Les Vivants et les Morts/Je ne me réjouis de rien

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JE NE ME RÉJOUIS DE RIEN…


Je ne me réjouis de rien, j’ai trop longtemps
Attendu le bonheur qu’enfin ton cœur me donne ;
Je ne sais, quand la joie enfin sur moi s’étend,
Si je te remercie ou si je te pardonne…

J’ai gardé la fatigue et la stoïque peur
Du messager antique, entreprenant sa course
Sans savoir s’il mourra de soif ou de chaleur
Avant de rencontrer le platane ou la source.

— Et maintenant ton cœur s’est entr’ouvert au mien,
Tu m’aimes ! Mais il n’est plus temps qu’on me délivre.
Je porte un vague amour, plus grave et plus ancien,
Qui t’avait précédé, et ne peut pas te suivre…