Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589/Tandis que l’amour me presse

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Au premier jour de May.


Tandis que l'amour me presse
Vous dormez chere maistresse,
Durant la douce frescheur,
Et moy durant mon martyre
Parmy ces bois je souspire
Me perdant en mon erreur.
Par ces bois je me promeine,
Cherchant remede à ma peine,
Mais je n'en sçaurois trouver :
Aussi n'y a-il remede
Auquel le mal d'amour cede,
Car icy tout veut aimer.
Donc au mal qui me tourmente
Je ne veux rechercher plante
Ny fleur pour ma guarisson,
Vostre seule bonne grace
Est le bonheur qui efface
Le mal de ma passion.
Mais las ! vous dormez, ma vie,
Tandis qu'une douce envie,
Me pousse à vous faire voir
Durant ma perserverance,
Avec quelle obeissance

Je veux faire mon devoir.
Selon la belle coustume
De ceux que l'amour allume
Se son plus chaste brasier,
Ce beau May je vous presente,
Que devotieux je plante
Pres les fleurs de ce verger.
Croyez que comme se dresse
Sa tige au Ciel ma Deesse
Mon amour est tout divin,
Et comme ceste journee
Elle vous est ordonnee,
Vous conduisez mon destin.