Les Provinciales (Vallée)/Avertissement

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Pierre de la Vallée.

AVERTISSEMENT

Sur les xviii Lettres, où ſont expliquez les ſujets qui ſont traitez dans chacune.


L’Avantage que toute l’Égliſe a receu de ces Lettres qui ont paru ſous le nom de l’
Amy du Provincial, m’a fait juger qu’il ſeroit utile de les ramaſſer en un Corps pour les rendre plus durables, & meſme plus fortes en les aſſemblant ; parce qu’il eſt ſans doute, qu’elles ſe confirment & ſe ſoutiennent l’une l’autre. C’eſt ce qui m’a porté à en faire imprimer ce Recueil, où j’ai joint auſſi quelques autres pieces qui y ont du rapport. Et afin que ceux qui voudront les voir ſoient avertis d’abord des ſujets qui y ſont traitez, j’ay crû à propos d’en donner icy l’éclairciſſement en peu de paroles.

Les premières Lettres furent faites au commencement de l’année 1656, au temps où la ſeconde Lettre de M. Arnauld eſt examinée en Sorbonne dans ces Aſſemblées où il ſe paſſoit tant de choſes ſi extraordinaires, que tout le monde avoit envie & meſme intereſt d’entendre le ſujet dont il s’agiſſoit en ces diſputes. Mais comme l’obſcurité des termes scholaſtiques dont on les couvroit à deſſein, n’en laiſſoit l’intelligence qu’aux Docteurs et aux théologiens, les autres perſonnes en eſtant exclus demeuroient dans une curioſité inutile, & dans l’étonnement de voir tant de préparations qui paroiſſoient à tous le monde, pour des questions qui ne paroiſſoient à perſonne. Ce fut alors que ces Lettres furent publiées & qu’on eut l’éclairciſſement de toutes ces difficultez. On apprit par là qu’on examinoit deux queſtions ; l’une qui n’eſtoit que de fait, & par conſéquent facile à reſoudre ; l’autre de foy, om conſiſtoit toute la difficulté. Cette queſtion de foy eſtoit de ſçavoir, ſi on devoit approuver ou condamner une propoſition de M. Arnauld qu’il avoit priſe de deux Peres de l’Égliſe, S. Auguſtin & S. Chriſtoſome. Tous les docteurs de part & d’autre demeuroient d’accord qu’elle eſtoit Catholique dans les écrits de ces Peres : mais les Adverſaires de M. Arnauld pretendoient qu’elle eſtoit heretique dans La Lettre & les Defenſeurs ſoutenoient au contraite qu’eſtant fidelement rapportée, elle ne pouvoit eſtre que catholique. Il s’agiſſoit donc de montrer cette différence, que ſes adversaires eſſayoient de faire voir, mais ſes defenſeurs détruiſoient ſi puiſſamment cette prétendue diverſité, que le pouvoir condamner il falloit leur oſter la liberté de répondre en reſtraignant leurs avis à une demie heure, que l’on regloit par un horloge de ſable. Ce fut ce manque de liberté qui les obligea de quitter l’aſſemblée & de proteſter de nullité de tout ce qui s’y feroit.

Cependant les adverſaires de M. Arnauld eſtant reſtez ſeuls en Sorbonne dirent tout ce qu’ils voulurent & s’étendirent particulièrement ſur trois points touchants la Grace, qui ſont expliqués dans ces Lettres

Le premier, qui fut ſur ce qu’ils appellés pouvoir prochain, eſt expliqué dans la premiere.

Le ſecond, qui eſt ſur ce qu’ils nomment la grace actuelle, eſt éclaircy dans la quatrieme.

Et la troiſième qui fut faite incontinent après la cenſure, fait voir la parfaite conformité de la propoſition de M. Arnauld avec celle des ſaints Peres, qui eſt telle que les Docteurs qui l’ont cenſurée n’y ont pu marquer aucune differences. Ainſi ce quatre Lettres expliquerent toute cette matiere par le recit de quelques conferences que l’Auteur rapporte qu’il a eues avec divers Docteurs.

Il y repreſente une perſonne peu inſtruite de ces differens, comme le ſont ordinairement les gens les gens du monde dans l’eſtat deſquels il ſe met, & ſe fait éclaircir ces queſtions inſenſiblement par ces Docteurs qu’il conſulte, en leur propoſant ſes doutes & recevant leurs réponſes, avec tant de clarté & de naiveté, que les moins intelligens entendirent ce qui ſembloit n’eſtre reſervé qu’aux plus habiles.

Dans les ſix Lettres ſuivantes, qui ſont les 5. 6. 7. 8. 9. 10. il explique toute la morale des Ieſuites par le recit de quelques entretiens entre luy & l’un de leurs Caſuistes, où il repreſente encore une perſonne du monde qui ſe fait instruire & qui apprenant des maximes tout-à-fait étranges, s’en étonne, & n’oſant pas toutefois faire paroître l’horreur qu’il en conçoit, les écoute avec toute la modération qu’on peut garder. Ce n’eſt pas qu’il ne le voye ſouvent ſurpris ; mais comme il croit que cet étonnement ne vient que de ce que ces maximes luy ſont nouvelles, il ne laiſſe pas de continuer & ne ſe met en peine que de le raſſurer par les meilleures raiſons ont leurs plus grands Auteurs les ont appuyées.

Par ce moyen, la vrayſemblance qu’il eſt neceſſaire de garder dans les dialogues, eſt icy toujours obſervée. Car ce Pere eſt un bon homme, comme ils en ont pluſieurs parmy eux, qui baïroit la malice de ſa Compagnie, s’il en avoit connaiſſance, mais qui ne penſe pas ſeulement à s’ne défier, tant il eſt remply de reſpect pour ſes Auteurs, dont il reçoit toutes les opinions comme ſaintes ; auſſi il s’attache exactement à ne rien dire qui ne ſoit pris de leurs ouvrages, dont il cite toujours les propres termes, pour confirmer tout ce qu’il avance ; mais ſe croyant aſſez fort quand il les a pour garantis, il ne craint point de publier ce qu’ils ont enseigné. Sur cette aſſurance il expoſe toute leur morale comme la meilleure choſe du monde & la plus facile pour ſauver un grand nombre d’âmes & prudente pour ſoutenir la faibleſſe des fidèles, n’eſt autre choſe qu’un relâchement politique & flatteur pour s’accommoder aux paſſions déréglés des hommes. Voila le caractere de ce Pere, & celuy qui l’écoute ne voulant pas le chocquer, ny conſentir à ſa doctrine, la reçoit avec une raillerie ambigüe, qui découvriroit aſſez ſon eſprit à cette perſonne moins prevenüe que ce Caſuiſte, qui eſtant plainement persuadé que cette morale eſt véritablement celle de l’Égliſe, parce que c’eſt celle de ſa Société, s’imagine aiſément qu’un autre le croit de meſme.

Ce ſtile eſt conſtitué de part & d’autre juſqu’à de certains points eſſentiels, où celuy qui les entend a peine à retenir l’indignation qu’excite une profanation ſi inſupportable qu’ils ont faite de la religion. Il ſe retient neanmoins pour apprendre tout : mais enfin le Pere venant à declarer leurs derniers excés, par leſquels ils ont retranché de la morale chreſtienne la neceſſité d’aimer Dieu, qui en eſt la fin, en établiſſant qu’il ſuffit qu’on ne le haiſſe pas. Il s’emporte là deſſus, & rompant avec ce Jéſuite, finit cette ſorte d’entretien avec la dixième Lettre.

On voit aſſez par là, combien il eſt avantageux que cette matiere ſoit traitée par dialogues ; puiſque cela a donné lieu à celuy qui a fait ces Lettres d’y découvrir non ſeulement les maximes des Ieſuites, mais encore la maniere fine & adroite dont ils l’inſinuent dans le monde, ce qui paroiſt par les palliations que ce Pere rapporte de leurs auteurs les plus celebres, au travers deſquelles on ne voit que trop clairement les deſſeins qu’ils ont eu dans l’établiſſement de leur morale.

On y connoiſt que l’objet principal des Ieſuites n’eſt pas proprement de corrompre les mœurs des chrétiens, ny auſſi de les réformer, mais de s’attirer tout le monde par une conduite accommodante. Qu’ainſo comme il y a des perſonnes de toutes ſortes d’humeurs, ils ont éſté obligez d’avoir des opinions contraires les unes des autres pour contenter tant d’humeurs contraires, il a fallu qu’ils ayent changé la veritable regle des mœurs, qui eſt l’Evangile & la tradition, parce qu’ellee conſerve ſurtout un meſme esprit, & qu’ils u en ayent ſubſtitué une autre qui fût ſimple, diverſe, maniable à tout ſens & capable de toutes ſortes de formes & c’eſt ce qu’ils appellent la doctrine de la probabilité.

Cette doctrine…

q Cette Corruption, qui est lefondement de toute ; le ; uutre ;, ef} explique’dan ; la Ciu—’· quiëme, d’un ; lia Sixiosme, C ? aussi dan ; lu Treiz, &’me 5 o" lou voit manzfeflemeut, que c’ef} de cettefource quefontforté ; tou ; leur ; e’garemen ;, (7 quelle en peut produire uue infinitëdautrex, puisque l’e_lprit de l’homm’e ellcapable de formefusie infuitëdopinion ; nouvelle ; cà— monstrueuse ;, çà— que selon cette peruicieuj} regleglafantayie de ce ; Dog fleur ; qui le ; invententfessit pour le ; rendre Eure ; en conference. Auf c’est de la qug _lbnrprocedee ; le ; incroyable ; licence ; qu’il ; ont donnee ; aux perfznne ; de toute ; ]bste, · ` si. de condxtionx, Prefl·se ;, Religieu.·e, Benesteien, Gentil ; loomme ;, dome[lique ;, gen ; d`usai· se ; 秷 dzommerce, Magistrat ;, rrcbe ;, pauvre ;, u_#¢rier ;, banqueroutieiv, larron ;, fem. _ me ; per e ;, çà mefme jusque ; auxforcier ;, comme il_R voit dan ; ce ; six Lettre ;  ; car ou’trouve restaur ; reliîcloemen ; int lïtumône, la [imonie, & les larcins domeflï ques dans la’fixiéme. `

Leur ; permiyîoux de tuer pour toutes sortes d`offenses contre la. vie, l`lsonneur & le’’bien dans la [èptiéme. —

Leur ; dispenses de restitutions dans la huitième.

pl, Leur ; facilitcz de se sauver sans peine, & patmy les douceurs & les commoclitez de la ` ig vie, dans la neuviéme. ` q’=

La dixiéme, quisinit comme fa] deja dit, pagla dispense de l`am0ut de Dieu, explique de’; l’entre’e le ; adouensemens qu’1ls ont app rtez âla confession, qui`_l`ont tel ; que le ; l pechez qu’il ; n`outpsi e.·ecu_÷r, jontsi aüïa essacer par leur ; nouvelle ; methgde ;, que comme il ; le dünt eux-mefme ;.· les crimes s’expient aujourd`huy plus alaigrement qu’ils ne fît commettent. _

Le ; Iefuite ; voyant le tort que Ge ; Lettre ; leurfaifoient de tou ; Coflezi, cà que le flence l’augmentoit, _le cruteur obligeïd, re’pondre ; mai ; c’e[l a quo] il ; _le trouverentiufi`ui· _ ment embarassez,. Cassin’ya que deux quesfiou ; È surefur ce l`uset. L`une, _lpavoirn ;’r leur ; Cafuifle ; ont en_leignë ce ; opinion ;, tt ? c` est une verite’de fait qui ne peut efire de_ll’avoiiëe ; L’autre, , ? avoirf ce ; opinion ; nsjontpie ; zmpie ; @· injoutenablu, ge c’e_lice qui ·ne peut e_stre revocque’en doute, tantee ; egaremen ; pnitgroüîer ;. Aiufiil ; travaillerent ` _lan ; fruit, e§·· avecjipeu defucce’;, qu’il ; _ont laisse’toute ; leur ; entreprü ; imparfaite ;. Caril ; sirent dabord un e’crit qilil ; appellerent première Réponfe, rrfaik il n’y en eut point de _seconde. ll ; produisîrent de mefme la première & la feconde Lettre rl Philarque, _lien ; que la trofëme ait_l`uiv]. Il ; commencereutdepuie unplue long ouvrage, qu’il ; appellerent Impostaures, dontilxpromireusquatre purtie ;, maxt ; apreî ; en avoir produit la 2 première, §· quelque Cho] ? de latitude, il ; en _sont demeurez, là ; @· enfin le Père Annat’a_lhaut venu le dernieraufecour ; de ce ; Père ;. a fait puroître son dernier livre qu’il ap· pelle la bonne Foy des jansénistres, qui n’e_# qu’une redit’e, @· qui ef} _lan ; doute la plue v faible de toute:leurxproduflions.; de sorte qul a e_lie’bien facile a l`Auteur de _lÈ de feu— · À _ p’si 3’dre,.’

O _ J - ypirbnon feulement q»• ;l ,,• p,u heretiqu_e,maè que me/`rne il n’ a pointdîîrerique , dam flîglije : q§~· que le dqferent que le : lejâaitex ont avec leur : adzzerfaireefur [e_/hp ; de : cinq Propnfîtionx condamnfet par le Pape InnoeentX. qutfert de pretexte À toute ; - [eur ; aceufationt, n’e_/l autre Cbofe quîune queflion defait touëbant le feu ; de Ian_[2n ;,·,,·, qui nepeut en aufune forte ejlre matiere d’bere]ie. Ce/lûe quïldëmeflef nettemehr , Gqu’ilprou »ue fîfortement, que toueeeux qui voudront :’en inflruire,] apprendront tout . l l’ ;./lard ; (ette dlaïllft, qui fil ? lill/0#Vd’lJ#} FÉYIF 6l€ bruit , É gli ! l¢I lffulfâx ddauefèpgg- _/ifort, qu°on]}ra _/`urprilx ile ·v,oir combien on efl floignë de l’entendre, quand (Tn ne la , Eait queparleur : entretienx,leurxl1·pret, ou leurtjermone .Auf]I le [>_ Ayygdt J ; vojdnt , ffolidement refute’, entreprit de foutenxr la eau/E deja Compagnie , en repondant À cette di,» ;·j}pt ;ëme lettre. Mau Cela n`afer·vj qu`a donner un nouveaujoura ce d%re”e parla dix·huine’me, qui fait votrque Ce Iefuxte eftant pre_g`e’de montrer en qua} C0"] ;-/]», l’here’/ie qu’1lximputent a leur : ad·uer/aire : , xl ne l’a pu mettre que dant une erreur que tom let eatlmliquex detejient, (`É" qui ne/lfouteuuë quepar le ! feult Caltwnjlex. De_/ère ; q qu’z/] afujet de loiier Dieu de ·voirl’Eglx]e delwrëe de l’appreken_/ion qu’on lu] voulait

 donnerd’une nouvelle berqîe :pufqu’1l nerf} trouve peûnne dant fa communion , qui
 ne condamne lex dogmeoquïl faudroitfoutemrfelon let Iefuxtexmefmet, poureflre du
 nombre de cet pretenduïx nouveaux berenquex. .
U Voila-lesprxncipalet matxerex quijont traitfet dan ; ce : Lettres, qui ont e/Ze’ appe/le’e :

fu n Provmcmlcs,parteque lexpremzeryt ayant eft‘e’adref·’esfmt aucun nom À un dejà ; amp ; QV, de la Ca’pagne,l’lmpr1»1eurlvx publia fou ; Ce titre , Lcttrc ÉCHIC Ãuti P[OVil`lCl.1l par ’ - ~* un dc ( arms.

un . Ie ’voxîjrou bien pouvoir dire maintenant quelque chofbde celu} de qui nom le : tenït, q mai ; le peu de connoqfanee qu`on en a, m’en ofte le mojen. Caron ne fpait de lu] , que ce

 qqu ilen a zloulu dire. Il t e/lfatt Conuoltre depuupeupar le nom de LOüis dc Momalrc,
, ;· Tout ce qu onfpait delu) efîgqu xla deelare’plu_/ie refus, qu 1ln`e[l’ HJ Prdlre n)Do£leur.
 Le ; Iefuiteg ont amplfëeette deëlaration : earilâtont Comme x’ila·voit dit qu`1ln’e/]·p4, ;
 tbeologrenh, ce que je n’aq trou»ue’en aucun endroit de _/et Lettre :. Mau zlnefaut que les ·`
A qzozrpour juger de ce qu ilfpart en la veritable Tbeologte , (’É"pour connoltre en mefmetempepar

/a mdhltït ftïmt Qj"g¢’)1(7‘(l¢f€ d0)1l"llCO"I54l’l(I CTYCKYJ ddl) ! C07‘PIl}¢_”lPl¢l/L ( · fant qu’e_/l la Compagnie de : Iefuitex , quel e/tjon glepourla Religion. Enfin fafldelstë parottra de mefme a toutle monde , quand on vou ra verferfurle : Cafujlexla 1/Eflftl dej} ; citation :. Il me _/emble que rien ne montre mieuxfafncerite’, que ce qu’ila ajoute’ È la fin de la jeqîëme Lettre pour retraé`l·er un mot qu’1l avoit mu dan : la quin ;,ie’me touchant une per/onne qu’ila·vo1t accufeî/`ur un bruit Commun éfanx le nommer, deflq Auteur de quelquex re’ponfe : qu`on avoitfaite : afet Lettre :. Cettepeine qu’il tfmozgne ’ _, de rejfentsr pour une fauteflegere , (È qui l’aporte’a enlfaire un defaveu public, far ; . ayecuoireombien ilferoitrneapable de fupporterle reprotlre deja con_[Z‘¢enee , fxlavoit- ` imputifaujfement a det Religieux det zmpieteïfzftrangex , (â· combien 1l_/Éroitprefl a I Ze ; reconnoxtrefncerement. Auji il en ef} tellemeutfloignë , qu’il n’apa4 mefme rapporrë contr’eux tout ce qu’ilauroitpu faire. Caril Ie : a epargne<en dexpointxfejentzelt gmportanx , que tout ceux qui ont l’entiere eonno%znee de leur : maximee, ont eflirne/C} gimffa retenue ; 6* ilacitefîexaflement tout lex pafagex qu’ :] allegue, qu’il parait bien , quïlneldefre autre cbofefnon qn’pn lex aille chereher dune les Originaux m·e_/`met. 0

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