Les Quatre Évangiles (Crampon 1864)/Introduction

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Traduction par Augustin Crampon.
Tolra et Haton (p. 1-13).


LES

QUATRE ÉVANGILES


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Le mot Évangile signifie littéralement bonne nouvelle. Or, la bonne nouvelle par excellence, c’est la venue de Jésus-Christ, Sauveur du monde, la prédication de sa doctrine, et l’établissement de son règne, c’est-à-dire de son Église, appelée aussi royaume de Dieu, sur la terre. Telle est l’acception biblique du mot Évangile, dont le prophète Isaïe se servait déjà dans ce sens, lorsqu’il annonçait le salut à venir[1], et qu’emploie de même saint Marc, quand il nous dit que « l’Évangile commença lors de la prédication de Jean-Baptiste dans le désert[2]. » Un peu plus tard, après qu’on eut consigné dans des livres « l’histoire des actions, des souffrances et des enseignements de Jésus-Christ[3], » ou, comme parle saint Luc, « l’exposé de tout ce que Jésus a fait et enseigné jusqu’au jour où il monta au ciel[4], » le nom qui se présenta naturellement pour être inscrit en tête de ces livres fut celui d’Évangile. Ainsi, tandis que, dans le premier sens, il n’y a qu’un seul Évangile, l’Évangile du royaume de Dieu, ou de Jésus-Christ, dans le second il peut y en avoir autant qu’il a été composé de relations authentiques, consacrées par l’autorité de l’Église, de la vie et des enseignements de Jésus-Christ.

Or, ces relations authentiques sont au nombre de quatre ; deux ont pour auteurs des Apôtres « qui ont vu eux-mêmes dès le commencement[5], » saint Matthieu et saint Jean, et les deux autres des disciples immédiats des Apôtres, saint Marc et saint Luc. De là ces expressions des Pères, qui, pour faire ressortir l’unité et la quaternité de l’Évangile, appellent l’ensemble de ces livres Évangile tétramorphe, c’est-à-dire ayant quatre formes, ou bien encore : Sainte quaternité des Évangiles[6]. La même pensée se révèle dans le titre que l’Église a donné à chacun d’eux : « Le saint Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu,… selon saint Marc[7], etc. »

Notre-Seigneur n’écrivit pas ses enseignements. Semblable au semeur de la parabole, il jetait, en passant, la parole divine dans les âmes. Ses Apôtres commencèrent de la même manière. Pour accomplir leur mission, ils ne devaient pas, leur avait dit le Sauveur, se mettre en peine de ce qu’ils diraient, et n’avaient nul besoin de soutenir leur mémoire par des écrits ; l’Esprit-Saint, qui leur était promis, devait « les faire souvenir de tout. » Mais, d’une part, le désir bien naturel des premiers chrétiens d’avoir sous les yeux un résumé des actions et des enseignements de Jésus-Christ ; de l’autre, les progrès de l’Église naissante et l’éloignement des apôtres qui, après avoir fondé une communauté, poussaient toujours plus avant et quittaient les nouveaux convertis dès qu’ils les voyaient fermes dans la foi, firent sentir de bonne heure le besoin de consigner par écrit le fond de la prédication évangélique. Aussi, indépendamment de saint Matthieu, qui ne voulut pas quitter les chrétiens de la Palestine sans leur laisser un mémorial de l’Évangile auquel ils pussent recourir avec sécurité ; indépendamment de saint Marc, qui écrivit à Rome le résumé de la prédication de saint Pierre, un grand nombre de fidèles se mirent aussi à l’œuvre et firent des tentatives en ce genre, écrivant ce qu’ils savaient, sans prétention d’en faire une histoire suivie. C’est ce que nous atteste dans son Prologue[8] saint Luc, le troisième Évangéliste ; il ajoute que ces premières rédactions, qu’il ne blâme pas autrement, ou bien sont incomplètes, ou bien manquent d’ordre, ou bien n’ont pas été composées par des témoins oculaires, et nous donne ainsi le premier motif de son œuvre[9]

Un point de vue un peu différent détermina la composition et la forme du quatrième Évangile. « Les premiers écrits, dit le docteur Reithmayr, suffirent tant que les auditeurs reçurent la parole évangélique avec simplicité, comme elle était annoncée. Mais il naquit bientôt une disposition tout autre qui, sous le nom de science (gnose), s’attacha à expliquer la nouvelle doctrine d’après des principes contraires à la prédication apostolique. La tradition, tant orale qu’écrite, dut être en partie confirmée, en partie complétée et précisée sur les points qu’on avait entrepris d’altérer. Le disciple bien-aimé de Jésus vivait encore pour empêcher cette subversion de la foi ; il composa un nouvel Évangile, avec l’intention, non de rédiger tous ses souvenirs sur l’histoire de Jésus-Christ, mais de rendre un nouveau témoignage au Verbe divin, en s’attachant de préférence soit aux circonstances omises par les trois premiers Évangélistes, soit aux points attaqués par l’hérésie. »

Ce simple coup d’œil sur l’origine et la formation des Évangiles indique la véritable idée qu’il faut se faire de ces livres. La critique et l’exégèse modernes auraient évité beaucoup d’erreurs, si elles n’eussent pas oublié ce que savaient déjà les Pères du iie siècle[10], savoir, que les Évangiles ne sont pas des histoires proprement dites, des biographies dans le sens rigoureux du mot, mais qu’ils sont surtout la rédaction écrite de ce que les Apôtres avaient attesté comme parole de Jésus-Christ et proposé comme objet de foi touchant sa personne, ou, si l’on veut, la prédication même des Apôtres fixée par écrit et présentée sous une forme historique[11].

Que les Évangiles aient été écrits par les auteurs dont ils portent les noms, c’est un point qui sera, nous osons l’espérer, démontré avec une irrésistible évidence dans la préface particulière de chacun d’eux. Qu’il nous suffise ici de présenter une simple observation de bon sens qui nous paraît s’élever à la hauteur d’une démonstration véritable. Nous l’empruntons à M. Wallon[12], lequel l’emprunte lui-même au docteur Norton, auteur d’un savant ouvrage sur l’authenticité des Évangiles[13]. La coexistence seule de nos quatre Évangiles, dit M. Wallon, prouve qu’ils sont du temps et des auteurs auxquels ils sont attribués. En effet, les quatre Évangiles ont-ils été publiés tous à la fois, ou l’un après l’autre ? Tous à la fois, nul ne le pensera : pourquoi quatre ? Pourquoi tout particulièrement les trois premiers avec leurs différences et leurs ressemblances aussi inexplicables ici que leurs différences ? L’un après l’autre ? Mais, l’un admis, on ne conçoit plus que les autres l’aient pu être : en tant que semblables, ils devenaient inutiles ; en tant que différents, dangereux. Ici, nous pouvons prendre les armes mêmes de nos adversaires pour les combattre. Il y a, dites-vous, dans les Évangiles des divergences flagrantes et de temps et de lieu ; des faits que l’un raconte, un autre les ignore ou les range dans un ordre différent ; on y trouve même des contradictions qui frappent dès le premier regard, par exemple dans les généalogies de saint Matthieu et de saint Marc. Pourtant, ils ont été admis, quoique paraissant se contredire, tandis que les Évangiles apocryphes, dont la curiosité populaire devait, ce semble, accueillir avec faveur les inventions naïves et souvent gracieuses, ont été rejetés. Comment expliquer le rejet de ceux-ci et l’admission des premiers ? Il n’y a qu’une seule explication possible : pour que des récits aussi divers, et en apparence aussi contradictoires que nos Évangiles, aient pu paraître l’un après l’autre et se faire recevoir en même temps, il faut qu’ils n’aient pas pu être rejetés, il faut qu’ils aient paru avec la marque de l’autorité d’où ils dérivent, c’est-à-dire qu’ils soient du temps des Apôtres et de ceux à qui on les rapporte.

La diffusion des Évangiles se fit d’elle-même, sous la sauvegarde de l’autorité, et par conséquent sans aucune altération. Aucune communauté chrétienne n’était étrangère à une autre ; alors, comme aujourd’hui, un lien commun les unissait toutes. Pour rendre cette unité pratique, les Apôtres engageaient les Églises particulières à resserrer le lien commun, soit en se prêtant de mutuels secours, soit en se rendant les devoirs de l’hospitalité ; et ce n’était là qu’une image extérieure de la communauté des biens spirituels[14]. Aussi voyons-nous partout, dans les Actes des Apôtres et les Épîtres de saint Paul, qu’il existait entre les Églises de fréquents rapports, rendus faciles par le commerce actif qui se faisait entre les pays situés sur les bords de la Méditerranée[15].

« Une autre circonstance, dit le docteur Reithmayr, contribua puissamment, soit à la propagation, soit à la collection uniforme de ces écrits : ce fut le système des métropoles. Les Apôtres avaient eu soin de choisir les capitales des provinces pour faire rayonner leur action évangélique. Du sein de ces métropoles, la parole divine se répandait dans les régions environnantes, et les Églises apostoliques, qui avaient reçu les Écritures de première main, devinrent ainsi les mères d’un cercle d’Églises qui se rattachaient à elles comme leur devant l’existence. C’est de là que les Églises subordonnées recevaient leur constitution, la discipline, la liturgie, la doctrine, les Écritures : en toutes choses, elles suivaient la tradition et la pratique de l’Église qui était leur fondatrice immédiate… C’est ainsi que, d’un petit nombre de centres bien connus, le trésor des écrits apostoliques se répandit dans les Églises naissantes après la prédication de l’Évangile[16]. »

Ce fut donc sous la sauvegarde de l’autorité que se fit la diffusion des Évangiles dans les diverses Églises, et cette seule considération suffirait pour écarter toute crainte, tout soupçon d’altération dans le texte sacré. Néanmoins, comme ce point est capital, on nous permettra d’ajouter quelques réflexions qui nous paraissent décisives, et capables de rassurer pleinement les esprits les plus difficiles.

1o Les premiers chrétiens sortaient la plupart du judaïsme. Or, on sait avec quel respect les Juifs conservaient leurs Écritures ; ils en avaient compté tous les mots, toutes les lettres, et la moindre altération eût été à leurs yeux un horrible sacrilège. N’est-il pas naturel de supposer que, convertis à la religion chrétienne, ils eurent un respect au moins égal pour les écrits du Nouveau Testament ? Ces Évangiles, les premiers fidèles avaient ardemment désiré les posséder ; ils tenaient la place d’un Apôtre bien-aimé que son zèle et sa mission divine avaient emporté en d’autres lieux ; c’était un écho de sa prédication, que dis-je ? c’était la parole de Jésus-Christ. Qui eût osé porter une main téméraire sur ces textes vénérés ?

2o Le premier but que l’on se proposa en faisant la collection des Évangiles — et des écrits apostoliques en général — fut leur usage public, officiel dans les assemblées chrétiennes. Nous voyons au livre des Actes (xx, 7), que les fidèles se réunissaient le dimanche pour la célébration du sacrifice eucharistique, et, dans ces assemblées, on lisait des fragments des écrits de l’Ancien Testament. Mais, à mesure que les Évangiles se répandirent dans l’Église, ils furent employés, avec la même vénération et dans le même but, à côté des premiers ou alternativement avec eux. L’introduction de cette coutume date des Apôtres : on en trouve des traces partout[17]. Saint Justin, martyr (vers l’an 140), nous en donne une exposition détaillée. « Au jour appelé du soleil, tous ceux qui habitent, soit les villes, soit la campagne, se réunissent en un même lieu. Pendant cette réunion, on lit les Mémoires des apôtres, que l’on appelle Évangiles[18], ou les écrits des Prophètes, autant que faire se peut. Lorsque le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours[19], » etc. Or, le règlement de la liturgie appartenait aux chefs des Églises, aux évêques ; la réception des livres dont la lecture faisait partie de la liturgie était donc du ressort de ces mêmes évêques, quand ils n’étaient pas, comme cela arrivait souvent, adressés directement par une Église-mère aux églises subordonnées, ou apportés par les Apôtres ou leurs disciples. Une fois admis par une communauté, on les conservait dans des archives comme un bien dont la destination principale n’était pas l’usage des particuliers, mais celui de la communauté entière ; et dans les siècles qui suivirent, les Pères, discutant avec les hérétiques, eurent plus d’une fois occasion d’en appeler aux exemplaires originaux, conservés encore de leur temps et employés pour la lecture publique dans les églises apostoliques d’Éphèse, de Corinthe, de Rome, etc., où l’on pouvait s’assurer facilement de la vraie teneur du texte primitif[20].

3o Une dernière considération nous paraît démontrer jusqu’à l’évidence l’impossibilité d’une altération essentielle dans le texte primitif et authentique des Évangiles. Ces livres furent composés successivement, dans un laps de temps d’environ cinquante années, de l’an 39 à l’an 95 de notre ère. Ces dates ne sont plus contestées aujourd’hui par les adversaires mêmes de la révélation, qui admettent qu’avant la fin du premier siècle les quatre Évangiles étaient acceptés partout sous leur forme actuelle. Tout le monde admet encore que saint Matthieu écrivit le premier (vers l’an 40) ; que saint Marc, qui écrivit ensuite (l’an 42 ou 43), avait sous les yeux le texte araméen de saint Matthieu ; que saint Luc, le troisième Évangéliste, qui rédigea son livre de l’an 50 à l’an 58, se servit des Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc ; enfin, quand Clément d’Alexandrie et Eusèbe[21] ne nous diraient pas positivement que les Églises de l’Asie-Mineure étaient déjà en possession des trois premiers Évangiles lorsque saint Jean composa le sien, la lecture du quatrième Évangile suffirait à le prouver ; car on y trouve des allusions à des faits évangéliques supposés connus, et le récit serait quelquefois inintelligible, si telle ou telle page de saint Matthieu, ou de saint Luc ne venait l’éclairer. Cela posé, quand donc auraient eu lieu ces altérations que l’on soupçonne ? Nous ne demandons pas en quelle année, mais en quel laps de temps les placer ? Les Évangélistes écrivent tour à tour : saint Marc, deux ou trois ans seulement après saint Matthieu ; saint Luc, moins de seize ans après saint Marc ; saint Jean, enfin, trente ans environ après saint Luc. Chacun d’eux a sous la main les travaux antérieurs ; les auteurs de ces travaux sont absents, il est vrai, mais ils vivent encore[22]. À qui fera-t-on croire que saint Marc, par exemple, n’ait pu se procurer une copie exacte de l’Évangile de saint Matthieu ; que saint Luc se soit trouvé dans la même impossibilité par rapport aux livres de saint Matthieu et de saint Marc ? À qui fera-t-on croire, dans l’hypothèse même de la disparition si rapide de toute copie exacte des Évangiles antérieurs, que le nouvel Évangéliste, Apôtre lui-même ou disciple des Apôtres, aurait accepté sans s’en apercevoir et revêtu de son autorité des copies entachées d’altérations essentielles ?

Ainsi l’authenticité et l’intégrité des Évangiles, proclamées par la foi catholique, reposent sur un fondement historique inébranlable.

  1. Chap. lxi, 1. — Les écrivains du Nouveau Testament se servent, comme synonymes du mot Évangile, d’autres locutions qui expriment les différentes faces de ce grand objet, par exemple : Parole du Seigneur, ou simplement Parole, Témoignage, Message, Prédication, Mystère, etc. De même ils appellent les apôtres Ministres de la Parole, Témoins de Jésus-Christ, Hérauts ou prédicateurs, Ambassadeurs ou messagers.
  2. Initium Evangelii Jesu Christi, Filii Dei… fuit Joannes in deserto, etc. — Marc, i, 1-4.
  3. C’est ainsi qu’Origène définit les Évangiles (Commentar. in Joan.)
  4. Act. i, 1.
  5. Luc, i, 2.
  6. Origène, Commentar. in Joan.
  7. Dès l’origine, et presque du vivant des apôtres, on a regardé ce nombre de quatre Évangiles comme un fait providentiel et préétabli dont on cherchait la raison mystique. L’explication la plus ordinaire qui avait cours dès le temps de S. Irénée (Advers. hæres., III xi, 8), fut le parallèle avec les chérubins ailés d’Ézéchiel. Au chapitre premier de ce prophète, Dieu apparaît sur un char attelé de quatre chérubins ayant la figure, le premier d’un homme, le deuxième d’un lion, le troisième d’un bœuf et le quatrième d’un aigle. Ces quatre animaux figuraient, dit Allioli, les quatre qualités sous lesquelles Dieu s’est révélé et a agi pour le salut des hommes, aussi bien dans l’Ancienne Alliance que dans la Nouvelle, savoir, comme homme, comme roi, comme médiateur et comme Dieu. Partant de cette figure, les SS. Pères ont assigné à chacun des Évangélistes un symbole distinctif des quatre qualités dont il s’agit : à S. Matthieu, un homme ; à S. Marc, un lion, le roi des animaux ; à S. Luc, un bœuf, destiné au sacrifice ; à S. Jean, l’aigle, l’oiseau de Dieu. Cette attribution est fondée, suivant S. Jérôme, sur ce motif, que S. Matthieu commence son Évangile par la généalogie humaine de Jésus-Christ ; S. Marc, par l’énergique prédication de Jean-Baptiste, semblable au rugissement du lion dans le désert ; S. Luc, par le sacerdoce de Zacharie ; S. Jean, par l’éternelle divinité du Christ.
  8. Luc, i, 1-3.
  9. Avec des différences dans la forme, dans l’ordre ou dans le ton du récit, dit M. Wallon, il y a entre les trois premiers Évangélistes comme un fond commun, de telle sorte qu’on pourrait mettre leur triple histoire en colonnes parallèles. De là le nom de synoptiques qu’on leur a donné de l’autre côté du Rhin. D’où vient cela ? Au premier abord la réponse paraît facile : c’est un même sujet, un sujet réel, une même vie, un même enseignement, exposés par trois personnes différentes qui ont été témoins, ou qui rapportent le dire des témoins. Mais cette raison générale, l’unité du sujet, ne suffit pas à expliquer les coïncidences et les divergences verbales qui se croisent assez singulièrement, il faut l’avouer, dans les trois synoptiques. Bien des idées fausses et téméraires ont été émises pour résoudre cette difficulté ; M. l’abbé Lehir donne la véritable explication en quelques lignes : « Quand on s’attache aux points de ressemblance, on reste convaincu, avec le Dr Hug, que S. Marc a vu l’Évangile de S. Matthieu, et que S. Luc a profité des écrits de ses deux devanciers. Quant aux divergences, elles seraient presque inexplicables, si les deux derniers synoptiques avaient lu le premier dans la langue même dont ils se servaient (la langue grecque). Le lisant dans une autre langue (la langue araméenne : voy. la Préface de l’Évangile selon S. Matthieu), ils l’ont traduit, chacun selon son génie. » Étude sur une ancienne version syriaque des Évang.
  10. S. Justin, martyr, appelle les Évangiles Mémoires des Apôtres ; comp. Apolog. I, 33, 66 ; Tertullien les nomme Commentaires, Commentarios, et leurs auteurs Commentatores, en prenant ces mots dans le sens qu’y attachaient les anciens.
  11. Que de difficultés s’évanouissent à ce point de vue ! On ne s’étonnera plus, dès lors, en comparant entre eux les Évangiles, d’y rencontrer ici des omissions, là des différences dans la distribution des matières, quelquefois même des contradictions apparentes, qu’un examen attentif fait disparaître ; surtout on se gardera, comme on l’a fait trop légèrement, d’en tirer des conclusions contraires à l’authenticité ou à l’intégrité de tel ou tel Évangile.
  12. De la Croyance due à l’Évangile, p. 75 sv.
  13. Norton, The Evidences of the Genuines of the Gospel, tom. I, 183 sv. La première idée de cet argument se trouve dans S. Jean Chrysostome, Homil. I in Matth. Proœm.
  14. Tertull. De Præscript.
  15. Ad. Maier hæres., xx.
  16. Reithmayr, trad. par M. Valroger, II, 44.
  17. Tertull. Apolog. xxxix ; ad Uxor, ii, 6 al.
  18. Apol. i, 66.
  19. Apol. i, 67.
  20. Tertull., De Præscr. hæres. xxxvi ; Tertullien parle ici du Nouveau Testament en général. Ainsi, nous concéderons facilement aux adversaires de la révélation qu’un simple fidèle, heureux possesseur de la copie d’un Évangile, de celui de S. Marc, par exemple, ait pu essayer de l’enrichir par des additions empruntées à la tradition ou à d’autres Évangiles ; mais que l’Église elle-même, représentée par ses évêques, se soit donné cette licence, c’est une hypothèse aussi gratuite qu’invraisemblable, qui répugne au génie même de cette divine société, tel qu’il nous est manifesté dans toute la suite de son histoire, et qu’il s’exprime avec éclat, dès son origine même, dans l’avertissement par lequel l’apôtre S. Jean termine son Apocalypse (xxii, 18, 19) : « Je l’atteste à quiconque lira les paroles de cette prophétie : Si quelqu’un ajoute à ce livre, Dieu fera tomber sur lui les sept plaies qui y sont écrites ; et si quelqu’un retranche de ce livre, Dieu ôtera sa part du livre de vie. »
  21. Hist. Eccl., vi, 15.
  22. Cette dernière observation ne s’applique pas à S. Jean, qui écrivit le dernier.