Les Poètes du terroir T I/Paul Pionis

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Les Poètes du terroir du XVe au XXe siècleLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 75-76).
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PAUL PIONIS

(1848)


Louis-Guillaume-Florent Papin (en littérature Paul Pionis} est né à Baupré (Maine-et-Loire), le 27 février 1848, de Florent Papin, maire de cette ville. Après avoir fait ses études au lycée d’Angers, il habita Fontenay-aux-Roses, puis Claunart, au cœur de l’Île-de-France. Revenu à son pays d’origine, il s’est fixé définitivement, depuis 1903, à Clefs, dans un antique logement appartenu à sa grand mère, sorte d’ermitage situé en pleine campagne, aux confins d’un grand bois de sapins, de bouleaux et de chênes.

Ô petit coin de terre,
Où, de sa main légère
Comme une aile d’oiseau,
En chantonnant, ma mère
A bercé mon berceau,


a-t-il écrit, non sans une émotion communicative.

On lui doit un certain nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons : A la volée, poésies et nouvelles ; Paris, H.-E. Martin, 1881, in-18 ; Eclats de rire et Sanglots, nouvelles, ibid., 1882, in-18 ; Grand’Maman Poupée, Pierre la Revanche, nouvelles, Paris, Librairie d’éducation de la jeunesse, 1887, in-8o ; La Chanson de mignonne, poésies, Paris, Fischbacher, 1891, in-18 ; A la pointe de la plume, nouvelles, ibid., 1893, in-18 ; Reveil d’honneur, épisode dramatique en vers, ibid., 1894, in-18 ; et Les Coiffes angevines, poésies, ibid., 1902, {{in-18}]. C’est ce dernier recueil qui l’a fait connaître, en le classant parmi les bons poètes du terroir angevin.

M. Paul Pionis a collaboré à un très grand nombre de journaux et de périodiques, entre autres : L’Ouest artistique et littéraire, la Revue des provinces de l’Ouest, L’Echo de la semaine, le Supplément du Petit Journal, Le Patriote de l’Ouest, Le Petit Baugeois. Il a de plus été rédacteur en chef de Paris-Chronique.

Bibliographie. — Albert Grimaud, La Race et le Terroir ; Cahors, 1903, in-8o. — Gansseron, Les Coiffes angevines ; Revue des Poètes, 10 juillet 1903 : Revue de l’Anjou, janv.-févr. 1903.


LES COIFFES ANGEVINES
À André Theuriet.


O fillettes d’Anjou, que j’aime vos bonnets,
Papillons de dentelle, aux larges ailes blanches,
Qui, volant à l’appel des cloches, les dimanches,
Ont l’air, par les chemins, de butiner aux branches
L’or bruni des ajoncs et l’or clair des genêts !

Si noirs sont vos cheveux sous la neige des ailes !
Si veloutés, vos cils ! Et vos regards, si doux !
Votre bouche y rougit ainsi qu’un fruit de houx,
Votre joue y paraît fraîche à rendre jaloux
Les boutons d’églantier fleurissant nos venelles.

Comme d’un vin exquis se délecte un buveur,
L’artiste, en vous voyant, de vos grâces s’enivre ;
Le vieux viveur blasé, dont le cœur est de givre,
Quand vous apparaissez, de nouveau se sent vivre,
Et l’éphèbe, troublé, vous suit des yeux, rêveur…

C’est qu’en leurs plis gaufrés vos mignonnes coiffures,
Alvéoles d’amours, tiennent toujours cachés
De malins petits dieux, adorables archers,
Dont les traits, sur nos cœurs savamment décochés,
Invisibles, nous font de divines blessures.

Oh ! méprisez la mode, et gardez vos bonnets,
Papillons de dentelle, aux larges ailes blanches,
Qui, volant à l’appel des cloches, les dimanches,
Ont l’air, par les chemins, de butiner aux branches
L’or bruni des ajoncs et l’or clair des genêts.

(Les Coiffes angevines.)