Les carrosses à cinq sols/07

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Imprimerie de Firmin Didot (p. 40-45).


V.
COPIE
D’UN PLACART IMPRIMÉ,
Étant dans un recueil d’édits et autres pièces, Biblioth. royale de l’Arsenal, in-4o, Jurisprudence, no 2830.
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DE PAR LE ROY,


SECONDE ROUTE DES CARROSSES PUBLIOCS ESTABLIS POUR LA COMMODITÉ DES BOURGEOIS DE PARIS.


On fait à sçavoir, que l’on commencera Mardy prochain, onzième jour du mois d’Avril, la seconde route des carrosses publics qui iront de la rue Saint-Antoine, vis-à-vis la Place-Royale, jusques à la rue Saint-Honoré près l’église Saint-Roch, lesquels carrosses partiront pleins ou vuides, et commenceront leur route à six heures et demie du matin, et continueront de demy quart d’heure, en

demy quart d’heure ; (ce qui sera toujours de mieux en mieux exécuté, et dans les heures mesmes où la disnée a causé jusques à present quelque retardement, qui n’arrivera plus, par le moyen d’une auction de l’établissement :) Et passeront par la rue et Place Royale, rue Neuve-Sainte-Catherine[1], rue des trois Pavillons, rue Barbette, vieille rue du Temple, rue des Quatre fils, eschelle du Temple, Michel le Comte, rue Grenier Saint-Lazare, rue aux Ours, rue Saint-Denis, r…[2]
Il partira aussi aux mesmes heures d’autres carrosses[3]
route, et iront jusques au mesme endroit de la rue Saint-Antoine, sans se détourner, et ne s’arresteront que pour laisser monter et descendre en tel lieu de ladite route que l’on voudra, et où chacun ne payera pour sa place que le prix ordinaire, « 

Et ainsi tous ceux qui se trouveront dans les rues cy dessus marquées, où aux environs, pourront prendre lesdits carrossés en tel lieu de ladite route qui leur sera le plus commode, et les faire arrester pour y monter, ou se faire descendre, en tel lien aussi de ladite route qui leur plaira.

Et pour la plus grande commodité du public, en attendant qu’on establisse toutes les routes droites, par le moyen desquelles on ira dans un mesme carrosse de tous les quartiers de Paris aux autres, l’on a pratiqué que la seconde route se vint rejoindre à la première dans la rue Saint-Denys, près Saint-Innocent, afin que l’on puisse se servir de l’advantage des deux routes ; car, par ce moyen, ceux qui voudront, par exemple, aller du quartier de Luxembourg, vers celui des Petits-Capucins du Marais, se mettront dans un des carrosses de la rue de Tournon, qui les menera jusques dans la rue Saint-Denys, au bout de la rue des Lombards, où ils se feront descendre, pour monter dans le premier carrosse qui passera par le coin de Saint-Innocent, qui les menera au Marais. De mesme ceux du quartier Saint-Gervais, qui auront affaire au Louvre, s’y feront mener par la mesme manière : Et enfin on pourra aller de cette sorte de tous les quartiers d’une route, à tous ceux de l’autre : et encore qu’en changeant de carrosse, on soit obligé de payer de nouveau, néantmoins le prix est si modique, et la commodité si grande, qu’il n’y a personne qui ne soit bien aise de se servir de cet advantage, en attendant l’establissement des autres (comme il est dit cy dessus) où l’on ne payera qu’une fois, parce-qu’on ne changera plus de carrosse.

Et attendu que par expérience on a trouvé qu’il arrivoit divers inconvénients lorsque l’on retenoit les carosses entiers, pour six places seulement, et entr’autres, que dès qu’il y avoit six personnes dans lesdits carrosses, ils refusoient de recevoir les survenants, disant qu’ils estoient tous d’une mesme compagnie, et avoient arresté le carrosse tout entier, ce qui apportoit une incommodité fort notable à ceux qui attendoient sur la route ; on fait à scavoir que personne ne pourra retenir lesdits carrosses entiers, qu’en payant les huit places. Et comme on a encore eu advis qu’il estoit arrivé quelques inconvéniens qui pouvoient donner de l’incommodité aux bourgeois qui desirent se servir desdits carrasses : comme par exemple, lorsque les cochers refusent de s’arrester pour les prendre sur la route, quoyqu’il y ait encore des places vuides, ou autres choses semblables ; on fait aussi à scavoir que l’on a marqué tous les carrosses, et que la marque est posée au haut des moutons[4] aux deux costez du siège du cocher, avec des fleurs de lys, par un, deux, trois, quatre, etc., selon le nombre des carrosses de chaque route. Et ainsi on prie ceux qui pourroient avoir quelque sujet de se plaindre des cochers, de vouloir se souvenir de la marque du carrosse, et d’en donner advis au commis d’un des bureaux, afin qu’on y donne l’ordre nécessaire.

Les carrosses seront toujours armoriez des armes et blazons de la Ville de Paris, et les cochers vestus d’une casaque bleue.

On fait aussi à sçavoir que par l’arrest de vérification du Parlement, défenses sont faites à tous soldats, pages, laquais, et autres gens de bras, d’y entrer, pour la plus grande commodité et liberté des bourgeois.

  1. On omet ici de nommer la rue des Francs-Bourgeois, qui commence à la rue Culture-Sainte-Catherine.
  2. Il y a ici une ligne et demie, environ, qui a été coupée par le relieur.
  3. Il y a encore ici quelques mots coupés.
  4. On appeloit ainsi les pièces de bois, posées à plomb sur l’essieu des carrosses, auxquelles on attachoit les soupentes. (Dictionnaire de Trévoux.) Le même ouvrage définit le carrosse : « Un vaisseau propre à tenir plusieurs personnes, suspendu avec de grosses courroies sur quatre moutons, posé sur un train à quatre roues. »