Les Poètes du terroir T I/R. Le Pays

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Les Poètes du terroir du XVe au XXe siècleLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 356-357).

RENE LE PAYS

(1634-1690)


René Le Pays, sieur du Plessy-Villeneuve, surnommé le singe de Voiture, naquit à Fougères en 1634. Il reçut une bonne éducation et vint dès sa jeunesse chercher fortune à Paris. Il obtint d’abord un emploi modeste dans les finances, et par la suite la direction générale des gabelles du Dauphiné et de la Provence. René Le Pays mourut à Paris le 30 avril 1690. On l’enterra à Saint-Eustache, non loin de Voiture. Ses dernières années furent traversées par un malheureux procès, qu’il finit par perdre, mais qui n’altéra jamais sa belle humeur d’écrivain. Ce fut tout à la fois un poète de talent et un homme d’esprit. Les œuvres de Le Pays consistent en lettres ou traités de galanterie, mélangés de vers et de prose : Amitiez, Amours et Amourettes (Grenoble, Ph. Charvys, 1664, in-12, et Paris, Ch. de Sercy, ibid., in-12 ; Grenoble et Paris, 1665, in-12 ; Paris, Sercy, 1667 et 1672, in-12 [nombr. réimpr.]) ; Les Nouvelles Œuvres de M. Le Pays (Paris, Barbin, 1672, 2 vol. in-12, et Amsterdam, Wolfgang, 1674, 2 parties, in-12) ; Œuvres choisies (La Haye, 1680, 2 vol. in-12. On lui doit, de plus, un petit roman, Zelotyde, histoire galante, Paris, 1664, in-12.

Bibliographie. — Richelet, Les plus belles Lettres franc., 1698, 2 vol. — Abbé Goujet, Bibliothèque franc., t. XVIII, p. 264. — Ch. L. Livet, Précieux et Précieuses, etc. — J. de la Pilorgerie, René Le Pays, Nantes, extr. de la Revue de Bretagne et de Vendée, 1872. — Anthologie des poètes bretons du dix-septiemc siècle, Nantes, Soc. des Biblioph. bretons, 1884, in-4o. — Fréd. Lachèvre, Bibliogr. des recueils collectifs de poésies, 1597-1700, t. III, p. 403.



BAGATELLE


Vers l’endroit où la Loire entre dedans la Mer,
Assez près de cette Isle et fertile et charmante,

Qui fit faire à la Cour le voyage de Nante,
Et qui coûte à son Maistre un regret bien amer.

Près de ce lieu fameux un Navire estranger.
Qui faisoit voir de loin son enseigne pendante,
Après avoir esté battu de la tourmente,
Sembloit prendre repos, lassé de voyager.

La Mer estoit pour lors douce, calme et tranquille.
Et n’eust pas soulevé le cœur le plus débile ;
Le Ciel estoit aussi pour lors serein et doux.

Quand dans ce grand vaisseau, parut à nostre veüe.
Un jeune Matelot, Messieurs, le croirez-v«»us ?
Un jeune Matelot mangeant de la morüe.

(Amitiez, Amours et Amourettes. sec. édition, 1664.)