Les Polonais et la commune de Paris/Introduction

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INTRODUCTION



Quelque désireux qu’on soit de détourner les yeux de l’horrible spectacle que nous a laissé la Commune de Paris, il faut s’y arrêter encore pour y puiser des enseignements salutaires.

L’opinion publique a cherché en vain des termes pour flétrir comme ils le méritent les crimes commis par la bande Pyat, Delescluze, Dombrowski et tutti quanti, qui se sont vengés de leur impuissance en donnant froidement l’ordre de fusiller tant de dignes et illustres citoyens et d’incendier le beau Paris.

Que doit-elle penser aussi du rôle joué par tant de membres de l’émigration polonaise pendant cette lamentable époque, au mépris de toutes convenances et de l’hospitalité que la France leur a accordée avec tant de générosité et de légèreté depuis plus de quarante ans ?

Dans une étude que nous avons publiée il y a quelque temps[1], nous avons indiqué le nombre de millions donnés par la France aux émigrés polonais depuis 1831 ; nous avons décrit les actes de l’émigration polonaise en 1848, et prévu l’attitude qu’elle prendrait dans le cas où un mouvement démagogique éclaterait à Paris. — Nous avons aussi signalé à l’indignation publique les manifestes des Polonais qui pactisaient avec les chefs de la révolution cosmopolite, alors même qu’ils mendiaient et recevaient des subsides du gouvernement français.

Cette étude nous valut un procès en diffamation, intenté par un membre du parti d’action polonais, et nous fûmes défendu par l’honorable Me Gustave Chaudey, qui expira plus tard sous les balles des sectaires, tandis que notre adversaire était chef d’un bataillon de partisans de la Commune.

Certes, nous n’avons jamais eu l’illusion de croire que tout le monde en France partagerait les appréhensions qui se sont si fatalement réalisées en 1871, mais nous avons pensé, en publiant cette étude, que nous rendrions service à la France en sonnant le tocsin d’alarme et que nous empêcherions les Polonais d’accomplir leurs sinistres desseins.

Nous avons fait notre devoir, même en présence d’une certaine presse qui professait une sympathie si tendre pour les « martyrs polonais », qu’elle comblait de ses prévenances et de ses caresses. — On ne voulut pas nous entendre quand nous racontâmes les crimes innombrables commis par ces pseudo-martyrs dans leur propre patrie, durant les années néfastes de 1861, 1862, 1863, 1864.

Les Polonais, des criminels ! — allons donc ! — nous répondit-on. Les Ryll, les Rzonca, les Jaroszynski, les Chmielinski, qui tentèrent d’assassiner le grand-duc Constantin et le marquis Wielopolski, étaient, aux yeux de cette presse, les modèles du plus pur patriotisme. — Les Landowski, les Klimkiewicz, qui avaient versé de la strychnine dans la soupe des soldats russes, et les tuèrent à coups de poignards après avoir incendié leurs casernes, étaient des hommes parfaitement irréprochables. — Les ex-gendarmes pendeurs, qui assassinèrent par ordre du « Comité central polonais » plus de 6, 000 personnes, étaient à Paris les lions du jour ; on leur décernait les immunités du droit d’asile et on s’apitoyait sur les « infortunées victimes de la tyrannie moscovite ».

Nous qui n’avons jamais pu comprendre la subtilité psychologique ou judiciaire qui trouve qu’un Polonais peut être incendiaire, assassin et faussaire dans son pays, et citoyen honorable en France, et qu’on estime que l’assassin Philippe était digne de la guillotine, tandis qu’on plaide pour le régicide Berezowski les circonstances atténuantes, — nous n’avons jamais cessé d’avertir la France qu’elle réchauffait dans son sein des vipères qui la mordraient cruellement un jour.

L’expérience est là pour prouver que notre jugement n’a pas été sévère. — Nos prévisions ont été dépassées ; toute la meute révolutionnaire polonaise s’est ruée sur Paris et sur la bourgeoisie parisienne, qui l’avait applaudie, honorée et nourrie pendant si longtemps.

Ô philanthropes et polonophiles ! que pensez-vous aujourd’hui de ces « braves Polonais » qui ont versé le sang français, brûlé la ville qui leur avait accordé l’hospitalité et craché dans l’assiette que vous leur avez tendue pleine pendant tant d’années ?

Que diront aujourd’hui le Siècle, l’Opinion nationale, et autres journaux parisiens, insulteurs de Mouraview et de sa justice sommaire ?

Qui donc recommencerait aujourd’hui la campagne diplomatique de 1863 ?

Qui, aussi, après les exécutions sommaires accomplies à Paris, osera blâmer encore les généraux russes qui étaient investis de la tâche obscure et tant calomniée de rétablir l’ordre et de mater l’insurrection ?

Ceci posé, nous entrons en matière, et nous allons prouver à la France que la conspiration du désordre contre l’ordre fermentait depuis longtemps dans le camp polonais. — Les Polonais n’ont pas fait un coup de tête ; leur immixtion dans le mouvement démagogique en France a été préparée de longue main, étudiée et combinée avec soin.

Nous le répétons, il faut analyser le rôle des réfugiés Polonais avant et pendant la Commune incendiaire de Paris, pour y puiser un enseignement salutaire.

  1. L’Émigration polonaise et le Budget français. — Dentu, 1868