Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville 1589/Un barbare indomté qui n’auroit dans le cœur

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XIIII.


Un Barbare indonté qui n'auroit dans le cœur
Que le cruel desir qui pousse son courage,
A respandre le sang, appaiseroit sa rage,
S'il voyoit vos beaux yeux au fort de sa fureur.

Un Cyclope noircy de sa bruslante ardeur
Des soufflets eternels qui chauffent son ouvrage,

Voyant de vos beautez la venerable image,
Osteroit de son front l'espouvantable horreur.

Si moy doncques qui n'ay la cruauté en l'ame,
Qui ne porte l'effroy de l'Aethneane flame,
Je meurs vous regardant, ne vous estonnez pas,

Mais par vostre douceur egaler mon martire,
En en prenant pitié de mon cœur qui expire
En languissant pour vous, sauvez moy du trespas.