Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/Je meurs, helas ! non fay, je vis en esperance

La bibliothèque libre.

IIII.



Je meurs, helas ! non fay, je vis en esperance,
Helas je ne vis pas, las ! doncques je me meurs,
Je ne meurs pas aussi, mais par mille rigueurs
Madame fait essay de ma perseverance.

Je languis donc helas ! & ma vaine constance
Me cause en bien-aymant tant de tristes douleurs,
Et sous le bel espoir de ses douces faveurs,
Je sens d’un feu cruel l’inhumaine puissance.

Ha ! j’ayme mieux mourir que vivre en tel malheur
Non plus tost je vivray, portant dedans le cœur
L’attente d’une mort, qui termine ma peine.

Non je ne vivray pas, mais passant entre-deux
Tant que le ciel voudra qu’icy-bas je me traine
Je vivray ou mourray comme voudront ses yeux.