Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville 1589/Las je souspire en vain puis que sans esperance
Apparence
XVII.
Las je souspire en vain puis que sans esperance
Je chemine à tastons par le sentier d’amour,
Tout ainsi que celuy qui privé de ce jour
Le desirant tousjours n’en a point la presence.
Sans pois je vay levant de mon sort la balance,
Qui ne s’arreste point, mais en son quart detour
Remue incessamment, & detour & retour
Me montre la fortune, en sa vaine inconstance :
Soit ce qu’il en pourra, j’aymeray la rigueur
Du tourment agreable, où demeure mon cœur,
Qu’ores l’espoir abuse, & ores reconforte.
En l’erreur de mes yeux, je conduiray mes yeux,
En mon sort incertain, je verray si les Cieux
Guariront la fureur du mal qui me transporte.