Les Quarante Médaillons de l’Académie/13

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XIII

M. VITET

Évitez de Vitet la stérile abondance !


Champignon de 1850, poussé au pied des peupliers de Juillet, M. Vitet a eu du bonheur, s’il n’en a pas donné aux autres. Il était du Globe ! du premier Globe ! Tout ce qui était du Globe a réussi. Le Globe a été la boule du pied de la Fortune ! Les lions vont seuls, les grues en troupe. C’est en troupe que M. Vitet est arrivé, — non par sa force personnelle, mais parce qu’il était dans le rang… Il n’a pas, à proprement parler, de caractéristique d’écrivain. Il parle de tout, de peinture, de sculpture, d’architecture, d’antiquités, d’histoire, et, comme M. Thiers, il fait croire aux badauds qu’il est compétent. Il parle de tout également, abondamment, médiocrement, passablement, sans originalité ; quelle chance ! car le crime irrémissible, l’empêchement à tout par ce temps platement et envieusement égalitaire, c’est l’originalité ! Elle est particulièrement détestée à l’Académie. J. Janin, qui n’en a qu’un grain à mettre sous la queue d’un moineau, mais qui l’a, n’est pas encore de l’Académie. Et cependant il en meurt de désir ! Et que de titres ! Il est orléaniste ! Il est du Journal des Débats ! latiniste, goutteux… même d’esprit quelquefois… Tonneau d’albumine qui se viderait avec délices dans ce vaste crachoir de l’Académie ! M. Victor Hugo et Alfred de Musset ne sont entrés à l’Académie qu’en demandant pardon de la liberté grande d’être originaux et romantiques, et ce fameux jour de bassesse littéraire où ils y sont entrés, ils ont fait bouillir du lait à M. Viennet, et même ils le lui ont sucré. Pour en revenir à M. Vitet, je crois qu’il y a quelque chose de lui qui s’appelle les États de Blois. Cela ne se lit pas plus maintenant que les Soirées de Neuilly. Puis, une Histoire de Dieppe, bonne pour les gouvernantes anglaises qui y passent. Tout cela est innocent. Ce champignon n’a jamais été vénéneux.