Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589/Ceste legere main, qui comme negligente

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XLIII.


Ceste legere main, qui comme negligente
Chet en ne rencontrant, ce soubs-ris r'adouci,
Ce petit œil larron, ce doux parler aussi,
Sont la cause du mal qui heureux me tourmente.

Ceste main prend mon ame, & ce doux ris l'enchante
Cest œil rempli d'attraits, y loge le souci,
Ce parler pousse l'air qui dans mon cœur transi
Esmeut les chauds glaçons de ma froideur ardente.

Je meurs quand ceste main me redonne la vie,
Tué par ce doux ris j'ay de revivre envie,
Et mourant par cest œil, je vy par ce parler.

Ainsi tant doucement ils forcent mon courage,
D'une amere douceur, d'un bien plain de dommage
Qu'il me plaist, pris charmé tout en soucis brusler.