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Les Protocoles des Sages de Sion/Boutmi/Texte/13

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, Gueorgui Boutmi
Protocols des Sages de Sion
Texte établi par Ernest Jouin, Revue internationale des sociétés secrètes (p. 80-86).
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Treizième séance


01 Quand notre heure viendra, nous définirons ainsi le mot « Liberté », susceptible d’être interprété de diverses manières : « La liberté est le droit de faire ce qui est permis par la loi ». Cette interprétation nous rendra service alors, parce que les lois n’autoriseront que ce qui sera conforme au programme exposé plus haut et à celui que je vais vous soumettre.

02 En ce qui concerne la presse, nous agirons de la façon suivante :

La presse sert à exciter furieusement les passions utiles à nos desseins ou à l’égoïsme des partis ; elle est souvent vide, injuste et fausse, et la plupart des gens ne comprennent pas à quoi elle sert en réalité. Nous la musellerons définitivement, aussi bien les journaux que toutes les publications, car, à quoi nous servirait de nous débarrasser des attaques de la presse périodique, si nous restions la cible des brochures et des livres ? Nous ferons en sorte que la publicité de la presse qui, en ce moment, nous coûte si cher — parce que c’est nous qui sommes obligés de la censurer — devienne une source de revenus pour notre État. Dans ce but, nous créerons un impôt spécial sur la presse et nous exigerons un cautionnement des éditeurs et des imprimeurs, lequel garantira le paiement des amendes. Ces amendes protégeront notre gouvernement contre les attaques de la presse, attaques qui seront frappées d’amendes, sous prétexte que tout journal passible d’amende excite les esprits sans raison ni fondement. Il est probable que les journaux des partis ne regarderont pas aux pertes d’argent, mais, dans ce cas, nous déclarerons que personne ne peut toucher impunément au prestige de notre infaillibilité gouvernementale, et, pour cette raison, ou bien parce qu’ils ne pourront pas prouver le bien-fondé de leurs abaques, nous supprimerons les organes récalcitrants.

Lorsque nous aurons besoin de modifier un point quelconque de nos institutions, nous les ferons attaquer par nos organes, et comme ceux-ci apporteront des preuves solides pour démontrer l’insuffisance du point en question, leurs attaques ne les exposeront pas à des poursuites. Cela servira, en outre, à ce qu’on puisse dire que, malgré tout, la liberté de parole, d’une parole raisonnable et juste, existe et que nous ne la réprimons pas.

03 Aucune information ne pourra paraître et pénétrer dans les masses sans passer par notre contrôle, puisque même à l’heure actuelle toutes les nouvelles sont reçues de toutes les parties du monde par un petit nombre d’agents qui les centralisent ; ces agences créées par nous, ne rendent public que ce que nous leur prescrivons.

Celui qui voudra devenir éditeur, imprimeur ou bibliothécaire, devra obtenir un diplôme-licence autorisant l’exercice de cette profession, qui, en cas de désobéissance, sera retiré.

Grâce à ce régime, la pensée humaine deviendra un instrument d’éducation aux mains de notre gouvernement, instrument qui empêchera l’esprit du peuple de s’égarer dans les méandres des rêveries sur les bienfaits du progrès.

04 Ces illusions mènent à l’anarchie dans les rapports des hommes entre eux ou avec le pouvoir, parce que l’idée du progrès a suggéré celle de l’émancipation sans limites. Tous les libéraux ont une tendance à devenir toujours plus exigeants, c’est-à-dire à se transformer en anarchistes par la pensée sinon par les actes. Ils poursuivent de plus en plus le fantôme de la liberté et tombent dans la manie de l’obstination dans l’anarchie, qui proteste pour le plaisir de protester.

05 Passons maintenant aux maisons d’édition. Nous taxerons tout ce qui s’imprime à raison de tant par feuille, et cet impôt spécial sera garanti par des cautions exigées. Nous classerons les livres ayant moins de 600 pages dans la catégorie des brochures, avec double taxe, afin de restreindre ainsi le nombre des revues, d’une part, et de l’autre nous forcerons les écrivains à publier des ouvrages si longs et si ennuyeux, qu’en raison de leur prix ils seront peu lus. De cette façon, nous remplacerons tout le commerce de la librairie par nos revues à bon marché.

L’impôt calmera le zèle pour la littérature futile ; il mettra par là même ses auteurs entre nos mains. S’il en était qui voulussent écrire dans un sens opposé à nos idées, ils ne trouveraient pas d’éditeurs pour publier leurs travaux. Tout éditeur ou imprimeur devra, avant de faire paraître un ouvrage, obtenir une autorisation, et si nous jugeons que, malgré tout, il nous est impossible de la refuser, nous devancerons la publication dudit ouvrage en interprétant nous-mêmes le sujet traité, pour atténuer, de cette façon, la mauvaise impression qu’il pourra produire lors de sa parution.

La littérature et le journalisme sont deux facteurs des plus importants de l’éducation ; c’est pourquoi notre gouvernement deviendra le propriétaire de la plupart des périodiques ; quant aux autres, nous les achèterons au moyen de subventions. Nous acquerrons de cette façon une influence énorme. Sur 30 périodiques, 25 seront édités par nous. Mais comme le public ne doit pas se douter de cet état de choses, nos périodiques seront d’opinions les plus opposées, ce qui nous assurera la confiance et attirera vers nous nos adversaires, dont nous pourrons, grâce à cette ruse, dresser des listes.

Nous placerons au premier rang la presse officielle. Elle veillera constamment à la défense des intérêts gouvernementaux et, par conséquent, n’occasionnera aucune gêne.

Au deuxième rang, viendra la presse semi-officielle dont le rôle sera de réunir les indifférents et les tièdes.

Au troisième, nous placerons la presse de tendances et d’opinions totalement opposées aux nôtres au sein de laquelle nous aurons au moins un organe à nous qui sera le porte-voix de chaque parti ;ces différents partis se conformeront à ces organes et nous découvrirons leurs cartes. Cette troisième catégorie de notre presse représentera les tendances aristocratiques, républicaines, révolutionnaires, anarchistes, conservatrices, etc. Comme le dieu indien Vichnou, nous posséderons aussi cent mains, dont chacune tâtera le pouls aux divers représentants de l’opinion publique, quels qu’ils soient. Quand le pouls s’accélérera dans la lutte d’opposition, alors une de ces cent mains dirigera le parti agité vers notre but, parce que celui qui est surexcité perd tout jugement et tout sang-froid et subit facilement l’impulsion d’autrui, croyant qu’étant aidé, il vaincra plus rapidement l’ennemi. En fait, ceux qui supposeront répéter l’opinion de l’organe de leur parti, ne rediront, en réalité, que ce qu’auront écrit nos agents pour les exciter davantage ; s’imaginant suivre le drapeau de leur parti, ils marcheront derrière celui que nous déploierons pour eux.

Afin de pouvoir diriger dans ce sens notre armée de journalistes, il nous faut organiser cette œuvre avec un soin particulier.

Sous ce titre de « Département central de la Presse », nous ferons des réunions littéraires où nos agents donneront les mots d’ordre et les directives aux auteurs.

Nos organes, tout en semblant discuter et flétrir notre politique, ne toucheront jamais au fond des choses et tireront à blanc les uns sur les autres et sur les journaux officiels, ce qui nous permettra de tâter le terrain sur lequel se tient l’opinion publique au sujet de telle ou telle question, et nous donnera l’occasion de nous prononcer sur ce même point avec plus de précision que nous ne l’aurions pu faire dans une circulaire officielle où ne sied pas qu’un gouvernement expose ses raisons d’agir. Les attaques dirigées contre nous serviront encore à faire croire que la liberté de parole existe. D’autres, toujours parmi nos organes, démontreront que toutes ces attaques sont peu fondées et que leurs auteurs parlent pour ne rien dire, ne produisant aucun argument fondé contre nos ordonnances. Nous pourrons, selon les besoins, au moyen de la presse, exciter ou calmer les esprits, sur les questions politiques les persuader ou les dérouter en imprimant tantôt la vérité, tantôt des mensonges, tantôt des faits exacts, tantôt des démentis, si ces faits sont mal accueillis. Nous vaincrons ainsi nos adversaires, à coup sûr, car, pour les raisons exposées plus haut, ils n’auront pas à leur disposition d’organe où ils puissent exposer leur pensée jusqu’au bout, tandis que nous serons toujours à même de réfuter à fond leurs assertions ; qu’elles soient justes ou fausses, nous aurons en tout cas le dernier mot qui influencera les goyim peu clairvoyants. Ces ballons d’essai que nous lancerons dans cette troisième catégorie de notre presse, nous les désavouerons d’ailleurs énergiquement, en cas de besoin, dans notre presse officielle.

06 Il existe déjà de nos jours dans le journalisme une solidarité maçonnique qui a son mot d’ordre. Tous les organes de presse sont liés entre eux par le secret professionnel, et, semblables aux anciens augures, aucun membre de cette corporation ne dévoilera le secret de ce qu’il sait s’il n’est décidé par nous de le rendre public. C’est pourquoi aucun journaliste ne peut être du nombre des célébrités littéraires si son passé ne garantit pas sa soumission à nos directives et à notre mot d’ordre. La misère, la vanité, l’orgueil et autres défauts sont les gages de l’obéissance d’un journaliste qui court après le succès et la cause de sa soumission à cette solidarité maçonnique en question. Ce sont là les clés qui ouvrent l’entrée du domaine littéraire ; ce domaine est resté fermé à un certain nombre de grands esprits, qui, insoumis à nos ordres, ne purent y pénétrer.

07 Actuellement, nos plans visent à étendre notre influence en province, où il nous est indispensable de provoquer des efforts que nous aurons bientôt à diriger contre les capitales dans lesquelles les opinions peuvent subir des retards, car là l’opinion se traduit soudainement pas l’action. Tant que nous ne serons pas ouvertement au pouvoir, il faut que les capitales demeurent sous l’influence de l’opinion publique provinciale, c’est-à-dire de la majorité. Il faut qu’au moment psychologique connu, les capitales ne puissent nullement discuter sur ce qui sera déjà un fait accompli, puisque la majorité provinciale l’aura accepté.

08 Mais quand viendra l’époque où nous serons au pouvoir, nous ne laisserons pas paraître dans la presse des actes de malhonnêteté publique; il faut qu’on croie que le nouveau régime a contenté tout le monde à ce point que la criminalité elle-même a disparu. Les crimes ne seront connus que de ceux qui, incidemment, en auront été les témoins.