Les aventures extraordinaires de deux canayens/03/Épilogue

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Imprimerie A.-P. Pigeon (p. 113-114).


ÉPILOGUE.

C’est plutôt conclusion que nous devrions nous dire quoique cependant les aventures de Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier ne semblent pas avoir de limite.

Qu’advint-il de nos héros ? C’est ce qui intéressera sans doute nos lecteurs.

M. le Dr Sir Antoine et Lady Pelquier (conservons-lui ce nom) se rendirent à St-Timothée où ils prirent possession de la superbe terre laissée par Télesphore Dumouchel. Titoine chargea Philias Duval de lui transformer la modeste habitation qui y était érigée en un château aux allures grandioses. L’entrepreneur chargea un architecte canadien, ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Paris, qui fit un plan qui restera comme modèle du genre dans l’architecture canadienne.

Philias Duval devenu un homme célèbre, se vit nommer président de plusieurs compagnies financières qui certes n’y perdirent pas. La ville de Montréal le comptera avant longtemps au nombre de ses échevins et… mais, amis lecteurs, que cela reste entre nous, il est fortement question de l’élever à la dignité de Conseiller Législatif de la Province de Québec. Mais chut… n’en parlez pas, c’est un secret d’État.

Quant à Baptiste Courtemanche, pardon, Sir Baptiste, il travailla, d’abord à préparer ses conférences, ses mémoires et le scénario pour le cinéma. Un jour que Titoine Pelquier causait avec lui, l’ex-duc de Ste-Cunégonde lui demanda :

« Dis donc, Baptiste, et l’Wawaron, n’y penses-tu plus, ne le regrettes-tu pas ?

« Si, duc ami, j’y pense souvent, je le regrette et je ne l’oublierai jamais. Lorsque nous aurons terminé nos conférences et mes travaux littéraires, je verrai à la possibilité de lui trouver un successeur.

« Mais je croyais qu’il n’y avait plus de Légium ni de Populéum, que tu ne pouvais plus trouver trace de ces minerais ? lui demanda Pelquier intrigué.

« Bah ! répondit en riant l’ingénieur, ces minerais si non au Yukon doivent exister autre part, mais tu dois te souvenir que j’avais dans la chambre des machines du Wawaron une caisse volumineuse dont je ne voulus jamais te laisser connaître le secret, caisse contenant non pas seulement les minerais dont tu me parles, mais une invention ou plutôt une découverte qui était tout le secret du Wawaron, secret que je conserve et qu’avant longtemps révolutionnera le monde entier.

« Et ce secret ? demanda Titoine Pelquier.

« Que cela reste entre nous, mais je possède la clef d’une chose recherchée depuis bien des années, mais qui avant moi n’avait jamais pu être résolue.

« Voyons, parle, dit Pelquier impatienté.

« Le mouvement perpétuel ! répondit Courtemanche avec orgueil.

« Le mouvement perpétuel ! s’écria Titoine Pelquier stupéfait.

« Oui, cher ami, qui remplace la vapeur, produit l’électricité, la chaleur, enfin tout ce qui peut rendre l’homme maître de la nature et réalise ce que je te disais autrefois : « Qu’avec l’aide de Dieu rien n’est impossible au génie de l’homme ».

(Fin des Aventures de Deux Canayens.)
JULES JEHIN.

New-York, 12 juillet 1918.