Les Poissons et les Animaux à fourrure du Canada/Chapitre 2

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CHAPITRE II

PRODUCTION

I


Il a suffi d’un quart de siècle pour donner à la valeur des pêcheries canadiennes un essor prodigieux. En 1850, cette valeur ne dépassait pas le chiffre misérable de 800,000 francs. En 1875, elle atteignait déjà près de soixante millions. En 1890, elle se chiffrait à cent millions, et, depuis lors, elle s’est maintenue à ce dernier chiffre, avec plus ou moins de fluctuations peu importantes.

En 1897, néanmoins, le rendement a atteint près de cent quinze millions de francs, en y comprenant les pêcheries d’eau douce.

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Il importe de bien noter en passant que ce chiffre de cent quinze millions ne représente que la valeur du poisson préparé pour l’exportation et pour l’alimentation de quelques marchés intérieurs. En dehors de cette quantité il y a encore la consommation domestique qui, évaluée à cent livres par tête, donne 400,000,000 de livres. Mettons le prix moyen de la livre à vingt centimes, et nous obtiendrons la somme de 80 millions de francs, qui, ajoutée à la valeur du poisson préparé pour le commerce, donne un grand total de près de deux cents millions de francs pour la valeur réelle des pêcheries canadiennes, en 1897.

Il importe de remarquer de plus que les pêcheries côtières du Canada ne sont pas seulement exploitées par les pêcheurs canadiens, mais encore par ceux des États-Unis, en vertu de traités internationaux. Les grands lacs sont aussi, pour la plupart, divisés entre les États-Unis et le Canada, en sorte que les prises canadiennes, accusées par la statistique ne sont qu’une partie du rendement total de ces eaux.


II


La Confédération canadienne ne compte pas moins de 80,000 hommes adonnés à l’industrie de la pêche.


Jusqu’à ces années dernières, c’est la morue qui avait tenu la tête sur les marchés au poisson d’Europe et d’Amérique, tant pour la quantité prise que pour la valeur commerciale. Elle a dû, depuis trois ans, céder la première place au saumon de la Colombie anglaise, dont le rendement s’est élevé à vingt-six millions de francs en 1897.

Mais elle a gardé le second rang. La suivant de très près vient le homard, qui a rapporté, dans l’année ci-dessus, près de dix-huit millions de francs. Ensuite, le hareng, qui est surtout pêché sur les côtes du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. La première de ces deux provinces en a pris pour une valeur de 5,350,000 francs, et la deuxième pour 2,700,000 francs. En troisième lieu vient la province de Québec, pour la production de ce poisson. Cette province en a exporté, en 1897, pour plus d’un million de francs.

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En tête de toutes les provinces se place la Nouvelle-Écosse, pour la production maritime générale, avec le chiffre de quarante millions, cinq cent mille francs. Seule, la morue a rapporté dans cette province, en 1897, au delà de quatorze millions de francs ; le homard, onze millions ; le haddock, 3,850,000 francs.


En second lieu vient la Colombie britannique, avec son énorme production de saumon pris sur la côte du Pacifique et dans les eaux de la rivière Fraser.

C’est de cette province que vient la plus grande quantité de flétan, un peu plus que la production même de la Nouvelle-Écosse.


En troisième lieu se place le Nouveau-Brunswick, d’où vient la presque totalité de l’éperlan et de la sardine, pour une valeur collective de trois millions, six cent mille francs.

En quatrième lieu, la province de Québec, dont la production maritime totale est évaluée, pour 1897, à 8,685,000 francs, comprenant presque exclusivement la morue, le homard et le hareng.

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La mise en conserve du saumon et du homard est aujourd’hui l’une des principales industries de la Confédération canadienne.

La valeur du saumon mis en boîtes, en 1897, s’est élevée à 24,360,000 francs, et celle du homard à 11,130,000 francs, ce qui représente une moyenne de trente millions de livres de saumon et de quinze millions de livres de homard ; cela, sans compter les quantités considérables de ces deux poissons qui sont expédiées à l’état naturel sur les marchés de l’intérieur et des États-Unis.


III


L’histoire de cette industrie est particulièrement intéressante en ce qu’elle fait voir avec quelle rapidité se propage le goût d’une consommation aussi accessible et aussi commode.

En 1870, toute la production du homard ne rapportait pas plus de 100,000 francs ; quatre ans seulement plus tard, elle avait fait un bond prodigieux et atteignait dix millions ; en 1897, enfin, elle était estimée à 17,500,000 francs.

Quant au saumon il lui a fallu encore moins de temps, depuis ses modestes débuts, pour devenir l’industrie pêchère la plus importante et la plus profitable du Canada. La rivière Fraser, qui traverse la Colombie anglaise, en fournit la plus grande partie, quelque chose comme 10,000 tonnes.