au séé d’ue may,
Que bou debienne nouste fray ;
Meste de la naturo,
Que cacho toute sa grandou
Débat l’humble figûro
De l’houmi peccadou.

O Saubadou pléé de bountat !
Si bous nou m’abet tant aymat,
Qui jamay m’auré rachetât ?
Ma désobéissenço

D’abord que m’abé coundamnat ;
Mes per boste nechenso
Moun sort qu’ey cambiat !
 
A l’exemple dou Saubadou,
En ta respoune à soun amou,
D’un cô soulet auram nous prou ?
Counsacren chens partatjé
Noustes désirs, nousles actious
Au benadit Maynatjé
Qui bien souffri per nous.