Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville 1589/Mes feux sont aussi doux que ma maistresse est belle

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XXIX.


Mes feux sont aussi doux que ma maistresse est belle
Mes celestes desirs esgalent ses beaux yeux,
Au pris de sa douceur mon mal m'est gracieux,
Et ma douleur est grande autant qu'elle est cruelle.

Plein de felicité je me brusle pour elle,
Par ses chastes rayons je me transporte aux cieux,
Par sa rigueur j'en tombe & puis tout furieux,
Je consomme mon cœur d'une peine eternelle.

Par sa beauté je suis heureux infiniment,
Par sa fierté je suis blessé cruellement
Du bien heureux malheur, que pour elle je traine,

Ainsi en l'adorant je meurs pour sa beauté,
Mon heur double mon mal dessous sa cruauté,
Et ses yeux doux & fiers sont cause de ma peine.