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Les Stromates/Livre sixième/Chapitre VI

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Texte établi par M. de GenoudeSapia (Tome cinquièmep. 492-500).
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Livre sixième

CHAPITRE VI.
L’Évangile a été annoncé aux Gentils qui se trouvaient dans les enfers, aussi bien qu’aux Juifs et aux Gentils qui vivaient alors.

De même que la prédication de l’Évangile est venue de nos jours en temps opportun, de même la loi et les prophètes furent donnés en temps opportun aux Barbares, comme aux Grecs la philosophie, pour accoutumer leurs oreilles à la sainte parole. « Voici les oracles du Seigneur, le Rédempteur d’Israël : Je t’ai exaucé au temps de grâce, je t’ai secouru au jour de ton salut ; je t’ai établi le médiateur de l’alliance entre moi et les nations. Je t’ai envoyé pour que tu habites la terre et que tu hérites de l’héritage abandonné, et que tu dises aux captifs : Sortez ! et à ceux qui sont dans les ténèbres : Voyez la lumière ! » S’il est vrai que les Juifs soient les captifs auxquels le Seigneur a dit : « Sortez de vos chaînes si vous le voulez, » désignant ainsi les captifs volontaires et ceux qui ont chargé leurs épaules des fardeaux de l’homme ? il n’en faut point douter, ils vivent au milieu des ténèbres, ceux qui ont enfoui dans l’adoration des idoles la noble faculté à laquelle est échu le commandement. En effet, à ceux qui étaient justes selon la loi, la foi manquait. De là vient que le Seigneur leur dit en les guérissant : « Votre foi vous a sauvés. » Quant à ceux qui étaient justes selon la philosophie, non-seulement ils avaient besoin de croire au Seigneur, mais il leur fallait encore répudier l’idolâtrie. Aussi les voyons-nous aujourd’hui marcher à la lumière qui leur a été manifestée, et se repentir de leurs fautes antérieures. Voilà pourquoi le Seigneur a aussi prêché l’Évangile à ceux qui étaient dans les enfers. On lit dans l’Écriture : « L’enfer dit à l’abîme : Nous n’avons point vu sa face ; mais nous avons entendu sa voix. » Assurément ce n’est pas l’enfer qui, prenant tout à coup la voix, prononça les paroles précédentes. Elles ne peuvent s’entendre que de ceux qui étaient placés dans les enfers et qui s’étaient jetés dans l’abîme, à peu près comme ces passagers qui se précipitent volontairement du vaisseau dans la mer. Voilà bien ceux qui entendirent les accents de la puissance divine. À moins d’avoir l’esprit aliéné, qui pensera jamais que les âmes des justes et des pécheurs soient enveloppées dans la même condamnation, outrageant ainsi la justice de Dieu ?

Mais quoi ! les Écritures ne déclarent-elles pas formellement que le Seigneur a prêché l’Évangile, et à ceux qui avaient péri dans le déluge, ou plutôt qui avaient été enchaînés, et à ceux qui étaient détenus dans les liens de la captivité ! Nous avons dit aussi dans notre second livre des Stromates, que les apôtres, à l’exemple du Seigneur[1], avaient prêché l’Évangile dans les enfers. Il fallait, à mon jugement, que les plus vertueux des disciples imitassent le maître, là comme sur la terre, afin que le Verbe convertît les Hébreux qui s’y trouvaient, et les apôtres, les Gentils ; qu’est-ce-à dire ? tous ceux qui avaient vécu dans la justice, mais dans la justice conforme à la loi et à la philosophie, en tombant dans des fautes fréquentes, et bien loin encore de la perfection. Il était digne des conseils de la Providence que ceux qui avaient pratiqué la justice, ou qui, après s’être égarés, s’étaient repentis de leurs fautes, fussent sauvés par la connaissance que chacun d’eux possédait, puisque, malgré le lieu où ils étaient placés, ils étaient incontestablement du nombre de ceux qui appartiennent à Dieu. On ne refusera pas, j’imagine, au Sauveur l’opération qui sauve, puisque sa mission est de sauver. Eh bien ! c’est ce qu’il a fait en attirant au salut, par la prédication de l’Évangile, tous ceux qui voulurent croire en lui, n’importe le lieu où ils étaient. Si donc le Seigneur, en descendant aux enfers, comme il y est certainement descendu, n’a eu d’autre motif que de prêcher l’Évangile, il allait évangéliser ou tous les morts ou les Hébreux seulement. Tous les morts ; il suit de là que tous ceux qui auront cru seront sauvés, quand même ils appartiendraient à la gentilité, puisqu’ils auront confessé dans ce séjour le nom du Seigneur. Ils sont, en effet, pleins de salutaires instructions, les châtiments qui poussent le pécheur à sa conversion, et aiment mieux son repentir que sa mort. Ajoutez à cela que les âmes, quoique encore obscurcies par les ténèbres des passions, peuvent mieux comprendre le but et le sens de la punition, une fois dégagées de l’enveloppe charnelle qui les assujetissait. Soutiendra-t-on que le Christ a évangélisé les Hébreux seulement, auxquels manquaient la connaissance véritable et la foi qui viennent du Sauveur ? Il est évident dès-lors que Dieu, chez lequel il n’y a point acception de personnes, envoya les apôtres dans les enfers pour y évangéliser, comme ici-bas, ceux des Gentils qui pouvaient se convertir. Le Pasteur a donc raison quand il nous dit : « Ils sont descendus avec eux dans l’eau, et en sont sortis de nouveau ; mais ils en sont sortis pleins de vie ; et quant à ceux qui étaient morts auparavant, à la vérité ils y sont entrés morts, mais ils en sont sortis vivants. » L’Évangile aussi rapporte qu’un grand nombre de morts, brisant la tombe sous laquelle ils dormaient, se relevèrent, sans doute pour être transportés dans un lieu meilleur. Que dirai-je ? L’incarnation du Sauveur imprima au monde un mouvement général et fut comme une translation universelle. Le juste, en tant que juste, ne diffère donc point du juste, qu’il soit Grec, ou qu’il ait vécu sous la loi ; car Dieu est le Seigneur non-seulement des Juifs, mais de tous les hommes, quoiqu’il soit de plus près le père de ceux qui l’ont connu davantage. Si c’est vivre selon la loi que de bien vivre, et vivre conformément à la raison que de se conformer à la loi ; si, d’autre part, ceux qui, avant la loi, ont bien vécu, sont réputés enfants de la foi et reconnus pour justes, il est manifeste que ceux qui, nés hors de la loi, ont mené une vie droite sans autre secours que la voix de leur conscience, fussent-ils plongés dans l’enfer et retenus en captivité, lorsque le Christ parut, n’auront point tardé, aussitôt qu’ils auront entendu soit la parole divine elle-même, soit celle des apôtres, à se convertir et à embrasser la foi.

N’oublions pas que le Seigneur est la vertu de Dieu, et qu’il ne peut jamais advenir que la vertu de Dieu s’affaiblisse. Par ce qui précède, il est prouvé d’abord que Dieu est bon ; ensuite que le Seigneur est puissant, et qu’il sauve avec une justice égale, soit ici-bas, soit ailleurs, quiconque se tourne vers lui. Ne nous imaginons pas que la vertu agissante soit uniquement descendue parmi nous ; elle remplit tous les lieux ; elle opère sans interruption. C’est ainsi que dans la prédication de Pierre le Seigneur dit à ses disciples, après qu’il fut ressuscité : « Je vous ai choisis au nombre de douze pour être mes disciples, vous jugeant dignes de moi. Apôtres élus et fidèles, je vous envoie par le monde pour évangéliser les hommes qui l’habitent, et leur apprendre qu’il n’y a qu’un seul Dieu ; leur annonçant l’avenir par la foi en mon nom de Christ, afin que ceux qui entendront et croiront soient sauvés, et que ceux au contraire qui, après avoir entendu, ne croiront pas, portent témoignage contre eux-mêmes et se retirent la possibilité de cette justification : Nous n’avons point entendu. » Quoi donc ! la divine économie de l’incarnation n’a-t-elle pas pénétré jusque dans l’enfer, afin que là aussi toutes les âmes, au bruit de la prédication divine, ou se repentissent du passé, ou qu’en refusant de croire, elles proclamassent solennellement la justice de leur châtiment. Supposez, en effet, que l’Évangile n’a pas été promulgué à ceux qui sont morts avant l’avènement du Seigneur, ils ne peuvent être sauvés ou punis que par la plus flagrante des injustices, puisqu’ils ne peuvent répondre ni de leur foi ni de leur incrédulité. L’équité ne veut pas qu’une moitié du genre humain soit condamnée sans avoir été entendue, ni qu’il n’y ait de participants aux bienfaits de la divine justice que ceux qui sont venus après l’incarnation. Une voix d’en haut a dit à toutes les âmes douées d’intelligence et de raison : Quels que soient les péchés que l’une d’entre vous aura commis, faute de connaître Dieu pleinement, du moment qu’elle les reconnaîtra dans la sincérité du repentir, ils lui seront pardonnés. « Car, voici que j’ai placé devant vous la vie et la mort, s’écrie le Seigneur, afin que vous choisissiez la vie. » Vous l’entendez : Dieu dit non pas qu’il a créé, mais qu’il « a placé la vie et la mort, » devant les hommes afin que chacun d’eux les compare et choisisse. Il s’explique ainsi ailleurs : « Si tu le veux, si tu écoutes ma voix, tu jouiras des fruits de la terre ; mais si tu ne veux pas m’entendre, le glaive te dévorera, car le Seigneur a parlé. » Écoutons aussi David, ou plutôt le Seigneur, sous la dénomination du saint. Or, le saint est un dès le commencement du monde ; c’est tout homme qui a été ou qui sera sauvé par la foi dans la durée des siècles. Le Seigneur dit donc : « Mon cœur s’est réjoui et ma bouche a célébré sa joie. » Et ailleurs : « Ma chair reposera dans l’espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et que vous ne permettrez point que votre saint éprouve la corruption. Vous m’avez fait connaître les voies de la vie, et vous me remplirez de la joie que donne votre face. »

Ainsi donc, à l’exemple du peuple cher au Seigneur, le peuple saint se compose non-seulement des Juifs, mais de tous les Gentils qui se convertissent, et auxquels les prophètes donnent le nom de prosélytes. L’Écriture a donc raison de dire que le bœuf et l’ourse habiteront ensemble. Le Juif est ici désigné allégoriquement par le bœuf, animal qui porte le joug et que la loi a déclaré pur, parce qu’il rumine et que la corne de son pied est fendue. L’ourse, animal immonde et sauvage, est le symbole du Gentil. Or, l’ourse met bas une masse de chair informe à laquelle, par l’unique secours de sa langue, elle imprime le caractère et la ressemblance de son espèce. Ne voyez-vous pas aussi le Verbe façonner le païen qui se convertit, et l’arracher à sa vie sauvage, jusqu’à ce que cette rude nature, enfin apprivoisée, devienne pure comme le bœuf ? Tel est encore le sens de cet oracle prophétique : « Les sirènes me glorifieront, ainsi que les fils des passereaux et tous les animaux du désert. » Les animaux du désert, c’est-à-dire, du monde, sont réputés impurs. Le prophète entend par les habitants de ces solitudes les Gentils que la foi n’a point adoucis, dont la vie est abjecte, et que la justice, fille de la loi, n’a point purifiés. Mais, de sauvages qu’ils étaient, transformés par la foi chrétienne, ils deviennent hommes de Dieu, et montent à cette sublime dignité, parce que leur volonté a dès l’abord incliné à la conversion. Dieu parle aux uns par la voie de l’exhortation ; aux autres qui ont déjà commencé l’œuvre de leur salut, il leur tend la main et les attire à lui. « C’est lui, en effet, qui est le maître de tous, sans acception de personnes, et qui, ne respectant aucune grandeur, parce qu’il a créé les grands et les Gentils, prend un égal soin de tous. » On lit aussi dans David : « Si les nations ont été englouties dans le gouffre qu’elles avaient creusé ; si leur pied a été pris dans les filets qu’elles avaient tendus, le Seigneur est l’asile du malheureux, il lui vient en aide à propos aux jours de l’affliction. » Qu’en conclure, sinon que l’Évangile a été promulgué en temps opportun aux oreilles de ceux qui vivaient dans l’affliction ? Voilà pourquoi le Psalmiste dit encore : « Annoncez ses œuvres parmi les nations, afin qu’elles ne soient pas jugées injustement. » Quand Je vois le Seigneur prêcher l’Évangile aux vivants, afin qu’ils ne soient pas injustement condamnés, comment un motif semblable ne l’aurait-il pas déterminé à évangéliser ceux qui étaient morts avant son avénement ? « Oui, le Seigneur est juste ; il aime la justice ; son visage est tourné vers ceux qui ont le cœur droit ; mais celui qui chérit l’iniquité se hait lui-même. » Si donc toute chair qui avait péché périt sous les eaux du déluge, instruite et châtiée à la fois par cette grande leçon, il faut croire d’abord que la volonté divine, qui a pour attribut d’opérer et d’instruire, sauve les hommes qui se convertissent[2].

De plus, l’âme, substance dite incorporelle, ne pourrait, à cause de la subtilité de son essence et de l’immatérialité de ses principes, se trouver en aucune sorte affectée par l’eau, élément grossier et palpable. Mais, si quelques parties de l’âme ont pu s’épaissir sous l’action du péché, elle se dépouille de cette rouille étrangère, en même temps que de l’esprit charnel dont les désirs combattent les siens.

Le chef de ceux qui professent la communauté en toutes choses[3], Valentin, a dit textuellement, dans son homélie de l’Amitié : « La plupart des maximes renfermées dans les livres publics, se trouvent dans les Écritures de l’Église de Dieu. Car le cri de la conscience est universel[4]. La loi qui est écrite dans le cœur de chaque homme est le Verbe[5] du Bien-Aimé, qui est chéri de ce Bien-Aimé, et qui lui rend sa tendresse. » Soit donc que Valentin appelle livres publics, les textes sacrés des Juifs, ou les traditions des philosophes, toujours est-il qu’il admet le genre humain indistinctement à la participation de la vérité. Isidore, aussi, disciple et fils de Basilide, s’exprime comme il suit dans le premier livre de son Exégèse sur le prophète Parchor : « S’il en faut croire les Athéniens, le génie qui accompagnait constamment Socrate lui révéla plusieurs choses importantes. Aristote veut que chaque homme ait un génie particulier qui ne le quitte jamais pendant toute la durée de son séjour dans le corps mortel. Il a dérobé cette doctrine aux prophètes pour introduire ensuite le larcin dans ses écrits, mais en cachant la source où il avait puisé. » Dans le second livre du même ouvrage, le même Isidore ajoute : « N’allons pas nous imaginer que les doctrines particulières aux élus aient été professées d’avance par quelques philosophes. Ils n’ont pas le mérite de l’invention ; ils n’ont fait que les dérober aux prophètes : puis on les met sur le compte de celui qui leur paraissait le plus sage. » Et plus loin : « Ceux qui aspirent à la philosophie véritable devraient apprendre à mon avis ce que signifient le chêne ailé[6] et le manteau de diverses couleurs qu’il figure, allégories que Phérécyde transporta de la prophétie de Cham[7] dans sa Théologie. »

  1. Saint Justin dit formellement : « Le Fils unique, le premier-né de Dieu, est la souveraine raison dont tout le genre humain participe. Tous ceux qui ont vécu conformément à cette raison sont Chrétiens. Tels étaient, chez les Grecs, Socrate, Héraclite, et ceux qui leur ressemblaient ; tels étaient, parmi les Barbares, Abraham, Ananias, Azarias, Misaël, Élie, et beaucoup d’autres dont il serait trop long de rapporter les noms et les actions. » Sans doute nul homme n’a jamais pu parvenir au salut que par l’application et les mérites du sang de Jésus-Christ. Il n’était pas nécessaire néanmoins que tous les hommes avant l’Incarnation eussent une connaissance explicite et parfaite du divin Médiateur. Écoutons saint Augustin : « Dès le commencement du monde, tous ceux qui ont cru en Dieu, qui l’ont connu autant qu’ils pouvaient, et qui ont vécu, selon ses préceptes, dans la piété et la justice, en quelque temps et en quelque lieu qu’ils aient vécu, ont été sans doute sauvés par lui. Autrefois, par certains noms et par certains signes, maintenant par d’autres signes plus nombreux, d’abord plus obscurément, aujourd’hui avec plus de clarté, une seule et même religion vraie est signifiée et pratiquée. » C’est dans le même sens que l’évêque d’Hippone s’écrie quelque part, en parlant des Tentes que le paganisme avait conservées plus ou moins pures. « Cet or vous appartient, ô mon Dieu, en quelque lieu qu’il se rencontre. « Tuum est, Domine, aurum illud, ubicumque est. » La doctrine de saint Augustin est conforme à celle de saint Thomas. Suivant ce profond théologien, « si quelques hommes ont été sauvés sans avoir connu la révélation du Médiateur, ils n’ont pas été sauvés néanmoins sans la foi du Médiateur, parce que, bien qu’ils n’eussent pas la foi explicite, ils avaient cependant une foi implicite dans la divine Providence, croyant que Dieu était le libérateur des hommes, les sauvant par les moyens qu’il lui avait plu de choisir, et selon que son esprit l’avait révélé à ceux qui connaissaient la vérité. » Saint Jean-Chrysostôme, et avant lui saint Irénée, ne sont pas moins explicites. Telle a toujours été la doctrine de l’Église, et M. d’Hermopolis est venu dernièrement encore rendre hommage à ces principes, dans ses Conférences. Saint Clément d’Alexandrie ne fournit pas un témoignage moins clair et moins évident en faveur de cette thèse.
  2. Vous avez raison, ô Clément, quand vous plaidez si énergiquement la cause de la bonté divine. Le Gentil avait, pour marcher dans la justice et la loi naturelle, la voix de sa conscience, et les révélations successives que le monde païen n’avait pas laissées périr tout entières. Si tout cela n’avait pas suffi, Dieu, et il l’a promis quelque part, aurait fait des miracles plutôt que délaisser périr l’âme du juste.
  3. Suivant le docteur Lowth, l’universalité de la révélation. Nous avons préféré le premier sens, comme plus large et n’excluant pas le second. D’ailleurs, la doctrine que les lumières de la révélation, à des degrés divers, ne manquent à personne, a toujours été celle de l’Église ; comme on l’a vu dans la note précédente. Pourquoi saint Clément l’attribuerait-il à un chef de sectaires ?
  4. Nous ayons lu koina, commune, au lieu de kena, vains, frivoles.
  5. Nous avons lu avec Grabius Logos, au lieu Laos, qui paraît ne donner aucun sens raisonnable.
  6. Qu’est-ce que ce chêne ailé que portent toutes les éditions ? que signifie ce symbole ? Nous avouons que nos conjectures sont ici en défaut. Grabius propose de lire dryops, au lieu de drys, chêne. Le dryops, dit-il, est une sorte d’oiseau bigarré dont parle Aristophane, et qui porte sur ses ailes la forme d’un manteau. Cette correction ne nous semble pas heureuse. Avec elle, l’épithète d’ailé n’est plus qu’une niaiserie : peut-être faudrait-il lire botrys, vigne, qui, avec le manteau figure dans l’histoire de Cham et de Noé. Dans ce dernier cas, hypopteros, ailé, demeurerait toujours inexplicable.
  7. On croit que cette prophétie apocryphe a été supposée par Basilide ou par quelque autre hérétique.