Les anciens couvents de Lyon/38.2. Aumône générale

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Emmanuel Vitte (p. 632-635).

L’AUMÔNE GÉNÉRALE OU LA CHARITÉ


J’AI dit, dans la notice sur les Grands-Cordeliers, comment l’œuvre de l’Aumône Générale a été fondée. Il ne me reste plus qu’à exposer son but et son organisation.

L’Aumône Générale méritait vraiment son nom, car elle embrassait presque toutes les formes de la bienfaisance publique. Elle comprenait en effet :

i° La distribution du pain aux familles vraiment pauvres des différents quartiers de la ville.

2° L’aumône secrète à d’honnêtes familles dans l’indigence.

3° La distribution de la soupe et du linge aux prisonniers.

4° La dotation annuelle de trente-trois filles de pauvres citoyens, de la fondation Mazard, et aussi la dotation de toutes les filles adoptives de la maison qui étaient demandées en mariage avant leur majorité.

5° L’entretien, le logement et la nourriture de vieillards des deux sexes, pauvres et honnêtes, ayant eu dix ans de domicile actuel dans la ville, et qui, parvenus à l’âge de soixante-dix ans, n’avaient plus de ressources.

6° Les enfants trouvés des deux sexes.

7° L’hospice des filles-mères.

8° Les enfants délaissés par leurs parents avant l’âge de douze ans accomplis.

9° Les enfants orphelins adoptés par le bureau qui conserve sur eux jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans tous les droits de la puissance paternelle.

10° Les infirmes des deux sexes de tout âge, provenant des Enfants trouvés, délaissés et orphelins.

11° L’entretien, la nourriture et le logement des mendiants de profession qui sont arrêtés dans la ville et qui sont enfermés.

12° Les secours aux soldats et aux pauvres passagers.

Remarquons cependant que l’œuvre des Enfants trouvés ne date que de 1783 ; avant cette date, c’était le Grand Hôtel-Dieu qui les recevait.

L’Aumône générale était gouvernée par un bureau qui eut d’abord seize, puis dix-huit recteurs, dont le service était au moins de deux années, et qui se choisissaient eux-mêmes leurs successeurs. Il était composé d’un président qui était toujours un chanoine-comte de Lyon, revêtu de l’une des huit dignités du chapitre ; d’un officier du bureau des finances, comme officier du roi ; d’un avocat en parlement et es cours de Lyon. Ces trois recteurs étaient à la tête du bureau, et M. l’avocat présidait en l’absence des deux premiers. Les autres étaient un ancien échevin, un trésorier des deniers et onze ou treize notables bourgeois de la ville, choisis dans tous les états. Chaque année, huit ou neuf recteurs sortaient de charge et étaient remplacés. Là, comme à l’Hôtel-Dieu, le travail était réparti entre tous :

1° Le chanoine-comte avait, outre la présidence du bureau, la direction des ecclésiastiques et du spirituel de la maison, et aussi l’inspection sur les fondations.

2° L’officier du bureau des finances : conservation des droits ; affaires contentieuses ; exécution des jugements ; direction intérieure de l’hôpital.

3° L’avocat en parlement : direction des affaires contentieuses ; adoptions ; relations avec l’imprimeur ; direction de la rente noble dépendante de la seigneurie du Perron.

4° L’ancien échevin : intendance générale et soin des bâtiments et des maisons en ville ; distribution des aumônes secrètes.

5° Le trésorier des deniers : perception des sommes dues à l’hôpital ; caisse ; remboursement des sommes déposées à l’hôpital pour des mineurs.

Les autres recteurs avaient les fonctions suivantes :

1° Inspection sur les suisses et les portiers ; les adoptions du côté de Saint-Nizier.

7° Inspection des écritures ; achat des charbons et bois à brûler ; achat des denrées ; inspection de la viande et de la cuisine.

8° Direction des Enfants trouvés ; placement des enfants à la campagne ; gages des nourrices et paysans ; inspection des hardes pour les enfants à la campagne ; dénombrement de tous les individus à la charge de la Charité.

9° Inspection de la fourniture du linge, de l’achat des toiles, savons, amidons, cendres, des greniers à linge, de la buanderie et du bateau-lavoir ; adoptions du côté de Fourvière.

10° Fourniture des vins, inspection des caves ; droits d’entrée ou en passe-debout des vins dus à la Charité ; direction de l’intérieur de l’hôpital.

11° Inspection de la boulangerie.

12° Direction des vieux et des vieilles.

13° Inspection de l’hôpital des filles enceintes et de la salle d’accouchements ; inspection des draperies, bas, bonnets, habillements des pauvres et des enfants.

14° Direction de la crèche des enfants trouvés ; inspection sur la fourniture des souliers ; distribution du pain à Saint-Bonaventure.

15° Régie des moulins à soie et à fleuret ; dévidages ; adoptions du côté de Saint-Nizier ; distribution du pain à Sainte-Catherine.

16° Pharmacie et chirurgie ; infirmeries ; fourniture et entretien des médicaments, des meubles et ustensiles de la maison ; direction de la terre du Perron, du domaine de Sellette, de l’hoirie de Bouillon, au faubourg de la Croix-Rousse, et des propriétés de la Guillotière ; distribution du pain à la Chana.

17° Direction des enfants adoptifs, appelés enfants de la Chana ; direction des enfants exposés et délaissés ; direction de la sacristie ; adoptions du côté de Fourvière ; distribution du pain à la Charité.

18° Direction des filles adoptives, appelées Filles de sainte Catherine, et de la communauté des filles délaissées ou exposées, appelées Filles de sainte Térèse ; distribution du pain à Saint-Georges.

Le personnel religieux comprend des aumôniers, des frères et des sœurs, dans les mêmes conditions qu’au Grand Hôtel-Dieu. C’est en 1699 que trois sœurs croisées, détachées de l’Hôtel-Dieu, vinrent à la Charité et formèrent les infirmières qui s’y trouvaient déjà.

Si nous faisions l’historique plus détaillé de l’Aumône générale, nous serions forcés de constater que la meilleure harmonie ne régna pas toujours entre elle et l’Hôtel-Dieu. Mais la loi de 1802 unifia toutes les œuvres hospitalières de Lyon.